Emplois francs – Testés jusqu’en 2020

Emplois francs : Testés jusqu’en 2020. Une brève à lire sur Etoile Mag Actualités. Aux Zones Franches Urbaines (ZFU), le gouvernement préfère les emplois francs. Après une période de test, il entend les généraliser en 2020. A lire sur Etoile Mag.

Dès avril 2018, les premiers « emplois francs » seront testés sur « quatre à cinq régions, dans quatre ou cinq groupes de quartier », dixit Muriel Pénicaud, ministre du Travail. Pour la ministre, le dispositif « permettra de lutter efficacement contre les discriminations à l’embauche et l’assignation à résidence ». Sa généralisation sur l’ensemble du territoire est prévue « à compter de 2020 dans le budget de l’emploi », a-t-elle expliqué.

L’expérimentation se déroulera du 1er avril 2018 et au 31 décembre 2019 dans des quartiers prioritaires dont la liste sera fixée par arrêté. Concrètement, une entreprise ou une association pourra « bénéficier d’une prime pour l’embauche en contrat à durée indéterminée (à hauteur de 5 000 euros par an sur 3 ans maximum) ou en contrat à durée déterminée de plus de six mois (à hauteur de 2 500 euros par an sur 2 ans maximum) d’un demandeur d’emploi résidant dans un quartier prioritaire », selon le gouvernement.

Stéphane Menu

Vie privée / Vie professionnelle, ne pas se fier aux pis-aller

Billet : Vie privée / Vie professionnelle, ne pas se fier aux pis-aller. Un billet à lire sur Etoile Mag Actualités - Alors que les intégristes de la séparation ne jurent que par un mur porteur édifié entre bureau et maison, Laura Venderkam défendait, en 2016, une certaine perméabilité entre les deux univers. Pourquoi pas, en effet, avoir envie d’avoir le choix… Mais à condition d’avoir le choix d’avoir envie.

« Travailler un peu le week-end peut vous procurer une vie plus équilibrée en semaine. » Dans un article de novembre 2016 qui vient de resurgir grâce aux sacs et ressacs de LindekIn, Laura Venderkam, experte de la gestion du temps, défend une certaine porosité entre boulot et dodo. À l’éternelle poursuite d’une deadline que je ne rattrape jamais, la journaliste que je suis pourrait aisément souscrire à cette vision déculpabilisante d’une semaine s’étirant ainsi avec la souplesse du chat devant la cheminée.

Et tant pis si l’aptitude à concilier vie professionnelle et vie personnelle arrive régulièrement en tête des aspirations des salariés. Tant pis si, entre horaires atypiques et mails intempestifs, plus d’un tiers des agents territoriaux ont justement de plus en plus de mal à jongler entre leurs diverses responsabilités. Tant pis si, sous la pression, la plupart des organisations privées et publiques se mettent enfin à travailler ce point majeur de la qualité de vie au travail qui est justement de laisser le travail au travail.

Déculpabiliser les unes ne rend pas les autres moins coupables

Oublions tout cela et laissons donc les entreprises poursuivre leur rythme puisque, « travailler le week-end peut parfois être moins stressant que de ne pas travailler du tout le week-end », comme l’indique Laura Vanderkam, sans sembler s’en étonner. Et, à la limite, oublions même que l’experte se base sur l’expérience de personnes qui gagnent bien leur vie (sic !) pour rédiger ces conseils. Mais, avec la meilleure volonté du monde, peut-on oublier aussi que lesdites personnes sont toutes des femmes qui sacrifient ainsi quelques heures de leurs samedis et/ou dimanches « pour pouvoir partir plus tôt la semaine » et aller, qui « chercher son enfant à la crèche », qui « préparer un dîner »… » Ohé… Cela ne choque personne ??! Déculpabiliser les unes ne rendra jamais les autres moins coupables de leur insolente indifférence.

À quand donc, en effet, une prise en compte réelle des temps des femmes dans les temps de travail, voire – miracle ! – un partage effectif des tâches ?… Pour qu’enfin, Madame Vanderkam, le choix de vos répondantes en soit véritablement un.

Laurence Denès

« Les réseaux sociaux sont des lieux d’authenticité »

Franck Confino : « Les réseaux sociaux sont des lieux d’authenticité » Une interview à lire sur Etoile Mag Actualités - Consultant en numérique pour le secteur public, Franck Confino considère que les collectivités territoriales ont toute leur place sur les réseaux sociaux. Mais elles doivent se fixer des objectifs à atteindre… A lire sur Etoile Mag

Comment les collectivités territoriales doivent-elles appréhender les réseaux sociaux aujourd’hui ? Doivent-elles le faire sur le modèle de ce que font les entreprises privées ?

Nous sommes tous aujourd’hui confrontés à une grande bataille de l’attention. Entreprises, collectivités, médias, individus : nous sommes tous dans le même bateau ; pour être vus, nous devons passer par les réseaux sociaux. Toute la difficulté consiste à trouver la bonne ligne éditoriale et le bon ton. Chaque jour, en moyenne, on déroule environ 90 mètres d’informations sur son téléphone portable ; dans une journée, une personne va consulter son portable toutes les dix minutes et n’y consacrer pas plus de 30 secondes. Le défi est là : capter l’attention immédiatement… ou ne pas exister.

C’est effrayant vu de l’extérieur. Cette crise de l’attention n’entraîne-t-elle pas une forme d’abêtissement général ?

On peut faire le choix de ne pas communiquer. Mais il faut être plus intelligent que cela. Pour une collectivité, accepter cette règle du jeu, c’est exister là où se trouvent des millions de Français et donc des millions d’administrés. C’est l’assurance de saisir le pouls en permanence de la population. La possibilité d’anticiper les attentes de la population. Si tel post Facebook sur un projet est plus lu qu’un autre, c’est une indication en temps réel d’un intérêt de la population qu’un magazine municipal n’apporte plus. Les réseaux sociaux constituent une vitrine. On n’y perd pas son âme. On peut continuer à faire sérieusement son travail à côté mais on place en évidence ces projets territoriaux là où les gens se trouvent.

Dans votre quotidien, vous conseillez les collectivités territoriales sur tout ce qui gravite autour des réseaux sociaux. Quels sont les prérequis avant de se lancer ?

Il faut insister sur la notion de projet éditorial. Faire du réseau social pour du réseau social ne sert à rien. Cette artificialité se sent vite, use les suiveurs. En revanche, si un maire décide de recourir aux réseaux sociaux pour remplir une salle municipale offrant une programmation culturelle, qui marche moins bien par défaut de communication publique, il va vite se rendre compte des raisons pour lesquelles ça marche ou pas : les réactions de la population sur la qualité du programme, par exemple, ce sont des choses concrètes qui vont lui revenir très vite sur son bureau.

En revanche, si la salle se remplit mieux via les réseaux sociaux, le mal est identifié : la communication. Grâce aux réseaux sociaux, la population s’exprime en permanence. Il faut donc savoir analyser ce qui se dit, faire un travail de veille et être présent avec un objectif clair : améliorer la qualité du service public et remettre en cause ses propres pratiques si les critiques se justifient.

Avec tous leurs défauts, les réseaux sociaux restent, malgré tout, des lieux d’authenticité, de mise à nu d’un ressenti global de la population. J’ai accompagné un jour un élu à qui on avait fait un reproche sur les réseaux sociaux. Il y avait répondu. Quelques jours plus tard, la même remarque lui avait été faite en pleine réunion publique et il avait pu y répondre du tac au tac. Sur cette expérience, il m’avait confié : « Facebook, c’est du média training pour un élu ». C’est une bonne définition, je trouve.

http://www.franckconfino.net/

Stéphane Menu

Médiation, une piste trop peu exploitée

Management : Médiation, une piste trop peu exploitée. Un article à lire sur Etoile Mag Actualités - Les managers auraient tout à gagner à utiliser davantage cette voie pour désamorcer les tensions, prévenir les risques psychosociaux, gagner en bien-être au travail et en efficacité…

Alors que la loi de novembre 2016 sur la modernisation de la justice du XXIe siècle va permettre l’expérimentation de la « médiation préalable obligatoire » pour un certain nombre de litiges, notamment dans la fonction publique, la voie de la médiation pourrait être davantage exploitée au sein des collectivités. Ne serait-ce que pour mieux répondre à la prévention des risques psychosociaux, qui ont crû ces dernières années favoriser un traitement plus rapide et moins onéreux des litiges, et désencombrer les tribunaux.

« Manager médiateur »

« Dans les collectivités, la médiation en est à l’âge de pierre, déplore Hervé Chavas, consultant en management, formateur et médiateur d’entreprise. Il est vrai qu’en France comme dans d’autres pays latins, elle est d’une manière générale moins pratiquée que dans les pays anglo-saxons, la justice s’étant longtemps montrée réticente craignant d’être dessaisie d’une partie de ses attributions. Dans ce contexte, les administrations sont très à la peine. Mais là où la médiation est pratiquée, même à doses homéopathiques, cela fonctionne. »

Ayant lui-même débuté sa carrière comme fonctionnaire territorial, Hervé Chavas, qui est aussi professeur associé au Ciffop (Paris 2 Panthéon-Assas), intervient auprès de collectivités en tant que médiateur. « Une médiation réussie ne débouche pas forcément sur des résultats tangibles, explique-t-il. Elle consiste parfois à rétablir le dialogue entre les différentes parties prenantes. Dans certains cas, les tensions sont telles qu’elles sont impossibles à dénouer. Dans d’autres, la médiation a entraîné le départ du chef de service, qui a assumé les griefs de ses collègues et en a tiré les conséquences. »

En outre, selon Hervé Chavas, « tout manager est appelé dans sa carrière à devoir affronter des tensions au sein de ses équipes, s’il ne les a pas lui-même suscitées ou provoquées ». Ce spécialiste de la médiation estime que la « figure du manager médiateur s’impose progressivement dans les entreprises et les administrations ». « Avec la médiation, c’est toute la symbolique du manager qui est appelée à se recomposer, affirme-t-il, sa légitimité se construisant sur de nouvelles pratiques ». Comme la responsabilité, l’empathie, la verbalisation, la bienveillance, le silence ou encore l’imagination créatrice.

« Marché juteux » en perspective

Le recours à « un tiers indépendant, impartial et neutre » étant le propre de la médiation, la question de la formation et des compétences du médiateur se pose automatiquement. « C’est là que le bât blesse, confie Hervé Chavas, car jusqu’à très récemment, il n’y avait pas d’obligation d’être formé pour être médiateur. Au niveau européen toutefois, des engagements forts sont pris pour que les médiateurs soient formés, diplômés ou au niveau exigé. La profession est en train de se constituer. » Le marché, qui  pourrait s’avérer « juteux », risque, en effet, d’aiguiser l’appétit d’avocats déjà présents sur le créneau mais aussi d’autres acteurs…

Emmanuelle Quémard

Albi aux petits soins avec ses commerces

Retours d'expériences : A Garges-lès-Gonesse, les directeurs de service changent de poste ! A lire sur Etoile Mag Actualités - Patrimoine mondial de l’Unesco, Albi veut garder son centre-ville attractif. Une volonté qui se traduit par un soutien actif aux commerces de proximité.

Patrimoine mondial de l’Unesco, Albi veut garder son centre-ville attractif. Une volonté qui se traduit par un soutien actif aux commerces de proximité.

« C’est un projet global dont la réussite implique l’engagement de tous ». C’est ainsi que Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d’Albi, définit le projet de revitalisation commerciale de sa commune, primé par un Territoria d’or 2017. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2010, dotée d’un musée Toulouse-Lautrec et d’un grand théâtre réalisé par l’architecte Dominique Perrault, Albi, dans le Tarn (51 567 habitants) attire chaque année plus d’1,2 million de touristes.

Pour dynamiser le commerce de proximité, la commune a programmé près de 50 actions sur la période 2014-2020, comme la diminution de la vacance commerciale, l’intégration du commerce dans la stratégie d’aménagement urbain et de mobilité ou encore l’offre de nouveaux services aux commerçants et aux consommateurs. La commune a même décidé de recruter une coordinatrice du commerce au sein du service Tourisme, commerce et marchés, pour veiller à la bonne marche du dispositif. Un programme dense et complet qui porte des fruits.

Stéphane Menu

Droit à la déconnexion : les managers « accros » l’espèrent pour 2018 !

Management : Droit à la déconnexion : les managers "accros" l'espèrent pour 2018 ! Un article à lire sur Etoile Mag Actualités - Alors qu'il s'applique dans le secteur privé, le droit à la déconnexion des outils numériques, en dehors du temps de travail légal, ne s'exerce pas dans le secteur public, où les enjeux de bien-être et de santé au travail sont pourtant les mêmes.

Au rang des bonnes résolutions pour 2018, pourquoi ne pas appliquer davantage le droit à la déconnexion des outils numériques en dehors du temps de travail légal… Entré en vigueur dans le secteur privé voilà un an, grâce à la loi Travail du 8 août 2016, ce droit, qui entend établir une barrière étanche entre vie privée et vie professionnelle afin de préserver l’équilibre et la santé des salariés, ne s’applique pas encore dans la fonction publique. Si ce n’est de manière aléatoire, au gré des initiatives prises par telle ou telle collectivité.

Si nul ne peut contester l’intérêt des technologies de l’information et de la communication, les fameuses TIC, beaucoup de salariés, au premier rang desquels les cadres, se plaignent du stress et de la fatigue engendrés par leur utilisation non stop, soirs, week-ends et vacances compris. Certains reconnaissent aussi leur addiction via leur tablette, ordinateur ou smartphone, addiction largement entretenue par une hiérarchie intraitable, elle-même prise au piège de ce cercle vicieux.

Charte de bonne conduite

« Je regardais mes mails tous les jours durant mes vacances pour ne pas être débordée à mon retour, confie Anne Vandaele, ex directrice de la communication chez EDF commerce Méditerranée. Dans le cadre du bien-être au travail, nous avions institué une charte de bonne conduite, mais elle n’était pas vraiment respectée. Le pire étant les mails avec de multiples pièces jointes impossibles à synthétiser en peu de temps. »

Outre la charge de travail indéniable entraînée par le flux incessant de mails à lire et à traiter,- sans toujours pouvoir en hiérarchiser l’importance et l’urgence-, les managers, se plaignent de ne pouvoir se concentrer sur leur cœur de métier. D’où dans les cas les plus extrêmes, une perte de sens et de motivation. Les relations au sein même des équipes peuvent également pâtir de ce nivellement des responsabilités par mails interposés.

Traçabilité

« Il vaudrait parfois mieux se lever et aller dans le bureau d’à côté pour régler un problème, remarque Anne Vandaele. Mais, c’est plus facile d’écrire et d’envoyer un mail que d’affronter un  regard, une posture ».  Un des autres travers attribué au mail professionnel est son usage excessif à des fins de traçabilité.

« Certaines personnes font des mails pour se protéger et mettent la terre entière en copie! », remarque l’ex-directrice de la communication.

L’univers de la fonction publique n’est pas exempt de ces dérapages. Les syndicats, qui se  sont déjà emparés de cette question en interne, sont désarmés, en l’absence de levier législatif, pour dénoncer les excès de la connexion permanente. « Nous incitons à l’ouverture d’un débat, affirme Bruno Collignon, président de la FA-FPT (Fédération autonome). Mais, pourquoi ce besoin de régulation aujourd’hui ? Quelle est la part de responsabilité de la hiérarchie ? des agents eux-mêmes ? ».

La sensibilisation et la formation des cadres eux-mêmes serait un premier pas vers une meilleure utilisation des outils numériques. L’enjeu est de taille : utiliser le courriel pour ce qu’il est, à savoir un formidable vecteur de performance, sans en faire une nouvelle forme d’aliénation.

Emmanuelle Quémard

Administration municipale : Un DGS sinon rien ?

Administration municipale : Un DGS sinon rien ? Un billet à lire sur Etoile Mag Actualités. La commune d’Auvers-sur-Oise devrait finalement retrouver un DGS à la tête de son administration. Tant mieux, même si la maire a ses raisons que la raison préfère ignorer…

Isabelle Mézières a finalement renoncé à renoncer ! Après avoir fait couler beaucoup d’encre et battu froid les décideurs territoriaux avec tant de détermination qu’ils en ont éprouvé un vrai coup de chaud, la maire d’Auvers-sur-Oise (DVD) est revenue sur sa décision de se passer d’un directeur général des services. Le poste devrait finalement se voir à nouveau pourvu le 23 janvier. Après l’avoir initialement sacrifié sur l’autel des économies budgétaires au prétexte que « de plus en plus de villes travaillent par pôles », l’édile en a en effet convenu auprès de nos confrères du Parisien : « un DGS protège le maire. Je me suis rendu compte qu’il était important que j’aie un bouclier. » Ouf, elle n’a pas dit fusible ! « La victoire, la victoire à n’importe quel prix » disait Churchill à Chamberlain en des temps autrement agités. La satisfaction de voir l’élue rendre ainsi les armes pourrait donc suffire. Mais voilà néanmoins, dressé par la ville de l’impressionnisme, un tableau du décideur local qui ne manquera pas de retenir l’attention des amateurs pour son style d’inspiration naïve… Passons en effet sur l’égotique réduction du DGS à un attribut de la panoplie élective.

Mais ce collaborateur privilégié auquel revient la conduite cadencée des troupes de l’organisation n’aurait-il pu, dans ce cas, être au moins érigé en blanc destrier ? Et celui-là même qui défend les orientations de la collectivité de tout son « savoir-fer » ne pouvait-il prétendre au digne titre d’estoc ? Hélas, rien de cela : il devra, à Auvers-sur-Oise, se contenter d’être le rempart, administratif et juridique, d’une élue qui, vraisemblablement, n’a toujours pas compris qu’être maire n’est pas un métier même si cela relève de la profession… de foi.

Laurence Denès

Changement : « L’ordre social a peur des tourbillons de l’existence » Thierry Paquot, philosophe

Interview : Thierry Paquot - Changement : « L’ordre social a peur des tourbillons de l’existence » A lire sur Etoile Mag - Sans se jeter à corps perdu dans un aventurisme naïf et irréfléchi, le philosophe Thierry Paquot invite l’honnête homme à se laisser réorienter par le croisement entre les hasards de la vie et nos prédispositions à les rendre féconds. Prendre un peu de risque rendra notre retraite moins amère !

Pourquoi est-il si difficile de changer ? Les fétichistes des acquis redoutent l’instabilité et se focalisent sur la stabilité, quitte à passer pour des conservateurs, que faut-il en penser ?

À lire les parcours de vie de bon nombre de nos contemporains, je constate d’incroyables réorientations eu égard à leur formation de départ. Des rencontres, des voyages, des expériences heureuses ou malheureuses, des convictions, interviennent sans prévenir et contribuent à vous faire changer de cap. Bien sûr, le système éducatif rêve de filières qui forment à un métier, métier qu’on occupera toute sa vie « active ». C’est une illusion, car les emplois à venir ne sont pas encore connus et répertoriés, songeons aux activités liées à l’environnement ou au numérique… Enfant, je trouvais stupide la sempiternelle question à la fin des repas de famille : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » Ce « plus tard » m’effrayait. D’autant que je n’avais de réponse ! Étais-je un déviant ? L’ordre social a peur des tourbillons de l’existence, il récompense l’obstination au détriment de l’audace.

Être conforme au moule correspond à une vie sans turbulences, monotone, garantie, jusqu’à la retraite, qui sonne comme une défaite ! Avec les modifications profondes qui métamorphosent le travail (précariat, stagériat, intérim, télétravail, robotisation…), la société acquiert de la souplesse et l’on parle de formation tout au long de la vie, c’est donc un appel au changement… imposé par le système ! Je préfère, bien évidemment, choisir moi-même ma voie.

Professionnellement, le changement est devenu une sommation, malheur à celui qui ne change pas, comment l’expliquer ?

La première étape du capitalisme industriel disciplinait le travail, il fallait transformer un paysan aux horaires variables et saisonniers en un travailleur obéissant à l’horloge-pointeuse. En échange, celui-ci occupait à vie son poste et recevait, pour sa fidélité, une montre aux armes de l’usine ! Le capitalisme financiarisé, dorénavant globalisé, recherche l’efficacité qui git dans la variété, aussi encourage-t-il ce qu’il nomme « l’innovation ». Celle-ci s’apparente à un nouveau conformisme, car les véritables « avancées », tant technologiques que médicales, par exemple, ne sont pas réglées sur les modes et autres effets de renouvellement. Dorénavant, le bien-être s’invite, il dénonce le burn-out, le harcèlement moral et sexuel, le plan de carrière et réclame des horaires à la carte, des pratiques collaboratives, des tiers-lieux…

Les utopies évoquent-elles cette situation ambivalente : l’harmonie d’une continuité et le plaisir de la variété ? Traitent-elles des services publics ?

Depuis Thomas More, les utopies limitent le temps de travail, lui-même suggérait 6h par jour, mais il ne faudrait pas croire qu’elles exaltaient la paresse et rêvaient d’une société d’abondance… Fourier, par exemple, fait du travail l’activité principale, il regrette même de ne pouvoir réduire le temps de sommeil ! La grande différence avec notre société réside dans le fait que dans le Phalanstère le travail est attractif, chacune et chacun changent d’activité toutes les heures, ainsi l’ennui disparaît, et découvrent de nouvelles expériences qui les enrichissent. Le travail se fait alors plaisir ! La plupart des utopies réduisent au maximum les « services publics », elles misent sur la déconcentration et la décentralisation de ces fonctions certes indispensables mais partagées.

Stéphane Menu

(1) Thierry Paquot, philosophe, vient de publier Lettres à Thomas More sur son utopie (et celles qui nous manquent), La Découverte, 2016 et Dicorue. Vocabulaire ordinaire et extraordinaire des lieux urbains, avec des photographies de Frédéric Soltan, CNRS-éditions, 2017.

Délicieux antidote au fonctionnaire bashing

Brève : Délicieux antidote au fonctionnaire bashing. A lire sur Etoile Mag Actualités - Quand un économiste atterré le devient encore plus sur RMC… En moins de trois minutes, tout est dit. Un régal.

RMC est une station sympa, assez pro en matière de divertissement. Pour les amateurs de sport, par exemple, c’est le haut du panier du café du commerce. On refait le match avant qu’il ait eu lieu, pendant et après. Idéal à écouter, en quelque sorte, pour un départ de vacances dans les embouteillages avec des potes qui ont décidé de débrancher le cerveau. Pour le reste, c’est une machine à briquer les idées préconçues, à entretenir les vieilles croyances à la peau racornie.

Par exemple, pour avoir un débat serein et équilibré sur l’avenir de la fonction publique, mieux vaut écouter une conférence sur WEKA que de s’arrêter sur la dite station, ne serait-ce que quelques secondes. Certains spécialistes courageux du sujet, tel l’économiste « atterré » Christophe Ramaux, ont décidé d’affronter cette mécréance à front d’aurochs. Invité de Radio Brunet – le nom du journaliste, sans doute, notre vaillant économiste a rappelé qu’il n’y a pas « de lien entre l’emploi public et la dette publique », le journaliste s’évertuant à marteler que l’Etat français faisait preuve d’irresponsabilité en continuant à recruter de nouveaux fonctionnaires. Ramaux a même rappelé au passage que la France manquait de pompiers, de médecins ou encore de professeurs.

Sa performance ? Résister au fonctionnaire bashing face à des pseudo-experts montés sur des éoliennes, n’épousant que l’air du temps qui souffle rudement ces derniers jours. Bravo à Ramaux pour cette performance qui s’apparente à une forme de résistance face à la mécréance.

A écouter, un vrai cadeau de début  d’année :

Stéphane Menu

En Guadeloupe, travailler est un vrai bonheur

Distinction en catégorie RH pour la ville Le Lamentin en Guadeloupe, à travers son projet qui résonne poétiquement aux oreilles : « Management bienveillant et durable, la co-construction du bonheur au travail ». Tout un programme !

Et pourquoi pas, après tout… Pourquoi ne pas y croire en ce début d’année propice aux bonnes résolutions. Jocelyn Sapotille, maire de Lamentin, dévoile le mode d’emploi : « Nous voulons mettre en place un management tourné vers l’humain, bienveillant, impliquant l’ensemble des agents ». Pas besoin d’avoir fait une grande école de l’administration pour imaginer la bonne formule : petits déjeuners managériaux, une fête des collègues inspirée par la fête des voisins, etc. Des petites choses qui ont de grands effets sur le présentéisme et rajoutent un supplément d’âme à la mission de services publics à laquelle les agents sont attachés. Et Jocelyn Sapotille d’inviter ses collègues à l’imiter : « Ça coûte pas cher et ça change le climat », sourit-il. « Il suffit juste de formaliser les choses, de créer les rendez-vous et les rencontres et de s’y tenir ». Alors, chers édiles, le bonheur, ça vous tente ?

Stéphane Menu