Les contractuels, clé de voûte d’une fonction publique modernisée ?

En plaçant l'extension du recours aux contractuels au cœur des nombreux chantiers de concertation et de modernisation de la fonction publique, lancés ces derniers mois, le gouvernement a choisi d'assumer un virage historique.

Dans son document d’orientation « Refonder le contrat social avec les agents publics », le ministère de l’Action et des comptes publics indiquait clairement en mars dernier que l’objectif du gouvernement est « d’accorder plus de souplesse et de liberté aux employeurs publics pour recruter leurs équipes, y compris par voie de contrat » et qu’il s’agit « d’offrir plus de visibilité et de garanties, en matière d’évolution professionnelle, pour les agents contractuels ainsi recrutés ».
Le 21 mai, devant les partenaires sociaux, le secrétaire d’Etat en charge de la fonction publique Olivier Dussopt enfonçait le clou en précisant que les débats menés actuellement au sein de la fonction publique devaient « permettre d’aller plus loin dans la reconnaissance d’une complémentarité des statuts et des profils pour répondre aux évolutions des services publics ».

970 000 contractuels tous versants confondus

Alors que la fonction publique, tous versants confondus, compte aujourd’hui 970 000 contractuels (25% dans la FPT, 21% dans la FPH et 21% dans la FPE), l’extension du recours au contrat peut-elle faire basculer la sphère publique dans une nouvelle dimension ?
C’est en tout cas ce que redoutent les organisations syndicales de fonctionnaires qui demeurent vent debout contre toute mesure susceptible de renforcer la précarisation des agents et d’introduire un coin dans le statut et l’égalité d’accès à la fonction publique.

Le point de vue des employeurs publics

En revanche, du côté des employeurs publics et de certaines associations professionnelles, les jugements sont plus nuancés. Philippe Laurent, président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, propose ainsi que les employeurs puissent recourir à des contrats courts avec des agents publics à l’occasion de missions précises. En outre, dans un manifeste commun portant sur l’avenir de la fonction publique territoriale, deux associations d’élus -France Urbaine et l’Association des petites villes de France (APVF)- se prononcent aussi en faveur du « recours aux contrats de 3 ans renouvelables pour des postes de catégorie B et C lorsque la nature des besoins le justifie ». De son côté, l’Association des DRH des grandes collectivités se dit favorable à la création de « CDD de mission, à condition que ces contrats soient justifiés par une politique publique particulière, qu’ils soient limités à 6 ans (et non soumis à l’obligation de prouver l’absence de fonctionnaire adapté pour le poste) et qu’ils n’ouvrent pas droit à une CDIsation ».

Bilan mitigé de la « loi Sauvadet »

Les évolutions, qui semblent se profiler dans le cadre de la modernisation de la fonction publique, marquent donc un tournant avec les orientations gouvernementales de ces dernières années. Il faut dire que le dispositif imaginé en 2012 par le ministre de la fonction publique du gouvernement Sarkozy, dite « loi Sauvadet, » arrivera à son terme en 2018 (à l’exception d’une prolongation jusqu’en 2020 pour certains contractuels de la fonction publique d’Etat), et que son bilan s’annonce mitigé. Selon un bilan d’étape, entre 2013 et 2017, le processus de titularisation n’aurait en effet concerné que 54 000 contractuels pour 99 000 postes ouverts (alors que 125 000 agents contractuels étaient potentiellement concernés par le texte).
Même si Olivier Dussopt prend le soin de préciser que « le recrutement de contractuels, au même titre que le recrutement de titulaires, doit être exempt de tout risque de discrimination » et qu’il « faudra l’entourer de nouvelles garanties en termes de transparence, d’objectivité et d’efficacité », c’est bien une nouvelle page de l’histoire de la fonction publique qui est en train de s’écrire.

Emmanuelle Quémard

 

Discriminations : « Il faut dépasser la posture politique » – Interview de Catherine Saint-Jours

« Sur les discriminations, il faut dépasser la posture politique » Bordeaux Métropole, la ville de Bordeaux et le CCAS ont entamé une démarche de certification Afnor pour renforcer l’égalité professionnelle et mieux lutter contre les discriminations. Les trois entités s’appuient sur une rigoureuse méthodologie. Interview de Catherine Saint-Jours, directrice des assemblées métropolitaines à Bordeaux Métropole. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Discriminations : Quels sont les leviers utilisés par votre métropole pour renforcer l’égalité professionnelle femmes-hommes et optimiser la mixité sociale ?

Sur les discriminations, il faut dépasser la posture politique. Ce sont en effet deux priorités clairement affichées par Bordeaux Métropole, mais aussi la ville de Bordeaux et le CCAS. Ces trois entités ont donc décidé, de façon unitaire, de solliciter une démarche de double labellisation auprès de l’Afnor, chargée de délivrer les fameux certificats à partir de critères rigoureusement établis. Nous nous inscrivons résolument dans un programme d’innovation sociale.

Comment cette démarche de prévention des discriminations se déclinera ?

En trois temps… Des sessions de formation d’une journée sur les discriminations et l’égalité de traitement dans le service public mises en place avec le CNFPT. Elles entrent dans le champ du plan annuel de formation et devraient se poursuivre sur plusieurs années. Mais aussi un engagement de garantir l’égalité de traitement au sein de l’établissement et sur le territoire, dans une démarche d’amélioration continue, partagée et transparente. Nous établirons enfin un bilan d’étape annuel pour évaluer l’efficacité de la démarche.

Quand l’Afnor rendra-t-elle son verdict sur la double labellisation ?

L’arbitrage de l’Afnor, qui sera rendu à la fin de l’année, couronnerait une démarche engagée par la collectivité depuis 2011. En effet, Bordeaux Métropole s’est engagée dans cette voie dès 2011 en signant la Charte européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale, signature adossée à un plan d’actions acté en octobre 2015. Cette même année, la collectivité a mis en place un dispositif de prévention et de lutte contre les discriminations. Cette double labellisation aura des effets positifs sur les processus de recrutement, de gestion des effectifs ou encore de formation et d’évolution de carrière. La double labellisation de l’Afnor nous permettra de franchir un palier qualitatif.

Stéphane Menu

Le conseil de l’interviewée

« A des jeunes qui se lancent, je les alerterai sur l’importance de la formation continue. Le monde de la fonction publique, notamment territoriale, est très évolutif. Les lois et les compétences changent en permanence. Il importe d’être en continu « au bon niveau ».  Dans son domaine mais aussi dans de nouveaux champs, le statut de la FPT, le nombre et la diversité des collectivités offrant la possibilité, à celui qui en a le désir, de changer plutôt facilement de casquette professionnelle.

Par ailleurs, il faut être vigilant en matière d’information car le travail isolé à son poste n’existe plus : la transversalité, les collectifs de travail sont devenus la norme et dans ce cadre, le « réseau » est très important. Se tenir informé des projets de la collectivité, identifier les sources de renseignements pour faire avancer les dossiers, s’adresser aux bons interlocuteurs…. sont autant d’atouts pour progresser dans sa mission dans un contexte de complexité des structures et des procédures ».

Absentéisme et prévention : Le cdg69 met en place un service de médecine innovant

Absentéisme dans la Fonction Publique : Le cdg69 met en place un service de médecine innovant. A l’heure où l’absentéisme n’a jamais été aussi présent dans la Fonction publique (44 % des agents des collectivités territoriales ont été absents au moins une fois en 2015 d’après les données de Sofaxis), le centre de gestion du Rhône et de la Métropole de Lyon (cdg69) met en place un dispositif innovant, qui complète les interventions de prévention existantes, pour enrayer le phénomène. L’initiative remonte au 1er janvier 2017. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Objectifs du dispositif : une meilleure appréhension des contraintes physiques des emplois et un contrôle renforcé de l’absentéisme pour raisons médicales

Le cdg69 a pris le soin d’interroger en amont les 416 collectivités du territoire. Face à l’accueil favorable, ce nouveau service médical a été rapidement adopté par 36 d’entre elles, représentant 23 000 agents soit près de la moitié des agents du Rhône et de la Métropole de Lyon. Il « a vocation à répondre au besoin de sécurisation des recrutements des collectivités par une évaluation éclairée de l’aptitude physique des candidats à l’emploi territorial et à faire diminuer l’absentéisme dans la Fonction Publique, le nombre et la durée des arrêts maladie non réellement justifiés, pour un maintien ou un retour durable à l’emploi des agents », explique le cdg69.

Ce nouveau service vise à mieux évaluer médicalement l’aptitude à l’emploi des agents à travers une meilleure appréhension des contraintes physiques de certains métiers exercés par les territoriaux. Il vise à remplir deux autres fonctions : le contrôle « efficient et réactif » de la justification médicale des arrêts de travail ; l’accompagnement des employeurs dans leur politique de contrôle des absences pour raison médicale.

Deux types d’adhésion pour les collectivités : à l’acte ou par cotisation annuelle

Pour mener à bien cette mission, le cdg69 a recruté un médecin agréé expérimenté, pour travailler en synergie avec les autres professionnels de la santé, prévention et de l’emploi du centre de gestion. Les 36 collectivités adhérentes bénéficient de deux types de convention, prévoyant des modalités de tarification différentes : à l’acte pour les collectivités rattachées au comité technique du cdg ; à travers une cotisation annuelle s’élevant à 0,025% de la masse salariale de l’effectif total pour les collectivités affiliées, ou de 0,029% pour les collectivités non affiliées (hors régime indemnitaire des fonctionnaires et charges patronales).

Contrôler et prévenir les risques grâce à des visites d’embauche et/ou de contrôle par un médecin agréé

Cette adhésion permet à l’adhérent de bénéficier d’un « droit de tirage » lui assurant un nombre donné de visites d’embauche et/ou de contrôle de la justification des arrêts, dans la limite de 8 % de son effectif total permanent. Comme l’indiquait Catherine Di Folco, Sénateur et alors Présidente du cdg69, dans le journal de ce même centre de gestion : même si une grande majorité des arrêts de travail est justifiée, «…il se peut qu’un agent puisse être apte à reprendre le travail après la visite de contrôle et, exceptionnellement, que l’arrêt ne soit pas justifié ».

Ce nouveau service permettra donc de mieux lutter contre l’absentéisme dans la Fonction Publique, en constante progression, dans un objectif de retour pérenne des agents dans leur emploi. C’est pourquoi le médecin agréé du cdg69 s’attache à la qualité de ses échanges avec les agents lors des visites et conseille également aux collectivités, si besoin, de faire le lien avec le médecin de prévention, voire avec le psychologue du centre de gestion en charge du maintien dans l’emploi.

Par ailleurs, le médecin agréé réalise également les visites d’embauche des agents pour éclairer au mieux, par sa bonne connaissance des métiers territoriaux et de leurs risques, les décisions de recrutement des employeurs sur l’exigence liée à l’aptitude physique au cadre d’emploi postulé. Enfin, pour prendre en compte l’évolution des besoins des collectivités et les possibilités ouvertes par les évolutions réglementaires, le champ d’activité du médecin agréé a été élargi aux visites d’aptitude physique au port d’arme des agents de police municipale, à l’expertise et aux avis sur les demandes d’octroi et de renouvellement de temps partiel thérapeutique.

Stéphane Menu

 

ATSEM : Décret 1er Mars 2018 – « Nous souhaitons y voir plus clair »

Décret du 1er mars 2018 : les ATSEM restent encore dans le flou - « Nous souhaitons y voir clair sur nos missions ». Une double tutelle (Etat et communes), des perspectives d’évolution de carrière incertaines… Les Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) restent encore dans le flou (malgré la publication d’un récent décret) et se mobilisent. Témoignage de Virginie Jouanny, membre du collectif des Atsem de France. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Un décret du 1er mars 2018 est censé clarifier la situation des Atsem (Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles) et l’évolution de leur carrière. Partagez-vous ce sentiment ?

L’aspect « fourre-tout » du métier prédomine encore. Avant le décret, les Atsem pouvaient assister les enseignants dans les classes accueillant des enfants handicapés. Le flou demeure sur ce point, voire se renforce, la notion « d’enfants handicapés » étant remplacée par celle « d’enfant à besoins éducatifs particuliers » englobant un ensemble assez hétéroclite : élèves en grande difficulté d’apprentissage ou d’adaptation, malades, intellectuellement précoces ou présentant donc un handicap.

Assiste-t-on à une évolution législative abusive pour que les Atsem se substituent in fine aux Auxiliaires de vie scolaire (Avs) dont le nombre ne cesse de décroître ? Le manque de perspectives d’évolution était également un sujet de revendication régulier pour nous. Avec le nouveau décret, une brèche s’ouvre pour accéder à la catégorie B en intégrant le cadre d’emplois des animateurs territoriaux, après réussite à un concours interne spécial sur épreuves. Ce concours sera ouvert aux Atsem justifiant d’au moins quatre ans de services et 15 % des postes offerts par concours interne pourront leur être attribués. Cela signifie-t-il que nous allons devenir des animatrices ? Or, la plupart d’entre nous souhaitons rester Atsem ! Le combat n’est donc pas fini.

Le soutien des maires de France ne vous est pas acquis…

Les collectivités sont étranglées financièrement et ne veulent plus ou ne peuvent plus supporter un nouveau transfert de charges. C’est un métier de polyvalence à outrance, qui part un peu dans tous le sens et qu’il faut canaliser légalement. Avec le retour quasi-général de la semaine des 4 jours de classe par semaine et la fin des activités périscolaires, certains maires envisagent de réduire les effectifs. D’où des mobilisations, à Chambéry, Toulon, Lyon ou ailleurs. Nous constatons de plus en plus que les profs et les parents d’élèves nous soutiennent sur le terrain.

Où en est la charte des Atsem que doit signer l’Association des maires de France et le gouvernement ?

Suggérée par un rapport des inspections de l’Etat, une charte d’engagement pour une meilleure reconnaissance des compétences professionnelles des Atsem doit compléter les dispositions réglementaires du décret du 1er mars. Cette charte n’aura pas de valeur juridique. Elle est en cours de rédaction dans les ministères de l’Intérieur et de l’Education nationale, avec l’appui de l’Amf et le Cnfpt. L’objectif est de fixer les missions des Atsem, notamment durant les heures scolaires, afin d’atténuer les difficultés provoquées par l’existence d’une double hiérarchie, à savoir la collectivité et l’Education nationale. Pour l’heure, aucune date de publication de la charte n’est fixée.

Stéphane Menu

Décret n° 2018-152 du 1er mars 2018 portant diverses dispositions statutaires relatives aux agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles : 

https://www.weka.fr/base-juridique-weka/texte_LO_INTB1731389D.html

Transformation de l’action publique : les managers réclament de l’accompagnement !

Action publique 2022 - Transformation de l'action publique : les managers réclament de l'accompagnement ! A l'occasion du vaste mouvement de transformation de la fonction publique "Action Publique 2022" - amorcé par le gouvernement - les managers, notamment intermédiaires, ont exprimé un besoin accru d'accompagnement pour conduire le changement. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Action publique 2022 : de nouveaux enjeux difficiles à appréhender pour les managers

Parmi les nombreux enseignements de la consultation des agents publics et des usagers, menée de novembre 2017 à mars 2018 lors du Forum de l’action publique, le besoin d’accompagnement des managers eux-mêmes s’est exprimé à de nombreuses reprises. Confrontés à un vent continu de réformes, et appelés à impulser le changement dans un cadre persistant de maîtrise de la masse salariale, les managers – notamment intermédiaires – se disent déboussolés. Au cœur du vaste mouvement de transformation de l’Action publique 2022 initié par le gouvernement d’Edouard Philippe, une réflexion s’est ainsi engagée sur les pratiques managériales au sein des trois fonctions publiques.

Lors d’une journée organisée par la DGAFP (Direction générale de l’administration et de la fonction publique) et l’EMRH (Ecole du management et des RH) le 17 mai 2018 à Bercy, l’évolution des pratiques managériales a fait l’objet d’échanges entre représentants des secteurs public et privé.
« Il faut redonner des marges de manœuvre aux cadres, notamment aux cadres intermédiaires et de terrain, a affirmé Thierry Le Goff, directeur général de l’administration et de la fonction publique. Au cœur du changement, ils doivent le porter et l’expliquer dans les services. Il est important de les rassurer, les sécuriser mais aussi les pousser à aller plus loin.  » Les plans managériaux lancés en 2015 ont, par exemple, permis de faire émerger de nouvelles pratiques managériales au sein des ministères.

Les managers doivent acquérir de nouvelles compétences

Dans un univers où la transformation numérique et l’intelligence artificielle sont désormais la règle et où tous les process afférents évoluent très vite, l’exercice de la fonction de manager est rendu plus difficile. « Qu’ils travaillent dans le public ou le privé, les managers doivent à la fois acquérir de nouvelles compétences telles que l’agilité numérique et le design thinking, mais également s’approprier de nouveaux espaces de travail et réinventer les collectifs de travail », a expliqué Emmanuelle Léon, professeure de gestion des RH à l’ESCP Europe et auteure avec Cécile Dejoux de l’ouvrage « Métamorphose des managers » (1).

Pour Aude Costa de Beauregard, responsable du département performance des services publics, transformation numérique et managériale à la DITP (Direction interministérielle de la transformation publique), « il faut revenir à l’écoute des managers pour rester calé sur leurs besoins. » « A travers les laboratoires d’innovation territoriale, plus de 750 acteurs de la transformation publique sont accompagnés, notamment avec du coaching ou du co-développement, a-t-elle expliqué. Dans le cadre des expériences menées par la mission innovation des ministères économiques et sociaux, Brigitte Minette-Tiberghien, responsable de la mission, a souligné pour sa part qu' »il faut accompagner personnellement les managers au moyen de formation à l’innovation, de sensibilisation au numérique, de coaching collaboratif et de benchmark mais aussi les managers avec leurs équipes au travers de résolution de sujets complexes et d’accélération de leurs projets de transformation « .

Emmanuelle Quémard

(1) Métamorphose des managers à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle, Emmanuelle Léon et Cécile Dejoux.

5 conseils pour gérer la (sur)charge mentale au bureau

5 conseils pour gérer la surcharge mentale au bureau « On ne peut pas contracter le doigt et le détendre en même temps», rappelle le neurobiologiste Jean-Philippe Lachaux dans l’émission La Tête au Carré. Évident ? Pourtant, c’est cette exigence contradictoire que l’hyperconnexion et le travail multitâches font subir à nos neurones, jusqu’à l'excès de charge mentale. Pour se protéger, deux solutions : s’isoler dans une grotte… Ou utiliser des outils adaptés ! A lire sur Etoile Mag Actualités.

C’est prouvé : la surcharge mentale nuit au travail. Dans un documentaire sur l’hyperconnexion, des chercheurs affirment que le travail multitâches augmente le temps de traitement et les erreurs, que les mails provoquent stress et baisse de productivité, que la capacité d’attention baisse…

Bien gérer sa boite mail

L’ennemi numéro un de la surcharge mentale, c’est le mail. Pour éviter la surcharge d’informations, le MOOC Gérer son temps à l’ère du digital suggère de trier sa boite mail en deux dossiers : « À traiter » et « Archives ». A la réception d’un mail, il est conseillé de faire immédiatement ce qui prend moins de deux minutes, et de planifier le reste. Il est aussi préconisé d’éviter de lire ses mails dès l’arrivée au travail, et de se fixer un nombre limité de consultations quotidiennes. Pour les urgences, le téléphone est plus adapté.

Découper chaque tâche en plusieurs « mini-missions »

Dans le documentaire de Laurence Serfaty, le neurologue Jean-Philippe Lachaux propose de décomposer chaque tâche en plusieurs « mini-missions ». La célèbre méthode GTD de David Allen s’appuie sur cette idée. Pour faire sa to-do list, il existe des applications sur smartphone – mais un bon vieux calepin peut faire l’affaire.

Rester concentré avec la méthode Pomodoro

Pour la concentration, la méthode Pomodoro (« méthode tomate ») est simple et très efficace. Elle consiste à découper le temps de travail en tranches de 25 minutes, entrecoupées de pauses de cinq minutes. Elle peut se mettre en place avec une application comme Brain Focus. Autre outil, l’application Quality Time qui bloque les notifications du smartphone. Plus originale, l’application Coffeetivity reproduit le fond sonore d’un café : d’après certaines études citées par Slate, travailler dans un bruit raisonnable stimulerait la créativité.

Contrer l’effet Zeigarnik pour garder la motivation

En 1927, la psychologue Russe Bluma Zeigarnik avait remarqué que l’humain se souvenait mieux d’une tâche inachevée qu’achevée. C’est l’effet Zeigarnik. Pour le contrer, prendre quelques minutes le soir pour considérer les choses faites ou, comme le propose le site Cadreo, adopter des supports qui gardent la mémoire des tâches achevées.

Faire des pauses… productives !

Dans le documentaire Hyperconnectés : le cerveau en surcharge, le chercheur Francis Eustache souligne l’importance de temps de relâche pour laisser le « réseau par défaut » du cerveau, essentiel à la mémoire, s’activer. Pour faire une pause, plusieurs moyens : sortir, rêvasser… Ou s’accorder quelques minutes de respiration avec une application comme Respirelax.

 

La bonne nouvelle, c’est que les neurones fonctionnent comme des muscles. Ainsi, plus ils seront entraînés, plus le cerveau sera résistant à la surcharge mentale !

Julie Desbiolles

Elus, DGS : je t’aime, moi non plus ! Une journée de débats le 14 septembre – En partenariat avec ETOILE

Elus, DGS : je t’aime, moi non plus ! Une journée de débats le 14 septembre Le Réseau Service Public , l’AIDL et le Réseau Etoile organisent le 14 septembre à Paris une journée qui sera est l’occasion d’analyser l’impact de cette actualité sur la gouvernance des collectivités locales et de revisiter la relation élu, DGS et cabinet autour de 3 tables rondes. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Le Réseau Service Public , l’AIDL et le Réseau Etoile organisent  le 14 septembre à Paris une journée qui sera est l’occasion d’analyser l’impact de cette actualité sur la gouvernance des collectivités locales et de revisiter la relation élu, DGS et cabinet autour de 3 tables rondes :

Non cumul des mandats : quel impact sur les DGS ?

La loi du 14 février 2014 limitant drastiquement le cumul des mandats a pris pleinement effet et suite aux législatives et sénatoriales de 2017. Au-delà même des élus concernés, très nombreux à avoir opté pour leur mandat local, les conséquences de la fi n de ce particularisme français sont importantes avec un renforcement du poids des élus locaux aujourd’hui en pleine lumière. Autre impact fort : une nouvelle répartition des tâches entre le patron de l’exécutif local et son DGS. Cette dernière n’est pas toujours évidente avec des élus parfois sur-présents et qui se voient en chefs tout puissants.

Avec Patrice Girot, DGS de l’Agglomération Plaine – Vallée, président de l’Union Régionale Île-de-France du Syndicat national des Directeurs Généraux. Florence Feunten, maire adjointe de Toulon, en charge du personnel et de la démocratie de proximité et Chargée de mission Culture au CD du Var. Vincent Roberti,  DGS du Conseil Départemental de l’Isère.

Rôle des élus dans la gestion : jusqu’où ne pas aller ?

Une situation paradoxale ! Les élus doivent s’impliquer davantage sur certains sujets moins porteurs politiquement, au premier rang desquels la gestion du personnel, mais en même temps il ne leur faut pas se transformer en chef de service court-circuitant le DGS. Un dosage pas toujours aisé à réaliser d’autant que certains élus issus du secteur privé veulent calquer à leur collectivité le modèle de l’entreprise. Bonjour les dégâts en cas d’oubli du statut de la FPT !

Avec Patrick Jouin, maire de la Faute sur Mer, Jean Baptiste Clerc, DGS de Cornebarieu, Loïc Cauret, maire de Lamballe et président de Lamballe Terre et Mer, Héléne Guillet, DGS de la commune de Vertou, secrétaire générale adjointe du SNDGCT.

Élu,  Cabinet, DGS : deux contre un ?

Le DGS, premier fonctionnaire de la collectivité, totalement détaché de la chose politique ? L’image d’Epinal ne fonctionne plus. Pour preuve, un turn-over massif suite aux dernières municipales. Qu’ils le veuillent ou non, les DGS ont acquis une proximité particulière avec leur élu et un rôle politique croissant. La relation avec le cabinet, dont la nature est avant tout politique, peut relever de la haute-voltige. Une bonne répartition des tâches existe-t-elle pour réussir ce couple à trois ?

Avec  Jean François Lanneluc DGA Eurométropole de Strasbourg, Christian Olivérès, Observateur de l’action publique, André Hartereau, maire d’Hennebont, vice-président de Lorient Agglomération.

Hugues Perinel

Pour vous inscrire à l’événement : 

https://packcom.eolas.fr/uploads/Document/bf/WEB_CHEMIN_50683_1525878455.pdf

 

Santé et bien-être au travail : le nouveau credo des managers ?

Santé et bien-être au travail : le nouveau credo des managers ? Dans un contexte extrêmement contraint en matière de rémunération des agents, les managers publics investissent encore plus fortement la santé au travail comme levier d'innovation managériale. C'est le constat tiré de la 20e étude de l'OST publiée en juillet 2018. Article Etoile Mag Actualités

Quels leviers d’innovation managériale peuvent actionner les employeurs publics, lorsque les marges de manœuvre sur la rémunération des agents se réduisent comme peau de chagrin ? C’est à cette question que répond une récente étude dont le détail sera publié en juillet prochain par l’Observatoire social territorial de la Mutuelle nationale des territoriaux (MNT). Réalisée par six élèves administrateurs de la promotion Nina Simone de l’Institut national des études territoriales (Inet), en partenariat avec l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), cette enquête menée au sein de la fonction publique territoriale montre notamment que la thématique du bien-être au travail constitue l’une des clés permettant de déverrouiller des relations sociales de plus en plus tendues. Une conclusion partagée par de nombreux experts de la sphère publique et du secteur privé qui considèrent à l’unisson que l’amélioration des conditions de travail, la prévention des risques psycho-sociaux ou encore la promotion de la santé au travail peuvent constituer de réels facteurs de motivation pour les salariés. Sans compter que la santé au travail figure aussi au rang des obligations des employeurs publics…

Nécessité d’autres leviers managériaux : fonctionnement en mode agile, formation, mobilité interne et externe

L’ancienne directrice de l’ENA Nathalie Loiseau, aujourd’hui ministre auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée des Affaires européennes, souligne que lorsque «dans le contexte où le chef d’équipe ne peut ni s’appuyer sur, ni se réfugier derrière des promesses d’augmentation de rémunération, ce sont d’autres leviers qui permettent d’accompagner les talents et de nourrir leur motivation. Par exemple, les promotions internes, l’accompagnement à la mobilité interne et externe, les bilans personnalisés, l’accès à la formation, le fonctionnement en mode agile » (1).  Dans ce contexte, les encadrants sont en première ligne. Parfois mis en cause par les agents ou les organisations syndicales, ce sont eux qui ont le pouvoir de faire bouger les lignes en matière de santé et de bien-être des personnels. « La santé des salariés est d’abord l’affaire des managers, elle ne s’externalise pas », observait dès 2010,  le rapport d’Henri Lachmann, co-signé par l’actuelle ministre du Travail Muriel Pénicaud et Christian Larose.

Le bien-être au travail : un investissement sur l’avenir

Pour les auteurs de l’étude menée au sein de l’Inet, le rôle du manager de proximité s’avère essentiel dans la plupart des situations. « Il doit composer avec les nouvelles attentes des agents, en particulier celles des jeunes générations, qui sont prêts à s’investir au quotidien, mais souhaitent comprendre le sens de leur travail, en être acteurs et recevoir des retours réguliers sur leur implication, afin de contribuer à leur amélioration personnelle », indiquent notamment les futurs dirigeants de collectivités dans leur rapport. Pour eux, la recherche de nouveaux leviers d’innovation managériale doit être considérée par l’employeur public comme un véritable investissement sur l’avenir. S’appuyant sur une étude menée en 2011 par l’Agence européenne de santé et de sécurité au travail, les élèves administrateurs rappellent qu’un euro investi dans la prévention engendre un retour sur investissement pouvant aller de 1,01 à 4,81 euros. « La prévention permet ainsi de réaliser des économies en matière d’accidents du travail et d’absentéisme », remarquent aussi les élèves de l’Inet.

Emmanuelle Quémard

(1) Citation extraite de l’ouvrage « Le bien-être au travail. Pour un service public performant et bienveillant », Olivier Bachelard (Presses de l’EHESP, 2017)

« En matière de sécurité, les collectivités doivent se doter d’une capacité d’expertise »

Président de l'ANCTS (association nationale des cadres territoriaux de la sécurité (ANCTS), Cédric Renaud constate que les métiers territoriaux de la sécurité), et notamment les polices municipales, ne sont pas encore reconnus à leur juste valeur. Tout en jouant un rôle de plus en plus important dans l’organisation de la sécurité en France. Interview Etoile Mag Actualités.

Pourquoi avoir créé l’Association nationale des cadres territoriaux de la sécurité (ANCTS) ?

Avec d’autres collègues, j’avais cette idée en tête depuis une dizaine d’années. Les attentats de Charlie Hebdo au début de l’année 2015 nous ont poussés à franchir le pas. Nous nous étions rendus compte que lorsque les gouvernements souhaitaient discuter avec des représentants de la sécurité territoriale, ils avaient plusieurs interlocuteurs, sur des segments précis : police municipale, sécurité civile, prévention de la délinquance et de la radicalisation… Mais ils n’avaient pas de vision transverse auprès d’un seul interlocuteur. C’est cette vision que nous défendons avec l’ANCTS. Notre taille reste modeste, une cinquantaine de membres, mais nous sommes naturellement appelés à progresser.

Combien de recrutements dénombre-t-on, chaque année, dans la territoriale, en lien avec la problématique de la sécurité ?

Entre 300 et 400 postes environ… Nous nous heurtons à un paradoxe : beaucoup de communes, après le renouvellement de 2014, ont souhaité renforcer, voire créer, leur police municipale mais le statut de policier municipal n’a lui pas évolué, malgré le contexte de renforcement de la menace terroriste. Prenons les Conseils locaux ou intercommunaux de prévention de la délinquance. Il n’y a pas de formation particulière pour un attaché territorial. Il en fait partie parce qu’il a décidé de s’investir. Sans parler du statut du policier municipal qui, s’il a connu des évolutions positives, reste cependant peu attractif. Aujourd’hui, un Bac + 5 de 25 ans qui veut devenir directeur d’une police municipale sera refroidi en découvrant la courbe évolutive de son salaire. Or, dans ce domaine, il est indispensable que les collectivités se dotent d’une capacité d’expertise via un personnel encadrant de qualité. Nous n’avons pas de difficulté à recruter des catégories C mais du personnel encadrant.

La formation reste aussi encore insuffisante…

Depuis Charlie et surtout, pour les territoriaux, Nice, les policiers municipaux doivent être mieux formés. Mais même avec la meilleure volonté du monde, le CNFPT a du mal à suivre, notamment sur la problématique de l’armement. Sur les 22 000 policiers municipaux en France, 60 % sont armés. On arrive à 90 % si l’on intègre le taser, le flashball et autre tonfa. C’est un défi pas évident à relever de maintenir dans ce domaine un bon niveau de formation.

 

(1) Cédric Renaud est par ailleurs directeur de la police municipale et de la sécurité civile de Saint-Etienne.

L’Association nationale des cadres territoriaux de la sécurité organise son prochain congrès le 15 juin prochain à Lyon, dans les locaux de la mairie du 8e arrondissement. Renseignements ici.

 

Interview de Stéphane Menu

 

 

 

Le conseil « carrière » de Cédric Renaud
« Construire sa carrière dès le début »
« C’est une évidence de dire que les métiers de la sécurité dans la fonction publique territoriale prendront une place de plus en plus grande. Je conseille aux jeunes qui débutent de biens se renseigner sur la manière dont chaque ville défend son idée de la sécurité. D’une commune à l’autre, le vécu n’est pas le même. En attendant une meilleure fluidité dans la carrière liée à une meilleure reconnaissance du métier, les plus jeunes doivent construire d’emblée leur carrière dans le sens d’une évolution en lien avec leur motivation personnelle ».

« Pour une transversalité concrète » – Interview de Pierrick Lozé

Pierrick Lozé, DGS de la communauté d’agglomération du Mont Saint-Michel « Pour une transversalité concrète » A l’heure où le management devient la clé du succès dans le privé, les collectivités territoriales se convertissent, poussées il est vrai par un contexte permanent de réformes territoriales. Illustration à la communauté d’agglomération du Mont-Saint-Michel. A lire sur Etoile Mag Actualités.

On parle beaucoup d’entreprise libérée. Qu’en est-il des collectivités territoriales ?

Je suis Dgs de la communauté d’agglomération du Mont Saint-Michel depuis juillet 2017. J’ai été recruté pour accompagner la création de cette nouvelle collectivité, fruit de la fusion de cinq intercommunalités. Nous sommes donc encore en phase de construction et le management tient une place essentielle. Depuis 30 ans, j’ai toujours exercé des fonctions de DGS. J’ai donc suffisamment d’expérience pour confirmer qu’il n’est désormais plus possible de fonctionner en silo et que les maîtres-mots de coopération et de transversalité doivent guider notre action quotidienne. L’heure est au changement d’esprit. Je travaillais avant à Melun en Seine-et-Marne, qui compte des quartiers prioritaires de la politique de la ville à l’intérieur desquels la notion d’interculturalité a été privilégiée. Quand on ne connaît pas l’autre, on a tendance à se replier sur son pré carré, à être sensible aux sirènes communautaristes. Dans les collectivités, nous devons adopter la même attitude. J’aime bien le concept d’organisation apprenante où les intelligences multiples se nourrissent entre elles mais pas à partir du talent de l’agent et pas seulement de sa compétence.

Ce que vous dites relève souvent de la bonne intention plutôt que d’un engagement formalisé…

Vous avez raison et c’est pour cette raison que la démarche managériale doit s’attacher rigoureusement au contrat moral qu’elle induit : pas de hiérarchie, des catégories C à A, des cadres aux fonctions exécutantes, chacun doit se sentir investi dans le chantier de reconstruction de la gouvernance. Bien sûr, il serait puéril de vouloir effacer la frontière entre cadres et non-cadres. Mais la transversalité ne doit pas être ressenti comme un simple gadget, elle doit se nourrir de faits concrets.

Justement, avez-vous une stratégie en la matière ?

Le numérique a clairement changé notre relation au travail, avec des effets pervers de soumission à l’immédiateté et des mails envoyés à dix personnes pour s’abriter derrière le parapluie de la responsabilité diffuse. Ça, c’est le côté sombre d’internet. Le côté plus lumineux se dévoile quand les règles du jeu sont clairement posées : on ne peut plus faire sans les autres, on ne peut que gagner du temps avec eux. Depuis le début de l’année, j’ai instauré des rencontres DGS. Je vais rencontrer les agents sur leur lieu de travail pour discuter avec eux. La seule contrainte que j’impose, c’est de ne pas aborder des problèmes personnels et d’en rester aux seuls aspects collectifs. J’ai toujours eu peur des tours d’ivoire ».

 

Stéphane Menu

Le conseil de l’interviewé de Pierrick Lozé
« Attention au syndrome de la tour d’ivoire »
« Lorsque l’on prend un poste de direction, on peut avoir tendance à se mettre en retrait pour observer. En fait, il ne faut pas hésiter d’emblée à aller au contact des agents, à les écouter, à se montrer disponible et accessible. C’est une forme d’investissement pour l’avenir, le temps que vous passez avec les services en interne n’est jamais du temps perdu, bien au contraire, c’est l’une des voies de la réussite ».