Droit à la déconnexion : les managers « accros » l’espèrent pour 2018 !

Au rang des bonnes résolutions pour 2018, pourquoi ne pas appliquer davantage le droit à la déconnexion des outils numériques en dehors du temps de travail légal… Entré en vigueur dans le secteur privé voilà un an, grâce à la loi Travail du 8 août 2016, ce droit, qui entend établir une barrière étanche entre vie privée et vie professionnelle afin de préserver l’équilibre et la santé des salariés, ne s’applique pas encore dans la fonction publique. Si ce n’est de manière aléatoire, au gré des initiatives prises par telle ou telle collectivité.

Si nul ne peut contester l’intérêt des technologies de l’information et de la communication, les fameuses TIC, beaucoup de salariés, au premier rang desquels les cadres, se plaignent du stress et de la fatigue engendrés par leur utilisation non stop, soirs, week-ends et vacances compris. Certains reconnaissent aussi leur addiction via leur tablette, ordinateur ou smartphone, addiction largement entretenue par une hiérarchie intraitable, elle-même prise au piège de ce cercle vicieux.

Charte de bonne conduite

« Je regardais mes mails tous les jours durant mes vacances pour ne pas être débordée à mon retour, confie Anne Vandaele, ex directrice de la communication chez EDF commerce Méditerranée. Dans le cadre du bien-être au travail, nous avions institué une charte de bonne conduite, mais elle n’était pas vraiment respectée. Le pire étant les mails avec de multiples pièces jointes impossibles à synthétiser en peu de temps. »

Outre la charge de travail indéniable entraînée par le flux incessant de mails à lire et à traiter,- sans toujours pouvoir en hiérarchiser l’importance et l’urgence-, les managers, se plaignent de ne pouvoir se concentrer sur leur cœur de métier. D’où dans les cas les plus extrêmes, une perte de sens et de motivation. Les relations au sein même des équipes peuvent également pâtir de ce nivellement des responsabilités par mails interposés.

Traçabilité

« Il vaudrait parfois mieux se lever et aller dans le bureau d’à côté pour régler un problème, remarque Anne Vandaele. Mais, c’est plus facile d’écrire et d’envoyer un mail que d’affronter un  regard, une posture ».  Un des autres travers attribué au mail professionnel est son usage excessif à des fins de traçabilité.

« Certaines personnes font des mails pour se protéger et mettent la terre entière en copie! », remarque l’ex-directrice de la communication.

L’univers de la fonction publique n’est pas exempt de ces dérapages. Les syndicats, qui se  sont déjà emparés de cette question en interne, sont désarmés, en l’absence de levier législatif, pour dénoncer les excès de la connexion permanente. « Nous incitons à l’ouverture d’un débat, affirme Bruno Collignon, président de la FA-FPT (Fédération autonome). Mais, pourquoi ce besoin de régulation aujourd’hui ? Quelle est la part de responsabilité de la hiérarchie ? des agents eux-mêmes ? ».

La sensibilisation et la formation des cadres eux-mêmes serait un premier pas vers une meilleure utilisation des outils numériques. L’enjeu est de taille : utiliser le courriel pour ce qu’il est, à savoir un formidable vecteur de performance, sans en faire une nouvelle forme d’aliénation.

Emmanuelle Quémard

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