Quels leviers d’innovation managériale peuvent actionner les employeurs publics, lorsque les marges de manœuvre sur la rémunération des agents se réduisent comme peau de chagrin ? C’est à cette question que répond une récente étude dont le détail sera publié en juillet prochain par l’Observatoire social territorial de la Mutuelle nationale des territoriaux (MNT). Réalisée par six élèves administrateurs de la promotion Nina Simone de l’Institut national des études territoriales (Inet), en partenariat avec l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), cette enquête menée au sein de la fonction publique territoriale montre notamment que la thématique du bien-être au travail constitue l’une des clés permettant de déverrouiller des relations sociales de plus en plus tendues. Une conclusion partagée par de nombreux experts de la sphère publique et du secteur privé qui considèrent à l’unisson que l’amélioration des conditions de travail, la prévention des risques psycho-sociaux ou encore la promotion de la santé au travail peuvent constituer de réels facteurs de motivation pour les salariés. Sans compter que la santé au travail figure aussi au rang des obligations des employeurs publics…
Nécessité d’autres leviers managériaux : fonctionnement en mode agile, formation, mobilité interne et externe
L’ancienne directrice de l’ENA Nathalie Loiseau, aujourd’hui ministre auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée des Affaires européennes, souligne que lorsque «dans le contexte où le chef d’équipe ne peut ni s’appuyer sur, ni se réfugier derrière des promesses d’augmentation de rémunération, ce sont d’autres leviers qui permettent d’accompagner les talents et de nourrir leur motivation. Par exemple, les promotions internes, l’accompagnement à la mobilité interne et externe, les bilans personnalisés, l’accès à la formation, le fonctionnement en mode agile » (1). Dans ce contexte, les encadrants sont en première ligne. Parfois mis en cause par les agents ou les organisations syndicales, ce sont eux qui ont le pouvoir de faire bouger les lignes en matière de santé et de bien-être des personnels. « La santé des salariés est d’abord l’affaire des managers, elle ne s’externalise pas », observait dès 2010, le rapport d’Henri Lachmann, co-signé par l’actuelle ministre du Travail Muriel Pénicaud et Christian Larose.
Le bien-être au travail : un investissement sur l’avenir
Pour les auteurs de l’étude menée au sein de l’Inet, le rôle du manager de proximité s’avère essentiel dans la plupart des situations. « Il doit composer avec les nouvelles attentes des agents, en particulier celles des jeunes générations, qui sont prêts à s’investir au quotidien, mais souhaitent comprendre le sens de leur travail, en être acteurs et recevoir des retours réguliers sur leur implication, afin de contribuer à leur amélioration personnelle », indiquent notamment les futurs dirigeants de collectivités dans leur rapport. Pour eux, la recherche de nouveaux leviers d’innovation managériale doit être considérée par l’employeur public comme un véritable investissement sur l’avenir. S’appuyant sur une étude menée en 2011 par l’Agence européenne de santé et de sécurité au travail, les élèves administrateurs rappellent qu’un euro investi dans la prévention engendre un retour sur investissement pouvant aller de 1,01 à 4,81 euros. « La prévention permet ainsi de réaliser des économies en matière d’accidents du travail et d’absentéisme », remarquent aussi les élèves de l’Inet.
Emmanuelle Quémard
(1) Citation extraite de l’ouvrage « Le bien-être au travail. Pour un service public performant et bienveillant », Olivier Bachelard (Presses de l’EHESP, 2017)

