La marque employeur, un outil RH pour recruter et motiver ses équipes

Dans le public comme dans le privé, les ressources humaines font face à la complexité de l'humain : motiver les employés, créer une énergie collective, attirer les jeunes diplômés, recruter sur les postes en tension ? Le concept de “marque employeur”, issu du marketing, donne quelques pistes pour les structures publiques… A lire sur Etoile Mag Actualités

Le concept de marque employeur est simple. Il considère que l’employeur doit cultiver une image attractive pour attirer et fidéliser ses employés – comme le ferait une marque auprès de ses clients. Sa particularité : elle est intimement liée à l’expérience des employés… Et se trouve donc à la croisée des RH, de la communication interne et externe, et du management. Les agences ParlonsRH et Statim-RH livrent quelques conseils pour une bonne “marque employeur”.

Soigner les employés, “ambassadeurs naturels“ de la marque

A l’ère du numérique, il est utile de le rappeler : la communication la plus efficace est celle véhiculée par les humains. Ainsi, rien de tel que des employés satisfaits (et qui le disent) pour améliorer son image.

Le soin d’un travailleur passe par le management, mais aussi par l’offre RH. Dans le cadre du développement d’une marque employeur, l’objectif est de rendre visibles les avantages offerts par la structure : ses valeurs, sa culture, mais aussi les dispositifs de mobilité, de formation, etc. Les processus de recrutement ne doivent pas être négligés. ParlonsRH soulève par exemple l’importance d’un retour individualisé aux candidats – même en cas de rejet.

Rendre visible à l’extérieur ce qu’il se passe à l’intérieur

Une étude Regionsjob révèle que 94% des candidats se renseignent sur une structure avant d’y postuler ; 56% s’intéressent notamment à la “culture d’entreprise”. Il est donc essentiel d’organiser sa présence en ligne. En investissant les réseaux sociaux, il est possible de raconter la vie professionnelle au sein de la collectivité : les nouveautés, les prix obtenus, les projets, les équipes.

Les spécialistes de la marque employeur préconisent cependant de rester cohérent : dans la mesure où les salariés sont les diffuseurs de la marque, ils doivent partager le discours véhiculé.

En pratique : 3 conseils pour débuter avec la marque employeur dans une collectivité territoriale

_ Investissez les réseaux sociaux (Twitter, Instagram, Facebook…) pour valoriser votre structure – pour l’interne comme pour l’externe. Attention à rester actif : répondre aux questions, publier régulièrement, “liker”…
_ Animez un réseau professionnel sur LinkedIn, qui fédèrera les anciens employés et les équipes actuelles. Vous pouvez y publier des offres d’emploi, l’actualité de la structure, etc.
_ Améliorez les processus de recrutement : Facilitez au maximum les démarches pour candidater. Essayez de répondre à tous les postulants.

Autant de petits pas qui bénéficient à toute la collectivité. Car la marque employeur fait rayonner l’employeur public (et privé)… Et, par extension, renforce son attractivité !

Julie Desbiolles

« En moins d’un an, j’ai traité une centaine de saisines » – Interview de Maud Berry

« En moins d’un an, j’ai traité une centaine de saisines » Pour Maud Berry, le référent déontologue est « un acteur clé de la diffusion d’une culture de la déontologie au sein de l’administration ». Elle invite les collectivités à informer régulièrement les agents de cette possibilité prévue dans la loi.

Quel premier bilan tirez-vous un an après le décret sur le référent déontologue les centres de gestion ?

Un an après la publication du décret du 10 avril relatif au référent déontologue dans la fonction publique, la fonction de référent déontologue a été mise en place progressivement dans l’ensemble des centres de gestion selon des modalités variées : une personne seule, plusieurs personnes, instance collégiale. Cette fonction inscrite désormais à l’article 28 bis du statut général offre à chaque agent public la possibilité de s’adresser, en toute confiance et confidentialité, à un interlocuteur à même de répondre à ses interrogations et de le conseiller dans l’application des obligations et des principes déontologiques. Le référent déontologue est donc un acteur clé de la diffusion d’une culture de la déontologie au sein de l’administration, à côté du chef de service et de l’administration elle-même.

Cette fonction est-elle bien identifiée par les agents publics ?

Il est nécessaire de prévoir une communication adéquate au moment de sa mise en place mais également à intervalles réguliers pour faire connaître ce nouveau droit statutaire et créer les conditions de la saisine du référent déontologue.

Justement, concernant le CIG Petite Couronne, combien de saisines à ce jour ? Quels sont les motifs pour lesquels les agents viennent vous voir ?

Depuis ma désignation le 1er juillet dernier, j’ai traité une centaine de saisines portant sur des obligations déontologiques diverses. J’ai ainsi accompagné des agents publics dans leurs projets de cumul d’activités et de départ dans le secteur privé en prenant soin d’analyser la compatibilité de l’activité privée envisagée avec leurs fonctions et de les alerter sur une possible situation de prise illégale d’intérêts par exemple. J’ai également répondu à des questions sur des situations concrètes touchant à l’application du principe de laïcité et de l’obligation de neutralité des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions. D’autres saisines ont porté sur des situations concernant l’obligation d’obéissance hiérarchique, le principe de probité ou bien encore le devoir d’impartialité des agents publics. Ces saisines témoignent d’un réel besoin d’information et de conseil des agents publics et de leur souhait de mieux appréhender les obligations auxquelles ils sont soumis.

Stéphane Menu

Transformations, fusions, mutations : et les DRH dans tout ça ?

Transformations, fusions, mutations : et les DRH dans tout ça ? Les responsables des ressources humaines de la fonction publique doivent repenser leur métier pour valoriser les parcours professionnels et les compétences de cinq millions d'agents publics. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Confrontés ces dix dernières années aux nombreuses réformes de la fonction publique, les directions des ressources humaines, en première ligne pour appliquer les changements et impulser la modernisation  des services, sont elles-mêmes en train de conduire leur mue. Dans les trois versants de la fonction publique, les DRH remettent sans cesse en question leur pratique et repensent en permanence l’organisation du travail à l’aune du tout numérique. Le grand chantier de transformation initié par le gouvernement Philippe, « Action publique 2022 », concrétise un peu plus encore cette obligation qui leur est faite de réinventer la gestion des compétences de quelque cinq millions d’agents publics. Colloques, formations et échanges nourris leur permettent de partager leur diagnostic et de rechercher solutions et outils nouveaux.

Simplification des tâches administratives

A l’occasion d’une journée d’étude le 6 avril 2018 à l’Ecole supérieure de physique et de chimie de la Ville de Paris, plus de 150 DRH de l’Association des DRH des grandes collectivités (ADRHGCT) se sont ainsi penchés sur les meilleures façons d’anticiper, d’accompagner mais aussi d’encourager l’évolution des métiers et des compétences des fonctionnaires. « Il est important de rappeler que les attentes des praticiens concernant la modernisation de la fonction publique ne sont sans doute pas des plans de départs volontaires ou un recours massif aux contractuels, a précisé Johan Theuret, président de l’ADRHGCT. Ces attentes portent plutôt sur une simplification de nos tâches administratives RH pour nous permettre de faire de la vraie gestion des compétences face à l’évolution des métiers. Nous avons besoin de dégager du temps au profit de la gestion de compétences. »

Gestion prospective

Lors de son intervention à cette journée d’étude, Aline Scouarnec, professeur à l’IAE de Caen et à l’Essec et présidente d’honneur de l’Association Francophone de Gestion des Ressources Humaines (AGRH), s’est notamment référé au plan d’investissement 2018-2022, remis en septembre 2017 par Jean Pisani-Ferry au Premier ministre. L’un des axes de ce plan national porte, en effet, sur l’édification d’une société des compétences.

« Nous sommes de plus en plus face à l’idée qu’il y a  rupture entre le monde d’hier et celui d’aujourd’hui, explique-t-elle. Au sein du monde du travail, il faut concevoir la gestion des ressources humaines dans ce nouveau contexte, qui vise davantage à équiper les personnes que les organisations. La loi Travail avec le compte personnel de formation en est ainsi un des derniers exemples. »

Nouveaux rapports au temps, à l’espace, à l’autre, au travail…,  les équipes RH de la fonction publique, comme celles du privé, vont devoir passer par une phase innovation, casser leurs habitudes et essayer de faire différemment tout en associant les agents.

« Le mot de GRH n’est plus adapté, remarque l’universitaire. Aujourd’hui, il s’agit de gouvernance des personnes et des organisations. L’heure est venue d’une gestion prospective des métiers. » Une analyse qu’Aline Scouarnec a développé largement avec d’autres enseignants-chercheurs de l’AGRH dans un rapport publié en novembre 2017 à l’occasion des 70 ans de l’Association nationale des DRH.

Emmanuelle Quémard

Fabrique du changement 2018 – Etoile

Fabrique du changement 2018 - A lire sur Etoile Mag Actualités. Un salarié passerait en moyenne 3 semaines par an en réunion, plus du double pour les cadres et 75% d’entre eux déclarent y perdre du temps *. 44% des salariés souffrent de charge mentale, 24 % seraient en hyperstress et 3, 2 millions de travailleurs, soit plus de 12% de la population active française, serait sous la menace d'un burn-out ** …

Mais les études sont formelles : 31% des salariés sont plus productifs s’ils sont heureux au travail et 80% d’entre eux pensent qu’on travaillera différemment dans 10 ans***. Il n’en fallait pas plus à la Tribu du Changement pour vous embarquer vers une nouvelle édition de la Fabrique du Changement !

Ils/elles sont facilitateurs, comédiens, formateurs, coachs, animateurs, photographes, graphistes, professionnels de la concertation, de l’évènementiel, du travail collaboratif et du numérique. Les membres de la Tribu diffusent la culture du collectif et de l’innovation sociale grâce à des compétences variées et des techniques ingénieuses basées avant tout sur l’intelligence collective.

Acteurs locaux de l’accompagnement au changement, ils organisent cette année la 3ème édition de la Fabrique Bordelaise. Le 15 mai prochain, la Tribu vous donne rendez-vous au parc l’Ermitage-Compostelle du Bouscat. Pour ne pas devoir attendre 10 ans pour être plus heureux au travail « Je change, nous changeons » sera le leitmotiv de cette journée !

Méthodes agiles, mindmapping, management participatif, intelligence collective, développement personnel, qualité de vie au travail, facilitation graphique (sans PowerPoint !) : près de 100 ateliers permettront à tous de planifier une journée de découvertes sur-mesure. Chacun expérimentera les solutions proposées et partagera une expérience incroyable avec près de 400 participants ! Venez vivre une journée d’ateliers, de moments conviviaux et d’inspiration collectifs autour du concept du changement conduits par 60 animateurs. Partez à la découverte d’outils concrets à déployer avec vos équipes pour changer de regard et innover. Expérimentez des méthodes inédites, des solutions alternatives et des bonnes pratiques astucieuses. Découvrez comment développer la confiance de vos collaborateurs, booster la créativité et favoriser l’autonomie de chacun pour mener de nouveaux projets.

Le changement n’est pas une destination à atteindre, c’est un voyage à vivre, la Tribu du Changement sera votre guide le 15 mai, et au-delà !

Inscrivez-vous dès aujourd’hui seul ou en équipe sur le site https://www.lafabriqueduchangement.events/bordeaux-2/  Et faites partie des 100% des participants qui se disent si « Je change, nous changeons » !

Karine Turcin – La Fabrique du changement

Source : *Ifop mars 2016**Ipsos décémbre 2017 *** Stimulus juin 2017

Médiation préalable dans les Centres de gestion « Le décret n’insiste pas assez sur le principe de confidentialité » – Interview de Guillaume Glénard

Médiation préalable dans les Centres de gestion « Le décret n’insiste pas assez sur le principe de confidentialité » - Interview de Guillaume Glénard. Dans les contentieux sociaux et de fonction publique, certains recours devant le juge devront désormais obligatoirement être précédés d’une médiation, assurée notamment par les Centres de gestion de la Fonction publique territoriale. L’expérimentation a débuté le 1er avril et s’achèvera le 18 novembre 2020. Le gouvernement décidera dès lors d’y donner suite… ou pas. Décryptage avec Guillaume Glénard, avocat associé au cabinet Landot. Dans les contentieux sociaux et de fonction publique, certains recours devant le juge devront désormais obligatoirement être précédés d’une médiation, assurée notamment par les Centres de gestion de la Fonction publique territoriale. L’expérimentation a débuté le 1er avril et s’achèvera le 18 novembre 2020. Le gouvernement décidera dès lors d’y donner suite… ou pas. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Le décret sur la médiation préalable de médiation vient de paraître. Vous paraît-il suffisamment précis pour permettre aux centres de gestion de répondre à ce défi ?

Le décret du 16 février 2018 me paraît suffisamment précis sur le plan de la procédure. Il précise en effet bien à quel moment et comment la médiation doit être engagée et les conséquences du déroulement de celle-ci sur la procédure contentieuse. De même, les catégories d’agents et les types de décisions qui sont concernés par la médiation sont bien précisés, de sorte que le périmètre d’intervention des centres de gestion ne devrait pas soulever trop de difficultés d’interprétation. En revanche, deux points auraient pu, sinon dû, être détaillés. Le premier est celui du délai dans lequel les centres de gestion devront proposer une solution. Aucune indication n’est donnée. Il est donc à craindre que si des moyens suffisants ne sont pas prévus, les centres de gestion ne puissent agir dans des délais raisonnables. Le deuxième point, est celui de la façon dont la médiation va se dérouler concrètement. Le décret n’en dit rien. Certes, on peut supposer que les centres de gestion appliqueront les grands principes juridiques tel celui du contradictoire, mais il aurait été préférable de le préciser. Plus encore, il aurait été indispensable d’indiquer, tout comme le code de justice administrative le prévoit pour la médiation facultative à l’initiative des parties ou du juge, que les échanges soient soumis au principe de confidentialité. Car c’est là une condition du succès de la médiation qui suppose que les parties puissent reconnaître leurs torts sans craindre que leurs propos soient utilisés contre elles devant le tribunal administration en cas d’échec de la médiation.

A-t-on une idée de l’identité physique de la personne physique qui assurera cette médiation dans les CDG ? En aura-t-elle les compétences ? Le recours à un avocat sera-t-il indispensable pour que l’expérimentation soit couronnée de succès ?

Le décret est muet sur ce point. Il appartiendra donc à chaque centre de gestion de désigner le médiateur. On peut toutefois espérer que leur choix se portera sur une personne compétente en droit de la fonction publique.

Quant à la présence d’un avocat, bien que là encore le texte n’en dise mot, je ne vois pas comment elle pourrait être écartée dès lors qu’une partie demande à être assistée. Le principe général des droits de la défense me semble constituer un fondement suffisant à cet égard.

Est-on certain que l’impartialité du médiateur est garantie ? Qu’est-ce qui la conforte dans le décret ?

Le décret ne fournit aucune garantie que le médiateur sera impartial. Toutefois, on imagine mal qu’un médiateur se conduise de manière partiale. Une telle attitude serait tout à fait contreproductive car elle signerait à coup sûr l’échec de la médiation, puisque la partie lésée n’aurait d’autre alternative que de faire trancher le litige par le tribunal administratif.

Stéphane Menu

Plan de départs volontaires : un aller simple vers le privé ?

Plan de départs volontaires : un aller simple vers le privé ? Le dispositif existe déjà depuis plusieurs années mais la volonté du gouvernement est d'inciter les agents à davantage de mobilité vers le privé, y compris au travers de nouvelles mesures facilitant leur réintégration dans la fonction publique. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Dès le  premier comité interministériel de la transformation publique, le 1er février 2018, le gouvernement avait annoncé la couleur. Parmi les nombreuses pistes esquissées pour moderniser la fonction publique tout en en réduisant la masse salariale (120 000 postes en moins d’ici à 2020), le recours accru aux départs volontaires a d’emblée suscité un tollé parmi les syndicats et laissé sceptiques bon nombre d’employeurs publics. Néanmoins, alors que s’engage la concertation sur le thème de la « refondation du contrat social avec les agents publics », Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics et Olivier Dussopt, son secrétaire d’Etat  confortent ce chantier de réforme. Au cours des futures réunions qui s’étaleront jusqu’en octobre prochain, gouvernement, syndicats et employeurs plancheront donc sur « un accompagnement renforcé en matière d’évolution de carrière », au sein de la fonction publique ou vers le privé par le biais notamment des plans de départs volontaires.

Montant maximum

Si la possibilité de départ volontaire existe depuis plusieurs années déjà dans la fonction publique-les dates de décrets variant de 1998 à 2009 selon les fonctions publiques- force est de constater que les agents publics ne sont pas massivement rués vers le privé …Utilisée en cas de suppression de poste, de restructuration de service, de création ou de reprise d’entreprise, l’indemnité de départ volontaire est jugée peu attractive par les fonctionnaires. Selon les textes en vigueur, elle ne peut, en effet, dépasser « un montant maximum fixé à 2 fois la rémunération brute annuelle perçue pendant l’année civile précédant la démission ». Dans la fonction publique hospitalière, où elle existe depuis 1998, le montant brut de l’indemnité ne peut pas dépasser 45 734,71 euros quelle que soit l’ancienneté de l’agent.

Argent public

« Ce plafond de l’indemnité peut constituer un frein à l’extension du dispositif, reconnaît Karl Olive, maire de Poissy (Yvelines), dont trois agents ont recouru au dispositif en 2016-2017 pour un montant total de 110 000 euros. En outre, la mesure n’est pas assortie de droits au chômage. Sans être une fin en soi, cet outil de restructuration des RH mériterait d’être assoupli. »

Aux yeux également de Béatrice de Lavalette, adjointe au maire en charge des ressources humaines et du dialogue social à Suresnes (Hauts-de-Seine), les modalités de départ volontaires ne sont pas assez attractives. « Il ne faut pas oublier non plus que c’est de l’argent public qui est ainsi octroyé », souligne-t-elle. Les décrets prévoient  d’ailleurs que si l’agent est à nouveau recruté en tant que fonctionnaire ou agent contractuel dans la fonction publique dans les cinq ans suivant sa démission, il doit rembourser son indemnité de départ …

D’autres dispositions « fonction publique » du projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel  ont, par ailleurs, été adoptées le 27 mars 2018 par le Conseil commun de la fonction publique. Elles permettent, dans le cadre de la « mise en disponibilité », aux agents intéressés par une mobilité vers le privé à conserver leurs droits à avancement, à promotion et à réintégration  dans la fonction publique, pendant cinq ans maximum.

Emmanuelle Quémard

« C’est la diversité qui permet la performance » – Interview de Virginie Haldric

« C’est la diversité qui permet la performance » - Interview de Virginie Haldric, DGS de la communauté d’agglomération Arles Crau Camargue Montagnette. Femmes, hommes, séniors, juniors, venus de tous les horizons sociaux… Pour Virginie Haldric, il faut rechercher la multiplicité des profils dans une collectivité pour élever son potentiel de performance. A lire sur Etoile Mag Actualités.

En votre qualité de DGS, vous avez toujours veillé à l’égalité femme-homme. Comment les hommes ont réagi à l’évidence de cette mixité des fonctions ?

J’aborde globalement la question des discriminations : celles des genres, oui, mais aussi celles des âges, des origines culturelles, des formations initiales, etc. Toutes les différences au « standard ». Dès lors, chacun peut se sentir positivement concerné par ce thème. Qui plus est, je ne l’aborde pas uniquement sous l’angle des valeurs humaines, même si cela correspond profondément à mes convictions mais aussi et surtout par la plus-value engendrée par cette diversité. En termes générationnels, par exemple, les équipes comprennent très vite que le recrutement de collaborateurs plus âgés que l’habituel créneau 30-45 ans, permet de se donner les moyens de profiter d’une expérience et d’une conception souvent moins compétitrice des relations humaines. A contrario, recruter des très jeunes, c’est s’ouvrir à la légèreté, à l’agilité, à une autre relation au travail. Dans mon dernier poste, j’ai constaté que, dans certaines équipes, on a recruté, massivement, sur des postes de chef de projet, des jeunes femmes de 25-35 ans qui, très naturellement, ont souhaité avoir des enfants ; ce qui, bien évidemment, a profondément perturbé les équipes. Facile de s’appuyer sur cet exemple pour démontrer qu’il faut, dans la constitution des services, travailler sur la diversité qui est un chemin de performance. Chaque manager trouve son compte à être éveillé à ces questions. La DRH, plus encore et le DGS au premier chef.

L’aboutissement de ce processus de rattrapage des inégalités femmes-hommes serait justement de ne plus en parler. Existe-t-il cependant à vos yeux des spécificités de management féminines et d’autres plus masculines ou est-ce que le fait de poser ainsi la question atteste que l’on retombe dans le piège ?

Il est vrai que je suis, comme beaucoup de femmes, très insatisfaite par l’idée de penser que mon recrutement serait, peut-être, le fait d’un quota plutôt que d’un choix… Je préférerais donc que nous n’ayons pas à en passer par ce type de processus. Je crois, bien davantage, à l’empowerment qu’aux quotas. Par ailleurs, je pense que chacun de nous porte en lui des compétences et des qualités qui procèdent plus du féminin ou du masculin. J’ai travaillé avec des femmes tellement dures et exigeantes qu’elles ne constituaient, en aucun cas, des modèles de management féminin. Tout ce qui nous forge est extrêmement complexe : notre genre, nos origines, nos rencontres, notre éducation, notre spiritualité, nos découvertes, etc. Je crois que, bien plus que le genre, ce sont les qualités intrinsèques de la personne et ses potentialités qui peuvent ou pas être adaptées à une situation. Lorsque je recrute, ceci constitue ma grille de lecture privilégiée. Tout le reste, la formation, l’expérience, le carnet d’adresse, peuvent toujours s’acquérir.

A compétences égales, le recrutement d’un DGS féminin est-il plus compliqué que le contraire ?

Il me semble, en tous cas, procéder d’un volontarisme spécifique de la part de l’élu. J’observe que le recruteur a, souvent, une représentation qu’il estime rassurante du candidat qu’il considère comme idéal ! Il y a tellement peu de femmes DGS aujourd’hui qu’en retenir une répond, sans doute, dans l’esprit du maire ou du président, à une forme de prise de risque. Chaque recrutement que j’ai opéré et qui permettait d’accentuer la diversité m’a conduit à devoir démontrer l’intérêt d’oser sortir des schémas classiques.

Stéphane Menu

Le conseil « carrière » de Virginie Haldric

 « Croire que l’on peut vous faire confiance »

 « J’ai eu la chance dans mon parcours de rencontrer des élus, généralement des hommes, qui m’ont fait confiance. Certains autres ont préféré choisir un homme, parfois moins expérimenté et moins formé que moi -voire même illégitime statutairement-, à l’apparence conventionnelle. J’en suis, rétrospectivement ravie car cela m’a donné l’occasion de m’engager pleinement aux côtés de ceux qui ont cru en moi  ».

Gestion de carrière : selon les fonctionnaires, l’administration n’est pas assez à l’écoute

Evolution et gestion de carrière : les fonctionnaires évaluent leur administration. Selon une enquête inédite de la direction interministérielle à la transformation publique, les agents publics jugent « globalement positifs » les rapports entretenus avec leur propre administration, mais estiment néanmoins que celle-ci n'est « pas suffisamment à leur écoute ». A lire sur Etoile Mag Actualités.

Quel regard portent les agents publics sur les démarches administratives qu’ils ont à accomplir dans le cadre de leur vie professionnelle ? C’est à cette question que répond l’enquête inédite que vient de publier la direction interministérielle à la transformation publique (DITP).  Réalisée en décembre 2017 auprès de 3755 agents des trois versants de la fonction publique, cette étude montre que les personnels de l’Etat, des hôpitaux et des collectivités jugent à l’unisson « globalement positifs » les rapports entretenus avec leur administration. En prenant en compte l’ensemble des évènements jalonnant une carrière professionnelle, le « taux moyen de complexité » constaté par les agents publics s’élève à 23%, soit un niveau comparable à celui observé auprès du grand public (21%) et nettement inférieur à celui déclaré par les entreprises (35%). Cette perception, à priori plutôt favorable, cache en réalité des appréciations plus contrastées selon les thèmes évoqués.

Complexité dans la gestion de carrière : mobilité inter-fonction publique, départs…

Si les agents interrogés estiment, en effet, que les formalités du quotidien apparaissent relativement simples (renouvellement de contrat, demande de formation, changement de situation personnelle, congé maternité, arrêt maladie ordinaire…), ils constatent aussi que les démarches peuvent parfois s’avérer beaucoup plus complexes, notamment dans le cas où l’agent est confronté à un grave problème de santé (handicap, longue maladie, accident, maladie professionnelle). Parmi les autres pics de complexité pointés par les répondants, figurent les situations liées à l’évolution et à la gestion des carrières. Au hit-parade des dossiers les plus lourds à mettre en œuvre, les fonctionnaires citent la préparation au départ à la retraite (36%), les changements de poste au sein de la même fonction publique (35%), la mobilité d’une fonction publique à une autre (32%), le départ de la fonction publique (32%), le passage d’un concours ou d’un examen (31%) ou encore la demande d’une mise en disponibilité (31%).

Difficulté à identifier un référent ressources humaines, et lourdeurs administratives

Les principaux griefs soulignés par les agents vis-à-vis de leur administration concernent essentiellement les lourdeurs bureaucratiques dont ils se sentent victimes. Ils citent en particulier la multiplicité des documents à fournir, la surabondance des papiers à remplir, les délais d’attente pour instruire les dossiers, les difficultés à obtenir des documents ou encore le casse-tête pour accéder à certaines informations. Autant de raisons qui incitent 54% des personnels à qualifier l’administration dont ils dépendent de « pas suffisamment à leur écoute ». Un taux qui bondit à 58% pour les agents hospitaliers, les salariés de l’Etat et des collectivités étant un peu moins critiques (53%) vis-à-vis de leurs employeurs. Autre motif d’insatisfaction : la difficulté pour une proportion non négligeable d’agents publics à identifier clairement le « référent ressources humaines » dont ils dépendent. En effet, même si les services RH et du personnel constituent les principaux interlocuteurs des agents (pour la moitié d’entre eux) pour les questions relevant des ressources humaines, seulement 72% d’entre eux sont en mesure de mettre un nom sur la personne qui exerce cette responsabilité au sein de leur administration. Et parmi les personnels qui peuvent identifier ce référent, ils ne sont que 61 % à être entrés en contact avec lui au cours des deux dernières années.

Emmanuelle Quémard

Agents publics : en 2018, entrez dans le monde des métiers du numérique

Agents publics : en 2018, entrez dans le monde du numérique. C'est le projet du moment : la modernisation de l’action publique à l’horizon 2022 et, avec elle, la « transformation numérique ». L'objectif : adapter les infrastructures, proposer de nouveaux services numériques, dématérialiser les démarches... Un « big bang » qui peut paraître angoissant, mais qui ouvre aussi des possibilités d'évolution de carrière pour les curieux des métiers du numérique. Article Etoile Mag Actualités.

2018 : l’année de la cybersécurité et de l’open data

 

La récente cyberattaque contre le gouvernement allemand le montre : la cybersécurité est désormais un enjeu de taille. En 2018, l’ANSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), comme l’Armée, agrandissent leurs équipes et recrutent des experts en cybersécurité, chargés de surveiller et protéger les réseaux numériques de l’Etat.

2018 est aussi l’année de l’open data. En octobre, les collectivités de plus de 3500 habitants seront dans l’obligation d’ouvrir leurs données au public. C’est là que le data-scientist entre en scène : expert en gestion, analyse et exploitation de données, son métier combine rigueur scientifique et créativité. Dans le public comme dans le privé, il est très recherché. Le rapport 2018 de la Cour des comptes estime que « la France forme 500 data-scientists par an, contre une demande du marché de 5000 à 10000 ».

Méthodes dites « agiles » : Quand « l’esprit start-up » s’invite dans la fonction publique

 

C’est l’un des concepts clés de la « transformation numérique » : l’adoption de méthodes dites « agiles », qui privilégient la collaboration et l’adaptation permanente – tant dans la conduite d’un projet que dans la conception de services tournés vers l’usager. Des expérimentations comme les Entrepreneurs d’Intérêt Général sollicitent des compétences venues des start-up : des managers adeptes de méthodes comme le « design thinking », des ergonomes, des développeurs…

Pénurie de talents dans le numérique : (in)formez-vous !

 

« La difficulté à recruter les compétences est le principal enjeu [du numérique] en 2018 », affirme Syntec Numérique dans son bilan 2017. Le numérique a l’avantage d’adopter tout le monde : du codeur reconverti en quelques mois par une formation professionnelle, à l’expert en cybersécurité titulaire d’un master d’école d’ingénieur.

Pour préparer votre évolution, stimulez votre curiosité : étudiez la version 2016 du référentiel des métiers des SIC dans la fonction publique. Inscrivez-vous à quelques comptes Twitter (@Opendata_fr, @Etalab, @MissionSoNum). Suivez des projets novateurs comme la plateforme de données de la métropole de Rennes. Veillez les offres d’emploi sur Etoile et les formations du CNFPT. Lancez-vous dans des MOOCS sur OpenClassrooms ou Fun-mooc. Consultez les ressources pédagogiques de Opendata Locale

N’hésitez pas non plus à solliciter un bilan de compétences ou un Conseil en évolution professionnelle (CEP). Ces démarches vous aideront à cibler des métiers et des formations… Afin de rendre concrète votre entrée dans le monde encore inexploré du numérique !

Julie Desbiolles