Des « pantoufleurs » sachant pantoufler

EDF, Veolia ou encore BNP Paribas… De grands groupes aux épaules solides qui n’hésitent pas à recruter dans la fonction publique, essentiellement d’Etat, pour renforcer leurs équipes. Quid, dans ce cas-là, du « pantouflage » ?

Auditionnés le 21 novembre dernier, les DRH sont unanimes : il faut plus de contrôle ! Mieux encore, dans le cas où des agents publics partis dans le privé reviennent dans leurs administrations d’origine, le dit contrôle (aujourd’hui inexistant) serait des plus utiles. Il n’est pas rare que certains hauts fonctionnaires, après un passage dans le privé, décident de revenir à leurs premières amours publiques. Ils passent alors par la Commission de déontologie de la fonction publique qui émet parfois des avis favorables mais « avec réserves ». Ces dernières peuvent ainsi empêcher certains d’entre eux de renouer avec leur administration d’origine.

Or, le moins que l’on puisse écrire, c’est que les dites « réserves » ne font pas l’objet d’un contrôle poussé, tant s’en faut. « L’administration ne nous a jamais contactés », avoue ainsi Jean-Marie Lambert, DRH de Veolia qui « recrute entre un et cinq fonctionnaires par an ». Même son de cloche du côté de Nicole Verdier-Naves, directrice dirigeants, talents et formation des managers à la DRH du groupe EDF : « Je n’ai jamais eu de suivi des avis de la commission [mais] je n’ai pas encore eu à sanctionner un agent pour défaut de déontologie ou de non-respect de l’avis de la Commission ». Co-rapporteur de la mission, le député Les Républicains Olivier Marleix ne peut que regretter de « fortes lacunes » en la matière, pouvant déboucher sur de « potentiels » conflits d’intérêt. « Personne n’effectue véritablement le contrôle des relations entre les fonctionnaires partis dans le privé et leur administration d’origine, insiste le parlementaire. Les administrions ne sont pas organisées pour faire respecter les avis de la Commission de déontologie ».

Les députés Fabien Matras et Olivier Marleix, respectivement président et co-rapporteur de la mission d’information, rendront les conclusions de leurs travaux devant la commission des lois de l’Assemblée nationale à la mi-décembre. A l’heure où le besoin de transparence est porté comme un étendard, on peut imaginer que des mesures fortes seront alors annoncées… et exaucées par le privé !

Stéphane Menu

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