Les Français favorables à une réforme de la fonction publique mais partagés sur la réduction du nombre de fonctionnaires

Quel regard portent les Français sur la fonction publique et sur les fonctionnaires ? Comment jugent-ils le projet de réforme annoncé par le Premier ministre le 1er février 2018 lors du premier comité interministériel de la  transformation publique ? C’est à ces deux questions que répond un récent sondage signé Harris Interactive pour LCP (La Chaîne Parlementaire). Premier enseignement de cette intéressante enquête réalisée en ligne les 4 et 5 avril 2018 auprès d’un échantillon de 1063 personnes : la sphère publique continue d’avoir globalement bonne presse, malgré les tensions sociales apparues ces dernières semaines. Une nette majorité de répondants déclarent, en effet, avoir une opinion « plutôt positive » à l’égard de la fonction publique (64%), des services publics (63%) et des fonctionnaires (62%). Reste que l’image de la fonction publique apparaît nettement plus clivée selon que les personnes interrogées sont issues du secteur privé ou du secteur public. Ainsi, seulement 55% des Français travaillant dans le privé déclarent avoir une « bonne opinion » de la fonction publique, une proportion qui atteint 81% chez ceux qui occupent un emploi dans le secteur public. Même hiatus dans la manière d’apprécier les fonctionnaires. Dans le privé, 52% des répondants affirment en avoir une bonne opinion, alors que dans le public, ce pourcentage grimpe à 82%.

Éternel clivage public/privé

Ce clivage se retrouve lorsqu’il s’agit de qualifier la fonction publique. Pour 74% des Français exerçant leur activité professionnelle dans le privé, elle est « trop coûteuse » et les agents publics sont perçus comme des « privilégiés ». Perception radicalement différente chez les répondants occupant un emploi public, puisque 80% d’entre eux jugent la fonction publique « compétente » (contre 53% chez les actifs du privé), 74% la trouvent « soucieuse de l’intérêt général » (seulement 45% partagent cette opinion dans le privé), tandis que 73% des sondés estiment qu’elle « sait répondre aux besoins des usagers » (44% pour ceux du privé). Concernant « l’efficacité » de la fonction publique, elle est reconnue par 62% des Français travaillant dans le public, alors qu’à peine 34% des personnes évoluant dans le privé lui reconnaissent cette qualité.

Face au projet de réforme de la fonction publique porté par le gouvernement, les personnes interrogées par Harris Interactive se déclarent spontanément favorables aux chantiers mis à l’ordre du jour par l’exécutif. Une majorité considère que la réforme est « bonne » et « nécessaire ». Mais là encore, la perception diverge selon l’appartenance professionnelle des sondés. Dans le privé, on met en avant la « nécessité » de cette réforme, en pointant les supposés « privilèges » des fonctionnaires. A l’inverse, les actifs du secteur public jugent d’abord les modifications à venir à l’aune de la suppression des moyens et de l’impact sur les salaires et les retraites.

Consensus sur la mobilité

Parmi les différents items de la réforme testés par Harris, certains recueillent un assentiment assez net chez les Français. La mobilité entre fonction publique et secteur privé au cours d’une carrière apparaît notamment comme un sujet faisant consensus dans le privé comme dans le public. Globalement, 84% des répondants se déclarent favorables à cette mesure.

D’autres points de la réforme sont plus diversement appréciés. Les sondés appartenant au secteur privé se montrent, par exemple, les plus favorables (82%) à l’alignement des régimes de retraites de la fonction publique sur ceux du privé. Il en va de même pour le développement du recrutement de contractuels dans la fonction publique (75%), la rémunération au mérite pour les fonctionnaires (74%) et la fin de « l’emploi à vie » (74%). Autant de mesures qui provoquent plus de réticences dans le public, même si dans cette sphère professionnelle on approuve massivement (81%) le principe d’une augmentation de la rémunération des fonctionnaires. Enfin, les Français apparaissent très divisés sur le principe de la réduction du nombre de fonctionnaires, seulement 54% d’entre eux déclarant y être favorables. D’ailleurs, quel que soit le secteur d’appartenance des personnes interrogées, certaines catégories d’agents publics apparaissent comme devant être épargnées par les compressions d’effectifs :  les agents hospitaliers (86% des Français estimant qu’il en faudrait plus), les policiers (71%) et les enseignants (66%).

Emmanuelle Quémard

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