Management : Ça fait peur !

Depuis ce matin, la leucosélophobie me tient. La quoi ? La peur de la page blanche, ce mal des plumitifs dont l’inspiration est tellement essoufflée qu’ils finissent eux-mêmes par étouffer ! Aussi, et bien que je sois aussi un tantinet katagélophobe – entendez par là que l’idée d’être ridicule me paralyse plus sûrement que le péché ne pétrifia la femme de Loth – j’ai décidé d’aborder ici la peur au travail. Passons rapidement sur les claustrophobes – dont je suis hélas aussi – contraints de grimper des escaliers aux marches desquelles ils ne rencontreront jamais les climacophobes dont la principale angoisse est justement de descendre celles-ci. En 2014, Le Figaro révélait déjà que deux Français sur trois ont peur d’aller au boulot le matin, peur de la pression hiérarchique pour plus d’un sur quatre, mais aussi peur d’arriver en retard ou peur de leur supérieur pour 20 % d’entre eux. D’après une autre étude – britannique celle-là – plus d’un quart des employés iraient même jusqu’à redouter le téléphone. Mais évidemment l’atychiphobie, ou peur d’échouer, est celle qui (re)tient le plus au bureau, surtout les atélophobes que rien ne terrorise plus que l’imperfection. À l’idée de ne pouvoir assumer sa charge de travail ou de commettre une erreur, tous ceux-là – et ils sont nombreux – ont le ventre plus sûrement noué au bureau que sur le Grand Huit de la Foire du Trône… Or, ces anxiétés finissent évidemment par glacer la dynamique collective. C’est dire donc si les managers ont, une fois de plus, intérêt à créer un environnement rassérénant, résolument fondé sur la bienveillance et le droit à l’erreur. À moins, bien sûr, qu’ils ne souhaitent sciemment faire de la terreur un mode managérial… Mais à leur place, je m’inquiéterais… Car ne serait-ce pas là le symptôme larvé d’une bonne hypégiaphobie, ou peur des responsabilités ?!

Laurence Denès

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