Une éthique en toc ?

Dans un article publié en ligne sur RH Info mi février, Marie-Laure Meunier se penche sur le management éthique. Comme elle le dit elle-même, l’éthique est, en effet, devenue un « enjeu incontournable aujourd’hui en entreprise ». Et pas que, bien sûr, les collectivités étant également en première ligne de cette révolution interne autant soufflée par Sapin 2, qui donne un nouveau cadre légal à la lutte contre la corruption, que par le Règlement général sur la protection des données (RGPD), dont les nouvelles règles seront applicables au 25 mai prochain. Mais l’affaire ne s’arrête évidemment pas là : tout comme les organisations du privé – voire plus encore, compte tenu de l’objet d’intérêt général qui est le leur – les entités publiques doivent aussi s’attacher à développer désormais un comportement exemplaire, une « gouvernance de l’éthique » qui exige un nouveau rapport aux personnes. Au niveau collectif, cela passe par la lutte contre les discriminations, la poursuite de l’égalité femmes-hommes ou encore l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, des engagements que les collectivités connaissent bien à défaut d’appliquer toujours. Et sur le plan individuel, la dynamique impose des managers plus probes et courageux qu’une armée de Bayard. Car bien évidemment, pas de management éthique sans managers éthiques, c’est-à-dire des managers qui agissent dans le respect des personnes. « L’éthique ne peut plus être considérée comme une mode pour le management » lit-on avec délectation sous la plume de Marie-Laure Meunier qui insiste : désormais, « un bon manager est aussi un manager éthique ». Le discours en faveur de la bienveillance et de la confiance serait aussi doux et revigorant qu’un rayon de soleil en pleine bruine bretonne si cette petite phrase ne venait y jeter une ombre : « À défaut de pouvoir démontrer de façon tangible que les pratiques éthiques de l’entreprise créent de la performance, on constate qu’elles s’avèrent la plupart du temps « payantes ». Certes, Marie-Laure Meunier n’est pas la première à faire rimer sens et performance et je crains même – mea culpa – l’avoir fait plus d’une fois tant il est vrai que leur interdépendance relève tout bonnement du… bon sens. Mais à bien y réfléchir, prôner l’éthique au nom de la rentabilité, est-ce vraiment éthique ?

 

Laurence Denès

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