Rémunération au mérite, rémunération à la performance…, le sujet est récurrent dans la fonction publique ces dernières années. Comme s’il devenait de plus en plus difficile de motiver les agents des trois fonctions publiques en dehors d’une juste rétribution en espèces sonnantes et trébuchantes. Même si selon le sociologue des organisations François Dupuy, « il ne faut pas nier cette dimension pécuniaire », force est de constater que l’engagement des fonctionnaires ne se mesure pas seulement à l’aune de la PFR ou du Rifseep.
En essayant de donner d’une main ce qu’il retire de l’autre en gelant le point d’indice et en exerçant une pression budgétaire sur les administrations, le gouvernement ne rend pas la tâche facile aux employeurs publics et ne renforce pas l’attractivité de la fonction publique.
Mesurer la performance
« Les statuts ont été conçus pour protéger les agents de l’arbitraire et garantir leur neutralité, rappelle François Dupuy. La rémunération au mérite est en quelque sorte contraire au principe même pour lequel les statuts ont été créés. » Reconnaître le mérite professionnel pose aussi la question de sa mesure. « Soit, cela relève d’une vision subjective, souligne le sociologue, soit, comme dans le privé, le mérite est évalué en fonction d’indicateurs de performance, ce qui introduit une dimension plus technique ».
En outre, si la prime d’intéressement à la performance collective est prévue par le législateur, c’est davantage la performance individuelle qui est valorisée par le nouveau régime indemnitaire Rifseep mis en place à l’Etat en 2014 et étendu à la territoriale en 2018. « Or, avance François Dupuy, ce qui fait la performance d’une organisation, c’est la capacité des membres à travailler ensemble, à coopérer. »
Engagement au travail
Si le levier de la rémunération est indéniable dans l’engagement professionnel des agents, -ce qui n’est pas différent dans le privé-, il n’est pas le plus important selon le sociologue. « L’engagement au travail, c’est faire plus que ce qui est écrit dans son contrat de travail ou dans la définition de sa fonction, explique-t-il. En somme, l’engagement consiste à faire plus que ce pour quoi on est payé. Des facteurs sont propices à cet engagement tels que la confiance. Plus leur hiérarchie leur fera confiance, plus les salariés ou les agents vont se sentir responsabilisés. Et plus, ils s’engageront au travail. » « Aujourd’hui, les règles générales et impersonnelles qui régissent les relations entre les usagers et l’administration, et au sein même de l’administration, ne laissent pas de place à l’initiative, ajoute François Dupuy. Les agents sont très prudents en matière de prise d’initiatives car le système actuel dans la fonction publique sanctionne plus qu’il ne récompense. Au-delà de la rémunération au mérite, il faudra du temps pour redonner aux agents l’envie de s’engager ».
Emmanuelle Quémard
Une Web-conférence pour aller plus loin sur cette thématique :
Ne manquez pas la web-conférence « Rémunération : faut-il privilégier la performance collective ou individuelle ? » le 3/04/2018 de 11h à 12h. Une conférence Editions WEKA, en partenariat avec EDENRED.
Pour vous inscrire : https://www.weka.fr/actualite/evenement/remuneration-faut-il-privilegier-la-performance-collective-ou-individuelle/

