« Ce sont deux mondes qu’il faut rapprocher pour que les philosophes sachent ce qui se passe dans la vraie vie et que les manageurs bénéficient de leurs apports théoriques », assure Pierre-Olivier Monteil. « Dans mes cours, j’aborde (…) la question de l’éthique professionnelle : pourquoi est-ce que je m’engage dans mon travail ? Par intérêt, par calcul, par idéal ? », poursuit-il. Dans un monde où l’urgence n’a plus de sens puisqu’elle devient de plus en plus la norme –celui qui prend le temps de la réflexion étant assimilé à un cossard-, « la vision à court terme vide la vie de sens. On réagit comme si l’on avait peur d’une panne de temps mais il ne s’agit pas d’un stock qui se gère ! Plutôt que de raisonner en termes de performance, il faudrait se demander ce que nous faisons du présent », affirme-t-il. Il est toujours intéressant d’aller chercher dans les grands universaux de quoi nourrir son implication personnelle dans un collectif plus large et sur lequel nous avons moins prise. Avoir le luxe de penser le présent, de lui accorder une écoute qualitative, en prenant le temps, une utopie managériale à l’heure du numérique ?
Stéphane Menu

