« L’avenir de la fonction publique, c’est nous ! » – Driss Bennis, trésorier de FP21 et directeur d’hôpital

FP21, pour Fonction Publique du 21e siècle, se définit ainsi : « Le réseau et les outils pour les jeunes agents publics, pour favoriser l’accès au secteur public, engager une réflexion sur son avenir et valoriser les métiers du public sur tout le territoire français ». Les jeunes agents publics sont-ils moins entendus que les plus vieux ?

 

Les jeunes agents publics sont moins entendus, de fait, car ils n’occupent par les postes de décision qui sont occupés par les agents publics seniors. L’idée de FP21 est donc de créer un lieu d’abord d’échanges, de réflexion puis d’expression pour les jeunes agents publics. Ainsi, ces derniers ont leur mot à dire sur la fonction publique de demain, qui sera leur cadre de travail, mais aussi sur le service public de demain, qui dessine la société dans laquelle ils vivront. Ainsi, l’enjeu de l’association est notamment d’arriver à représenter la diversité des opinions et des points de vue que portent les jeunes agents publics. Nous sommes a-partisans, nous ne sommes pas un syndicat, nous n’avons pas un point de vue global à porter.

Chaque membre qui s’exprime, le fait en son nom propre. Je pense que nous répondons à une demande des jeunes agents publics. Nous avons aujourd’hui 300 membres et nous sommes très suivis sur les réseaux sociaux. Mais nous répondons aussi à une attente des agents ou organismes plus seniors de la fonction publique, qui nous invitent de plus en plus régulièrement à venir débattre avec eux de sujets d’actualité. Chaque membre de l’association peut donc exprimer son opinion, en respectant les principes républicains et dans le cadre des valeurs du service public.

 

Il n’existe donc pas de vision « jeune » de la fonction publique ?

 

Il y a autant de visions que de jeunes ! En revanche, il y a une nouveauté du regard et des approches. L’action de FP21 se décline autour de trois axes : favoriser l’égalité d’accès à la fonction publique et améliorer l’accueil des jeunes agents (information et préparation aux concours, modalités d’accès aux emplois publics hors concours, etc.) ; création d’une culture commune trans-fonctions publiques et réflexion sur l’avenir de la fonction publique ; valorisation des métiers et des réalisations des agents publics au quotidien… On veut donc réfléchir à l’avenir qui sera le nôtre et être acteurs de son avènement. On sent bien que la fonction publique, dont l’organisation est issue de l’après-guerre, a changé et change tous les jours.

Beaucoup de colloques ressassent les mêmes discours, notamment sur le management, sur les conditions de travail… On entend de belles paroles mais peu de choses concrètes. Nous voulons identifier les verrous à partir de l’expérience concrète de ces jeunes et les faire sauter, pour adapter la fonction publique à notre époque. Mais chacun d’entre nous doit pouvoir penser ce qu’il a au fond de lui. Adopter des positions communes, c’est exclure des jeunes agents publics qui ne seraient pas d’accord avec nous. Ce n’est pas le but recherché. Le but, c’est que les jeunes soient entendus, quoi qu’ils aient à dire.

 

Comment souhaitez-vous peser dans les débats ?

 

L’avenir de la fonction publique, c’est nous. Il faut donc que l’on puisse dire comment on la conçoit. Les jeunes générations sont aujourd’hui en quête de sens, de mobilité, mais aussi de sécurité. J’aime tenir un langage de vérité. J’occupe des fonctions de conception et de décision profondément marquées par les notions de service public et d’intérêt général, avec engagement ; il m’est facile de donner du sens à mon action et d’en retirer de la satisfaction symbolique, matérielle aussi.

Mais pour les autres ? Pour les personnels occupant des fonctions moins caractérisées en regard du secteur privé, moins rétribuées aussi, comment conçoivent-ils leur engagement ? Dans les cercles de réflexion, on parle beaucoup des cadres, jeunes ou moins jeunes, et de leurs préoccupations, moins des autres qui font aussi vivre le service public au quotidien. Or, nous avons besoin d’une diversité des opinions, des ressentis, pour envisager efficacement l’avenir de la fonction publique. C’est ce que FP21 propose d’apporter au débat public.

 

Stéphane Menu

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