76% des agents des trois versants de la fonction publique se déclarent très insatisfaits de la manière dont leur employeur gère les ressources humaines. Ce verdict sans appel constitue la principale conclusion du deuxième baromètre RH du secteur public publié le 29 octobre 2018 par le cabinet Boston Consulting Group en partenariat avec Acteurs publics. Au-delà de cet indicateur qui ne devrait pas manquer d’interroger les employeurs publics, c’est la hausse du taux d’insatisfaction qui interpelle.
Alors que s’achève la concertation Action publique 2022 dans un climat social tendu, le nombre d’agents qui expriment de fortes critiques sur la gestion des ressources humaines a, en effet, bondi de 33 points en un an. Une explosion du mécontentement que les experts du Boston Consulting Group expliquent par le croisement de deux facteurs : une augmentation forte des attentes des agents combinée à un recul de la qualité perçue des politiques RH. En clair, les personnels expriment de plus en plus précisément leurs besoins en matière de formation, de déroulement des carrières ou de qualité de vie au travail au moment où les directions – corsetées par des budgets réduits- ne trouvent pas les réponses adéquates.
La formation et la qualité de vie au travail jugés prioritaires
Dans le détail, l’enquête (1) démontre que les personnels de l’Etat, des hôpitaux publics et des collectivités jugent désormais 60 % des leviers RH « importants » ou « très importants ». Et ils appellent implicitement les employeurs à les actionner. Parmi leurs priorités figurent la formation, la qualité de vie au travail, l’anticipation des besoins en emploi, le déroulement des carrières, l’engagement, l’accompagnement des agents en difficulté et l’adaptation aux mutations. Seulement 14 % des agents jugent la qualité des leviers « adéquate » ou « très adéquate », une proportion en nette baisse par rapport à 2017 (-22 %).
Attentes différentes selon le sexe
L’étude du Boston Consulting Group permet également de comparer les attentes des agents selon leur sexe et le versant de la fonction publique auquel ils sont rattachés. Des attentes RH globalement homogènes, même si le baromètre met en évidence quelques différences selon les panels considérés. Ainsi, si les hommes comme les femmes mettent la formation au sommet de leurs préoccupations, les agents masculins placent l’anticipation des besoins en emplois en seconde position alors que les personnels féminins font de la qualité de vie au travail leur deuxième priorité.
On remarquera, par ailleurs, que les agents territoriaux et ceux de l’Etat plébiscitent la formation, tandis que les salariés des hôpitaux font de la qualité de vie au travail un objectif essentiel. A noter que la mobilité hors de la fonction publique constitue le seul des leviers RH dont la mise en œuvre n’est pas estimée importante par la majorité des répondants…
Emmanuelle Quémard
(1) Etude réalisée en ligne sur la période juillet-septembre 2018 auprès d’un millier d’agents des catégories A et A+ de la fonction publique. Près de la moitié des répondants n’exercent aucune fonction RH ni de direction.

