Le RIFSEEP peut-il suffire à remonter le moral des troupes ?

Le RIFSEEP peut-il suffire à remonter le moral des troupes ?

Reconnaissance monétaire et non monétaire

Le débat n’est pas nouveau, loin de là,  mais la notion de rémunération à la performance au sein de la fonction publique territoriale suscite toujours autant de réactions passionnelles, voire même irrationnelles. Les politiques en campagne évoquent d’ailleurs régulièrement  l’argument de la rémunération au mérite pour justifier la nécessaire modernisation d’une fonction publique de carrière assise sur le statut.

Souvent suspectés de remplir leurs missions sans réelle motivation et d’être soucieux simplement de préserver la sécurité de leur emploi, les agents publics ne sont pourtant pas différents des salariés du privé. Reconnaissance monétaire et non monétaire demeurent ainsi des leviers incontournables de leur motivation au travail et de puissants facteurs de bien-être professionnel. Enquête après enquête, sondage après sondage, les chiffres et les courbes ne disent rien d’autre que leur appétence à accomplir des missions et des tâches porteuses de sens et de valeurs de service public.

Faire évoluer les agents en compétence et rémunérations

Marylise Lebranchu, ex-ministre de la fonction publique (2012-2016), a voulu – au travers de l’accord PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations) – redonner aux agents la possibilité de faire évoluer leurs compétences tout au long de leur vie professionnelle. Mais aussi leurs rémunérations. Le nouveau régime indemnitaire RIFSEEP (régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel), qui devra s’appliquer dans les collectivités au plus tard le 1er janvier 2018, est, quant à lui, venu mettre fin à la PFR (prime de fonctions et de résultats). Une prime à qui l’on pouvait reprocher de mesurer la performance d’un agent à l’aune uniquement de ses résultats individuels.

Cela ne suffira pas à remotiver durablement les agents

« Avec le gel du point d’indice durant six ans et une augmentation des primes qui n’est pas forcément à la hauteur des attentes, la pression salariale est forte, reconnaît Laurence Malherbe, directrice aux affaires générales, juridiques et contentieux à la ville d’Antibes et ex- présidente de l’ADT-Inet. Le RIFSEEP est annoncé comme un levier de management, de motivation et de reconnaissance, mais il ne suffira pas s’il n’existe pas de culture managériale forte au sein de la collectivité. Même si ce nouveau régime indemnitaire peut redonner le moral aux équipes, il ne suffira pas à remotiver durablement les agents. En outre, selon  que les collectivités abondent ou pas le régime, cela peut se traduire par zéro euro de plus sur la feuille de paye des agents. »

Les managers vont devoir agir aussi sur d’autres leviers non pécuniaires, mais leur inquiétude demeure forte aujourd’hui. Les contraintes de toutes natures dans lesquelles ils évoluent ces dernières années leur offrent peu de marges de manœuvre. L’exemple des entreprises « libérées », qui ont notamment mis fin au système de primes tout en assurant l’épanouissement professionnel, pourrait les faire rêver.

Emmanuelle Quémard

Management : des congés pour les non fumeurs

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On le sait, la pause cigarette nuit gravement à la santé… et notamment à celle de l’organisation avec, pour un fumeur addict moyen, une heure de temps de travail quotidiennement grillée sur le trottoir. Bien au-delà de la pause légale des 20 minutes par jour ! Et si le calcul n’est pas sans enflammer bien des directions – dont certaines, comme la Région Wallonne, en Belgique, font désormais badger leurs fonctionnaires addicts – il a aussi, là, de quoi attiser un véritable foyer de conflit au sein des équipes.

Un exemple de solution innovante

Alors qu’un de ses salariés se plaignait ainsi de voir le temps de travail de ses collègues régulièrement disparaître en fumée, l’entreprise japonaise « Piala Inc » n’a donc pas mégoté sur la solution : à ceux que tâter du briquet laissent froids, six jours de congés payés annuels supplémentaires seront désormais octroyés !

Le geste est évidemment à saluer… Non pas seulement parce qu’il est celui d’un calumet de la paix enfin offert, au bénéfice d’une nouvelle égalité de traitement au travail, entre ronds de cuirs et ronds de fumée. Mais aussi parce que cette action constitue une formidable bouffée d’air dans les dynamiques souvent fumeuses, voire parfois culpabilisantes et/ou pénalisantes, que les employeurs du monde entier mettent en œuvre pour réduire le poids du tabagisme – très inversement proportionnel à celui de la fumée – sur le coût de l’absentéisme. Car, bien sûr, l’entreprise japonaise compte aussi, par ce biais, inciter les fumeurs à définitivement préférer tailler la route qu’inhaler le goudron.

On espère évidemment que la démarche fera un tabac !

Laurence Denès

Le contrat de confiance… à durée déterminée

Avis d'Hugues Perinel sur le livre Managers Libérez Délivrez... Surveillez? Les 6 clés pour travailler en confiance. Editions du Cherche Midi.

En êtes-vous si sûr ? Le grand écart n’est-il pas chaque jour plus grand entre l’affichage d’un management bienveillant et respectueux des individus et la réalité des tensions à l’œuvre dans nos organisations au quotidien ?

Bienvenue dans le nouveau monde ! Nos organisations vivent des tensions inédites dans leur management et une perte de repères à tous les niveaux : révolution numérique, transformation des espaces de travail, organisations kaléidoscopes, nouvelles mesures de la performance…  autant d’atouts pour un management transparent et libéré mais autant d’occasions de perdre la confiance de vos équipes.

La transparence permise par la transformation numérique est-elle réellement un progrès managérial ou un recul pour la confiance au quotidien ? Le mouvement vers des organisations  plus libérées correspond-il vraiment à un avenir radieux ?

Prenez le temps de lire « Managers : Libérez délivrez… surveillez ? » écrit par Frédéric Petitbon, Julie Bastianutti et Marguerite Descamps ; notamment  pour les 6 clés proposés par les auteurs pour de nouveaux rituels de confiance. On retiendra notamment le « C2D2 – à chacun son Contrat de Confiance à Durée Déterminée » et le « ritualiser l’espace de sa tribu » qui sonneront juste dans de nombreuses collectivités.

Hugues Perinel

Livre  » Managers : Libérez délivrez… surveillez ? » Les 6 clés pour travailler en confiance. Editions du Cherche-Midi. Parution : 9/11/2017. Dim. 14 x 22 cm. 176 pages.

L’Ifrap… donne des bons points !

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La très libérale Ifrap (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), c’est un peu le Fmi des collectivités territoriales : trop de fonctionnaires, trop de dépenses, trop de… « fainéants » ? Pour elle, une bonne collectivité est une collectivité qui dépense peu. Ainsi, quand elle accorde un satisfecit à l’une d’entre elles, c’est vraiment que cette dernière s’est engagée dans une politique volontariste de réduction de ses dépenses.

C’est le cas de la Région Paca, désignée comme la collectivité la plus vertueuse en la matière, avec des dépenses en baisse de 8 % en 2016. Renaud Muselier, son président LR, se félicite d’une telle distinction : « Nous avons mis en place un budget de rupture pour redresser la barre et engager, sans délai, des actions concrètes. Nos politiques sont plus efficaces et notre institution est très vigilante sur ses dépenses de fonctionnement qui ont baissé de près 46 millions d’euros l’an dernier ». L’Ifrap en est toute retournée !

« Le recours aux contractuels menace le principe de continuité du service public »

Interview d'Isabelle Hélie, DRH du Conseil départemental du Val-de-Marne : Le recours aux contractuels menace le principe de continuité du service public

Pour Isabelle Hélie, la mise en place progressive d’un « statut bis » de la fonction publique ne simplifie pas la gestion des agents au quotidien. Elle plaide pour une politique de formation des agents titulaires afin de leur permettre d’accéder aux emplois identifiés dans le cadre de la gestion prévisionnelle.

Contractuels et fonctionnaires, est-il difficile pour une Drh de gérer les deux statuts ?

La mise en place progressive d’un « statut bis » pour les agents contractuels ne simplifie pas la gestion des agents par les ressources humaines. Cela crée un système d’emploi dual dont on peut s’interroger sur le sens et l’utilité. Les agents contractuels disposent peu à peu des mêmes protections, ce qui est important, et la création future des commissions consultatives paritaires en est un exemple. L’application de certains mesures réglementaires telles que les conditions de rémunération dans le cadre du dispositif de l’accès à l’emploi titulaire ou les règles de classement indiciaire d’un contractuel au moment de sa nomination sont perçues comme étant plus favorables aux agents contractuels et donc inégalitaires.

Le recours à des contractuels menace-t-il le statut de la Fonction publique territoriale ?

Il menace potentiellement le principe d’égalité, à savoir l’accès par concours, même si d’ores et déjà dans la FPT il est possible de recruter sans concours. On peut estimer aussi que le principe d’indépendance (protection contre les pressions politiques, économiques et neutralité face à l’usager) est chahuté. Enfin, quid du principe de responsabilité, le fonctionnaire devant rendre des comptes sur son activité dans la durée. C’est plus globalement le principe de continuité du service public qui est menacé.

Pourquoi le Conseil départemental du Val-de-Marne se targue-t-il de rester à un niveau raisonnable de recrutement des contractuels ?

La position du Département du Val de Marne est de favoriser l’emploi des agents titulaires pour les raisons exposées ci-dessus, mais aussi pour lutter contre la précarité. Dès lors, l’accompagnement des agents pour préparer les concours afin de régulariser leur situation est un axe important de la politique de formation.

Stéphane Menu

Vers la création d’une délégation aux collectivités territoriales ?

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C’est en tout cas ce que propose le député corrézien Christophe Jerretie, considérant qu’il faut éclairer ses collègues de l’Assemblée nationale sur les spécificités de la gestion des collectivités territoriales. Est-ce à croire que ces derniers en auraient une perception parcellaire ? « L’ambition est d’avoir un débat sain, clair et serein sur des sujets historiquement contentieux entre les collectivités et l’Etat, en particulier en matière de finance locale. La création de cette entité chargée spécifiquement des collectivités locales permettra de consolider les débats et de répartir au mieux les efforts de chacun », assure l’élu dans la Lettre du cadre territorial. A suivre.