La dématérialisation révolutionne les organisations internes des communes – Francisque Vigouroux, maire d’Igny (91), référent numérique de l’APVF

« La dématérialisation révolutionne nos organisations internes » C’est une révolution majeure. La dématérialisation des actes administratifs dans les communes est en marche. Signature électronique, fiches de paie, obligation de passer à Comedec (Ndlr, Communication électronique des données de l’état civil) en 2018… Comment les petites communes intègrent-elles ce changement ? Le point avec Francisque Vigouroux, maire d’Igny (Essonne) et en charge du dossier à l’APVF (Association des petites villes de France). A lire sur Etoile Mag Actualités.

Comment les petites communes se sont-elles adaptées aux obligations de dématérialisation ?

Elles se sont mises à la dématérialisation. Nous rencontrons les mêmes difficultés que dans les grandes collectivités. L’idée est de savoir comment aborder cette transformation majeure et ce que l’on est en mesure de faire. Certaines communes ont voulu faire tout d’un seul coup. Or, parfois, il faut savoir y aller avec discernement.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette conduite du changement à effectuer ?

Derrière le mot « dématérialisation », on ne doit pas sous-estimer la nécessité d’une nouvelle organisation des ressources humaines, un nouveau périmètre de certains métiers. Il est donc impératif d’accompagner cette conduite du changement. La dématérialisation redessine le fonctionnement de l’organigramme. Dit autrement, c’est la chaîne du management qui s’en trouve modifiée avec des process plus horizontaux. Au temps du format papier, le circuit des validations était souvent fléché en mode vertical. Aujourd’hui, certains chefs de service peuvent se sentir « squizzés ». Cette nouvelle circulation de la validation doit être bien définie en interne.

Comment mettre en place cette dématérialisation concrètement ?

Il faut partir de l’existant. Faire un état des lieux des procédures en cours, sans jugement. Il faut également avoir en tête que la dématérialisation n’est pas un but en soi mais un moyen pour des objectifs. Mais également être clair sur les buts à atteindre en sachant que ces nouveaux outils impactent le directeur comme l’assistante, ainsi que les agents opérationnels. Il s’agit aussi parfois de modifier certaines fiches de poste. Par exemple, au service du courrier, un agent gérait mécaniquement l’entrée des plis de la poste et les enregistrait ou pas. Avec la dématérialisation, son temps de travail est modifié et son métier valorisé mais différent. Il faut rappeler que la dématérialisation présente trois avantages : la traçabilité, la sécurité et la rapidité des tâches. Certains agents peuvent ressentir une « pression-machine », comme une forme de flicage alors qu’il s’agit de sécuriser les flux. C’est une aide pour tous.

Est-ce que cela coûte cher aux communes ?

Oui. Les éditeurs de logiciels occupent le marché et ont tendance à augmenter leurs tarifs, sans compter le passage en mode SaaS (1), les formations, les montées en version… La difficulté est que ce coût affecte directement les budgets de fonctionnement des collectivités. En effet, on loue un service alors qu’auparavant, nous achetions des licences. Il faut essayer de trouver un autre modèle, plus collaboratif, pour sortir de cette dépendance. Car nous ne pourrons plus suivre ces charges exponentielles indéfiniment.

Stéphane Menu

(1) Le mode SaaS (Software as a Service) est un concept assez récent qui offre la possibilité aux entreprises et collectivités de s’abonner à un logiciel à distance au lieu de les acheter.

Le conseil de l’interviewé

« Travailler ensemble dans le cadre intercommunal »

Pour les petites communes, il faut d’abord définir les priorités et les besoins. Il faut ensuite faire le tour des moyens humains et financiers et avoir une réflexion stratégique concernant la bonne échelle opérationnelle. Cela signifie que les collectivités font toutes les mêmes métiers, parfois avec des logiciels métiers identiques. Il ne faut pas hésiter à se regrouper et travailler ensemble, par exemple dans le cadre intercommunal. Car la dématérialisation n’est qu’une brique d’un processus plus large pour bâtir une stratégie numérique locale.

10 MOOCS pour bien commencer l’année

10 MOOCS pour bien commencer l’année Profitez de l’énergie de la rentrée pour vous former ! Francophonie, méthodes agiles, orthographe, innovation publique… Voici une sélection de 10 cours en ligne à commencer en septembre. A lire sur Etoile Mag Actualités

Les MOOCS sont des cours en ligne gratuits, proposant des vidéos, textes et activités. Leur avantage : en deux à trois heures par semaine, ils permettent d’acquérir des compétences sur une multitude de sujets… Tout en restant chez soi !

Pour commencer : le MOOC pour apprendre à apprendre

Faire un plan d’apprentissage, se fixer des objectifs, s’évaluer… Si vous avez un projet de changement de carrière, d’auto-formation ou d’examen, ce MOOC est pour vous.
Apprenez à apprendre – MOOC d’Openclassroom – permanent

Améliorer ses écrits : orthographe, style et syntaxe

Qui n’a jamais fait une faute de français dans un mail d’une seule ligne ? En cette rentrée, deux MOOCS proposent d’y remédier : l’un est consacré aux règles basiques d’orthographe, tandis que le second explore avec humour les fautes de syntaxe.
Renforcer ses compétences orthographiques – MOOC de l’Université de Caen Normandie – début : 26 septembre
Fautomaton – À la chasse aux fautoz ! – MOOC de l’Université Libre de Bruxelles – début : 17 septembre

Management : les méthodes agiles

Un chef de projet décortique les fameuses « méthodes agiles » : concept, mise en œuvre, mais aussi notions liées comme le modèle de Tuckman, les personas, le burndown chart…
Initiez-vous à la gestion de projet agile – MOOC d’Openclassroom – permanent

Comment faire un laboratoire d’innovation publique ?

Directement adressé aux agents territoriaux, ce MOOC propose des outils théoriques et pratiques pour monter un laboratoire d’innovation publique.

Comment faire un laboratoire d’innovation publique ? – MOOC de l’Université Sorbonne Paris Cité – début : 6 septembre

Comprendre les ressources humaines

Une trentaine de notions de ressources humaines sont explorées dans ce MOOC : recrutement, formation, e-réputation, marque employeur, motivation…
Les mots de la GRH : fondamentaux – MOOC du Cnam – début : 17 septembre

Culture générale : qu’est-ce que la francophonie ?

Des experts proposent un voyage au cœur de la francophonie et ses enjeux politiques : histoire, géographie, politique…
La Francophonie : essence culturelle, nécessité politique 2018 – MOOC de l’Université Jean Moulin Lyon 3 – début : 26 septembre

Les mutations territoriales : comprendre et agir

Des experts et cadres de la fonction publique analysent les mutations des territoires, et proposent d’échanger sur des projets concrets.
Mutations territoriales : 6 séances pour comprendre et agir – MOOC du CNFPT – début : 24 septembre

Quelle éducation pour demain ?

Des spécialistes, universitaires et experts du champ éducatif réfléchissent aux politiques d’éducation du futur.

Accompagner les transitions éducatives – MOOC de l’Université Sorbonne Paris Cité – début le 24 septembre 2018

Comprendre et mettre en œuvre les Objectifs de Développement Durable

Ce MOOC présente les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), ainsi que des outils et des retours d’expérience. L’objectif : savoir mettre en œuvre les ODD dans l’action locale au quotidien.
Objectifs de Développement Durable – MOOC de l’UVED – début : 3 septembre

Julie Desbiolles

« Notre objectif n’est pas de faire acheter plus mais mieux » – Wilfried Boudas, directeur des achats à l’UGAP

Achat public « Notre objectif n’est pas de faire acheter plus mais mieux » Wilfried Boudas, directeur des achats à l’UGAP. Dans un contexte financier plus contraint, les collectivités territoriales font évoluer leurs pratiques en matière d’achat public. Entretien avec Wilfried Boudas, directeur des achats à l’UGAP. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Comment l’UGAP tente-t-elle d’optimiser l’achat public ?

Le code des marchés publics est très vertueux. D’une certaine manière, le privé s’en est inspiré, ces dernières années, en adoptant plusieurs des meilleures pratiques de l’ achat public : identification du marché amont des fournisseurs, comparaison des produits et des prix… Quant à la négociation, propre au privé, elle n’est pas une fin en soi ; la rédaction d’un cahier des charges fonctionnel et adapté au besoin la remplace avec aisance dans le secteur public qui, à de rares exceptions près, comme le secteur de la sécurité ou pour certains Epic (Ndlr, RATP, SNCF, etc.), a recours à des appels d’offres sans possibilité de négocier l’achat.

Les entreprises trouvent encore les appels d’offre trop complexes. Comprenez-vous ce ressenti ?

Un tel cahier des charges constitue aussi une sécurité. Bien sûr, personne ne peut se satisfaire d’une paperasserie trop dense, qui peut démotiver. Mais cette exigence est la garantie d’un examen juste des candidatures aux appels d’offre, pour éloigner notamment les dérives clientélistes.

Comment les collectivités territoriales font-elles face aujourd’hui à la baisse des dotations financières ?

Elles sont concrètement dans l’anticipation de leurs besoins en matière d’achat. Contrairement à la réactivité pratiquée par le secteur privé, contraint de partir souvent bille en tête pour devancer les concurrents, les choses sont plus sécurisées dans le secteur public, parce que les rédactions systématiques de cahiers des charges induisent cette anticipation. L’UGAP, ce sont 3,2 milliards d’euros d’achats publics chaque année, avec en moyenne plus de 80 gros dossiers de consultation annuels et 670 fournisseurs recensés. Dans le contexte actuel, les collectivités ont tendance à travailler plus en direct avec nous. Notre objectif n’est pas de faire acheter plus mais mieux, notamment pour instaurer une relation de confiance dans la durée.

Stéphane Menu

Carrières ATSEM et agents de la filière animation : des pistes concrètes de redynamisation

Carrières ATSEM et agents de la filière animation : des pistes concrètes de redynamisation. Le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale vient d'adopter un rapport complémentaire en autosaisine ouvrant la voie à la redynamisation, tant attendue, des carrières des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles et des agents de la filière animation. A lire sur Etoile Mag Actualites.

A priori, il s’agit d’un rapport comme tant d’autres. Mais par sa portée administrative et son ambition sociale, le texte adopté le 4 juillet 2018 par le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) envoie -bien au-delà de la seule FPT- un signal fort sur la remise en marche de l’ascenseur social dans les filières les moins valorisées de l’emploi public. Adopté à l’unanimité des suffrages exprimés, le document du CSFPT porte sur les modalités de recrutement et de formation des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) et des agents de la filière animation. Deux métiers qui n’offraient jusqu’ici que très peu de perspectives d’évolution professionnelle aux agents concernés.

En effet, même si ces personnels jouent un rôle de plus en plus important depuis la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires de 2013, ils restent confrontés à des problèmes de progression de carrière et de débouchés. Une situation qui rend ces métiers peu attractifs et pose bien des difficultés aux managers des services RH.

Un taux de féminisation de 71% au sein de la filière animation

Dans la foulée des deux précédents rapports adoptés en mai 2016 (sur la filière animation) et en février 2017 (sur les ATSEM) le texte voté par le CSFPT dresse un état des lieux des modalités de recrutement (concours, examens professionnels, recrutements directs…) des ATSEM et des agents de la filière animation. Il fait, d’autre part, le point sur la formation professionnelle de ces agents territoriaux.

Parmi les propositions formulées par le Conseil sup’, on retiendra notamment la création d’un cadre d’emplois de catégorie A d’attaché d’animation. Les agents pourraient ainsi accéder aux trois grades d’attaché d’animation. Promotion interne, concours externe ouvert aux candidats titulaires d’un titre ou diplôme du domaine de l’animation homologué au moins au niveau II. Les concours interne sont ouverts aux fonctionnaires et agents publics justifiant d’une certaine ancienneté, et troisième concours. Une mesure qui selon le rapporteur du texte, Didier Pirot (FO, serait susceptible de dynamiser les carrières au sein d’une filière qui compte plus de 81 000 agents (60% de titulaires) et qui se caractérise par la jeunesse de ses effectifs et son important taux de féminisation (71%).

Augmenter la fréquence des concours pour les ATSEM

Concernant les ATSEM, le CSFPT propose de remettre à plat les procédures de recrutement. Augmentation de la fréquence des concours et en inversement de la proportion des postes à pourvoir. Actuellement ils sont réservés pour 60% aux candidatures externes contre 30% pour les candidatures internes. Le nombre de postes ouverts au 3e concours demeurant inchangé.

Par ailleurs, le rapport souligne que l’accès des ATSEM au cadre d’emploi des agents de maîtrise et à la catégorie B « reste à ce jour un chantier à mener ». Parmi les autres chantiers que le rapport propose d’ouvrir, ceux de la formation professionnalisante et des « faisant fonction » sont une priorité. Le CSFPT préconise notamment de donner aux ATSEM la possibilité de s’absenter des écoles pendant le temps scolaire. L’objectif : suivre des formations en étant temporairement remplacés par d’autres agents mis à la disposition des collectivités par les centres de gestion.

Emmanuelle Quémard

« Souhaite-t-on vraiment développer les carrières mixtes ? (privé et public) » – Claire Pascal, directrice générale de Comundi

« Souhaite-on vraiment développer les carrières mixtes (privé et public) ? » Interview de Claire Pascale, Directrice Générale de Comundi. Pour la directrice de Comundi, acteur essentiel de la formation professionnelle, la révolution annoncée dans ce secteur ne concerne pas encore vraiment la fonction publique. La faible mobilité entre les trois fonctions publiques et le privé ne concerne réellement que les hauts fonctionnaires. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Pouvez-vous nous faire un point précis sur le droit des agents publics à la formation au regard des dernières évolutions législatives ?

Globalement, les agents publics bénéficient d’un accès à la formation plus large que les salariés du secteur privé. Néanmoins, cette réalité cache de fortes disparités en fonction des agents, des fonctions publiques et des établissements. De nombreuses formations sont obligatoires et certains agents ont un accès très faible voire inexistant à la formation continue. Depuis des années, le système de la formation professionnelle en secteur public suit à distance celui mis en place dans le secteur privé.

Ainsi le DIF (Ndlr, Droit individuel à la formation), mis en place pour le secteur privé dans la loi du 4 mai 2014 et qui a institué le premier droit individuel à la formation, a été transposé au secteur public dans une loi de 2007 suivie des décrets d’application en 2007 et 2008 ; avec un impact réel pour le secteur mais avec des modalités un peu différentes. Il a fallu attendre plus de 3 ans, avec des grosses difficultés d’application pour les structures employant des fonctionnaires et des salariés relevant du secteur privé, pour gérer la coexistence de deux systèmes différents.

Le CPF (Ndlr, Compte personnel de formation), qui a été instauré en remplacement du DIF en 2014 pour le secteur privé, n’a été transposé au secteur public qu’en 2017, sans cette fois que des financements y soient réellement rattachés, mais comme composante du CPA (Ndlr, Compte personnel d’activité). Ni les DRH publics, ni les agents n’y ont vu une avancée majeure. Alors que des besoins spécifiques sont réels pour le secteur public, notamment du fait de l’évolution rapide dans ce secteur et du fait des sujets de reclassement, la réglementation en place peine à suivre de manière différée ce qui est proposé dans le secteur privé.

Le gouvernement entend provoquer un véritable « big-bang » dans le secteur de la formation professionnelle. Intègre-t-il dans son raisonnement la fonction publique ?

La loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel qui est actuellement débattue au Sénat ne comporte aucun volet pour le secteur public sauf un titre III qui vise à développer la mobilité entre le secteur public et le secteur privé. Ces dispositions font par ailleurs débat mais n’ont pas inclus la possibilité d’un portage du nouveau CPF entre secteur privé et secteur public. Il semblerait que la mise en place d’un CPF rénové tel qu’il est pensé dans le texte de loi en débat sera intégrée dans un véhicule législatif distinct, dédié au secteur public et qui sera présenté en 2019. Reste à savoir comment ce CPF sera financé si on veut en faire un véritable outil de mobilité professionnelle.

La mobilité professionnelle, qui est une nécessité sociale aujourd’hui, est-elle favorisée dans un tel contexte ?

Aujourd’hui, on constate une très faible mobilité au sein des fonctions publiques pour des raisons statutaires et surtout financières. L’absence d’un outil de développement de compétences qui pourrait faciliter ces mobilités est clairement une carence du système. Mais le débat est ailleurs : souhaite-t-on vraiment favoriser les carrières qui panachent les expériences privées et publiques ? Ne sont-elles pas réservées aux plus hauts postes de la fonction publique et absolument pas prévues ni même souhaitées pour les autres agents publics ? N’y a-t-il pas une crainte d’une fragilisation du statut de la fonction publique en ouvrant plus largement les carrières mixtes ?

Il est clair aujourd’hui que l’emploi public doit être revisité à l’aune de deux éléments majeurs : tout d’abord celui de l’évolution rapide des métiers et de l’obsolescence accélérée des compétences des agents du fait notamment des évolutions technologiques et d’autres part, de la réduction de l’emploi public (de nouvelles suppressions de postes sont d’ores et déjà annoncées dans la droite ligne de ce qui a été fait depuis une dizaine d’années ), ce qui renforce la logique de territoire et de bassin d’emploi.

Comment Comundi s’adapte-t-il à cette réalité ?

Comundi, à travers ses marques qui interviennent sur le secteur public dont Weka, MB Formation et MB Carrière, est l’un des partenaires compétence des agents du secteur public. Nous développons des modules de formation tant métiers que transversaux. Nous considérons que trois phénomènes sont aujourd’hui structurants pour accompagner la montée en compétences des personnels de la fonction publique.

Tout d’abord, la nécessité de proposer des dispositifs plus souples et plus courts, aujourd’hui largement réalisés en blended learning (mixant distanciel et présentiel) afin de répondre à la baisse de temps disponible que chaque agent est capable d’investir dans sa formation.

Deuxième axe important, l’ancrage pédagogique se fait de plus en plus grâce à des méthodes de mutualisation ou de confrontation positive des pratiques, de sorte qu’une partie de l’expertise est construite de manière collective et collaborative. Cette évolution importante nous a amené à revoir les formats pédagogiques en intégrant des modalités de co-développement ou des modalités immersives de plus en plus prisées par les acteurs du secteur public comme privé. Enfin, il apparait que l’obsolescence accélérée des compétences techniques et l’évolution rapide des métiers, amène à renforcer non plus l’acquisition de compétences techniques vite dépassées, mais le socle de compétences transversales qui facilite l’adaptation et la capacité à se former en continu aux nouvelles compétences métiers qui ne cessent de se renouveler.

 

Stéphane Menu

Le conseil de l’interviewée

« Vers des carrières multiformes »

Pour rester sur un territoire donné, les agents devront accepter et développer des carrières multiformes avec différents types d’emplois publics voire privés. La mobilité est donc un sujet majeur mais on peut considérer qu’elle ne se décrète pas et que la plupart des obstacles qui la freinent aujourd’hui ne sont pas encore levés. Dont l’absence de portabilité du CPF.

Faut-il utiliser le test de personnalité MBTI en ressources humaines ?

Faut-il utiliser le test MBTI en ressources humaines ? Le test de personnalité Myers-Briggs Type Indicator, ou MBTI, ne dément pas son succès : Le Figaro estime que deux millions de personnes le passent chaque année. Mais il suscite aussi des controverses : il serait imprécis, sans valeur scientifique, et certains détracteurs ne manquent pas de souligner le juteux business qu’il génère. Alors, faut-il utiliser le MBTI au travail ? A lire sur Etoile Mag Actualités.

Le MBTI est un test de personnalité basé sur la théorie des « types psychologiques » du psychanalyste Carl Gustav Jung. En 1962, Isabel Briggs Myers et Katherine Cook Briggs concrétisent cette théorie. Elles imaginent un outil qui, en une centaine de questions, classifie les êtres humains en 16 personnalités : c’est le test MBTI.

Le MBTI : 16 personnalités complexes

Le test MBTI établit les penchants d’une personne selon quatre dimensions. L’« attitude » générale (en introversion ou extraversion). La manière dont elle récolte l’information (sensation ou intuition). Mais aussi, la manière dont elle prend des décisions (pensée ou sentiment). Et pour finir, la manière dont elle jauge le monde (jugement ou perception). Chaque tendance correspond à une lettre, aboutissant ainsi à 16 types de personnalité désignés par quatre lettres. Le MBTI décrit ainsi chaque type avec ses qualités, ses faiblesses, ses schémas de pensée…

Par exemple, d’après le livre Les types de personnalité, les ENFP – créatifs, expansifs et imaginatifs – présenteraient au travail des « qualités d’enthousiasme et de sens des contacts humains ». Un enthousiasme permanent qui trouverait aussi son revers : « les ENFP peuvent se noyer dans le nombre de possibilités ouvertes et de choix à effectuer. Il peut leur arriver d’accumuler toutes sortes de solutions envisageables, sans arriver à en choisir aucune ».

Le MBTI, véritable outil de connaissance ou succès marketing ?

Le MBTI propose donc un concept séduisant, notamment pour un recruteur : comprendre rapidement le fonctionnement psychologique d’un employé. Or, pour le Sydney Morning Herald, le MBTI serait une sorte d’« astrologie d’entreprise ». Le test manquerait de validations scientifiques (ses créatrices ne sont d’ailleurs pas psychologues), les résultats seraient aléatoires… Le MBTI est aussi critiqué sous l’angle du business qu’il représente, s’élevant, d’après Le Washington post, à une quinzaine de millions d’euros chaque année.

Le MBTI en ressources humaines : un outil, rien de plus

Alors, faut-il utiliser le MBTI en ressources humaines ? Dans des domaines aux enjeux aussi importants que le recrutement ou l’orientation de carrière, The Conversation le déconseille, d’autant que « les études suggèrent que […] les types de personnalités établis par le MBTI n’ont aucun lien avec la performance au travail ». Mais The Conversation admet qu’il peut être « une opportunité à la compréhension de soi et/ou des autres », propice à des bonnes relations humaines au travail.

Ainsi, le succès du MBTI, comme d’autres tests de personnalité utilisés dans le milieu du travail, révèle surtout le besoin de gérer les compétences humaines et émotionnelles des collaborateurs. Il peut donc être vu comme un outil… Que l’on doit utiliser en se rappelant que la ressource humaine est par définition difficilement classifiable en quatre lettres. Et c’est bien cela qui fait toute la richesse des métiers des RH !

Julie Desbiolles

Interruptions au travail : les comprendre et les éviter

Interruptions au travail : les comprendre et les éviter Des études montrent que les interruptions au travail nuisent à la productivité, à la concentration et au bien-être. Voici quelques pistes pour mieux les comprendre… Et les combattre ! A lire sur Etoile Mag Actualités.

Vous êtes à votre bureau, quand un collègue vous interpelle sur un dossier. La discussion terminée, votre téléphone sonne ; vous répondez, tout en consultant une notification de mail… Dans les années 50, l’économiste Sune Carlson estimait que les interruptions au travail survenaient toutes les 20 minutes au travail. La chercheuse Gloria Mark, citée dans un documentaire de Laurence Serfaty, estime que ce temps est passé à 11 minutes.

Or, ces interruptions demandent un effort considérable au cerveau : « Quand vous êtes dans une activité intellectuelle, […] vous gardez pas mal de choses dans […] la mémoire de travail, c’est-à-dire ce que vous avez à l’esprit pour réaliser la tâche. Et tout ça va s’effondrer au moment où vous basculez sur l’autre activité… Il va donc falloir recharger cette mémoire de travail. Ça va avoir un coût, appelé en psychologie « le coût du changement » », explique Jean-Philippe Lachaux, chercheur en neurosciences, dans une émission de France Inter.

Les interruptions font baisser la productivité

Gloria Mark a montré qu’il fallait en moyenne 25 minutes pour revenir à une tâche après interruption. Ainsi, plus de 50 ans après la loi Carlson, le constat reste le même : « Un travail réalisé en continu prend moins de temps et d’énergie qu’un travail réalisé en plusieurs fois ». En observant des pilotes, Stéphane Buffat, médecin militaire interrogé par Laurence Serfaty, a de son côté constaté une augmentation du taux d’erreur en travail multitâches.

Stress et baisse de la concentration

Mais pour Gloria Mark, c’est aussi le travailleur qui souffre : « le prix d’un travail interrompu, [c’est] l’augmentation de la vitesse et du stress ». Elle incrimine notamment le mail : « plus les gens passent du temps sur leur mail, plus ils sont stressés». De manière plus globale, la chercheuse observe une baisse de la capacité de concentration. En effet, le temps d’attention devant un écran est passé de 3 minutes en 2004, à 1 minute 15 en 2012.

Le manque d’attention, phénomène de société

Les interruptions sont à la fois la cause d’une surcharge cognitive, et la conséquence de la fragmentation de l’attention liée aux nouvelles technologies et à l’hyperconnexion. Malgré tout, le chercheur Jean-Philippe Lachaux reste optimiste. Pour lui, la connaissance des mécanismes et la mise en place d’outils aident à reprendre la maîtrise de son attention.

En pratique : 3 conseils pour limiter les interruptions au travail

_ «Travailler en fractionné», soit une tâche après l’autre, suggère Jean-Philippe Lachaux. Des outils peuvent aider : Pomodoro, l’application Quality Time
_ Créer une charte des bonnes pratiques numériques, stipulant « de privilégier la communication directe, de se réserver un temps de déconnexion, d’organiser des plages horaires pour consulter ses mails ou encore de limiter le nombre de mails en copie», propose Focus RH.
_ Améliorer l’environnement et les conditions de travail. Le site Gereso préconise par exemple de réunir les collaborateurs et établir une charte rappelant quelques règles de coexistence dans l’espace de travail.

Julie Desbiolles

Absentéisme : un territorial sur deux s’est arrêté au moins une fois en 2017

Absentéisme : un territorial sur deux s’est arrêté au moins une fois en 2017 Selon les premières tendances 2017 de l'étude Sofaxis, la croissance des niveaux d’absence au travail pour raison de santé se poursuit. Un motif d'inquiétude pour les employeurs et les responsables RH des collectivités. A lire sur Etoile Mag.

Alors qu’elles sont engagées dans un vaste mouvement de réorganisation de l’action locale et que leurs marges de manœuvre financières sont de plus en plus étroites, les collectivités doivent, plus que jamais, pouvoir s’appuyer sur des agents motivés, disponibles et efficaces pour mettre en œuvre les politiques publiques de proximité. Dans ce contexte, les premières tendances de l’enquête annuelle menée par l’assureur Sofaxis sur l’absentéisme pour raison de santé dans la fonction publique territoriale ont de quoi inquiéter les employeurs publics et leurs responsables RH.

Absentéisme pour congé maladie ordinaire

Menée à partir d’un échantillon de 426 000 agents territoriaux affiliés à la CNRACL et répartis dans 16 300 collectivités, cette étude fait apparaître une nouvelle progression (+3%) de l’absentéisme au sein de la FPT, qui atteint désormais le taux historique de 9,8% (9,2% hors congés maternité). Dans le détail, Sofaxis observe que l’an dernier, 45 % des agents ont présenté une absence, ce qui signifie que près d’un agent sur deux s’est arrêté au moins une fois dans l’année. Parmi ces agents absents, 76% l’ont été pour cause de congé maladie ordinaire, 13 % en raison d’un accident du travail, 7 % pour une longue maladie / longue durée et 4 % pour un congé maternité.

Gravité des arrêts maladie

Parallèlement, on a assisté en 2017 à un nouveau bond en avant de la gravité des arrêts (+ 3 % entre 2016 et 2017, soit une hausse de 33 % depuis dix ans). L’enquête montre, par ailleurs, que la durée moyenne des arrêts pour raison de santé a atteint 38 jours l’an dernier, toutes natures d’arrêts confondues (contre 37 jours en 2016). Dans le même temps, les risques longs (longue maladie/longue durée) affichaient une durée moyenne de 264 jours.
Sofaxis note que la maladie (maladie ordinaire et longue maladie / longue durée) a représenté la plus grande part des arrêts déclarés l’an dernier (80%) ; la maladie ordinaire comptant à elle seule pour la moitié de ce taux (49 %).

Autre chiffre : les accidents du travail représentent désormais 14% des arrêts, soit une progression de 7% en un an. L’assureur des collectivités relève qu’en 2017 près d’1,5 agent territorial (pour 100 agents employés) a été absent tout au long de l’année
pour ce motif. En moyenne, les arrêts de travail consécutifs à un accident se sont traduits par une absence de 63 jours en 2017.

Les premiers indicateurs publiés en juin 2018 par Sofaxis confirment donc que les effectifs de la territoriale semblent particulièrement fragilisés au moment où les collectivités traversent une nouvelle zone de turbulences. Une situation qui doit interpeller les services RH en charge de ces personnels exerçant souvent des métiers pénibles et appartenant à une population globalement vieillissante. Alors que l’âge de départ à la retraite augmente, la santé des agents s’annonce comme un enjeu majeur pour les acteurs publics locaux.

Emmanuelle Quémard

Etoile Emploi et le Centre de Gestion du Rhône s’allient pour (mieux) recruter !

Etoile Emploi et le Centre de Gestion du Rhône s'allient pour (mieux) recruter ! Etoile Emploi et le Centre de Gestion du Rhône (CDG 69) se sont associés en juin 2018. L'objectif : booster certaines offres d'emploi des collectivités affiliées au CDG 69, en les faisant profiter du réseau d’Étoile Emploi - porté par les éditions WEKA. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Le partenariat prévoit la diffusion commune de 100 annonces d’emploi du CDG 69 dans l’année. L’objectif est d’augmenter la visibilité de certaines offres via la diffusion sur Etoile et ses réseaux, ainsi qu’un relai sur les réseaux WEKA : 100 000 inscrits aux newsletters, 400 000 visiteurs par mois sur le site…

Un service supplémentaire pour les collectivités affiliées au CDG 69

Pour Olivier Ducrocq, Directeur général du CDG 69 et Président de la commission « Observatoire des données sociales et Politiques de l’emploi » de l’Association Nationale des Directeurs de Centres de Gestion, l’objectif de ce dispositif est de proposer un service supplémentaire aux collectivités affiliées au CDG 69 – et en particulier aux affiliées volontaires. Les offres d’emploi à diffuser sur Étoile seront choisies « en bonne intelligence et au cas par cas », précise-t-il. Pour les sélectionner, seront pris en compte l’urgence du recrutement (par exemple, pour assurer la continuité d’un service public), la spécificité des compétences requises (privilégier les métiers en tension), et la catégorie des agents recherchés – ce dispositif s’adressant plutôt aux catégories A et B.

Mais l’originalité de la démarche, c’est surtout l’alliance d’un centre de gestion avec Étoile Emploi – souvent perçu comme un concurrent… Une idée que ne partage pas Olivier Ducrocq : « Les opérateurs privés ont toujours existé et proposent une offre complémentaire», estime-t-il. Pour lui, aider à la visibilité des offres – même en passant par un opérateur privé – fait clairement partie de la mission de « recruteur pour les collectivités» d’un centre de gestion.

Départs en retraite : recrutement urgent !

Cette alliance a été avant tout pensée pour répondre à une urgence : « Devant l’exode des futurs retraités, il nous faut absolument multiplier les chances d’être visibles sur le marché de l’emploi», explique Olivier Ducrocq. Une idée confirmée par les chiffres du Panorama de l’emploi territorial : en 2016, 42 000 agents sont partis en retraite, soit une augmentation de 16 % depuis 2010.

Mais au-delà de la nécessité démographique, ce dispositif devrait aussi répondre aux difficultés actuelles de recrutement sur des compétences spécifiques. C’est le cas par exemple des métiers du numérique, comme l’ont constaté les intervenants de la dernière Conférence régionale de l’emploi territorial de la région PACA.

Une alliance sous forme de test

C’est donc un pari ambitieux qui commence : recruter via de nouveaux réseaux, et faire un travail spécifique sur des offres d’emploi jugées prioritaires ou plus difficiles. Au terme de l’année, une évaluation sera faite : « En fonction de son succès, cette opération pourra être renouvelée », affirme Olivier Ducrocq.

Car face aux futurs départs en retraite, cette urgence de recruter ne fait que commencer… Poussant les centres de gestion à trouver sans cesse de nouvelles idées pour être visibles sur le marché de l’emploi !

Julie Desbiolles

« Avec le maire, je forme un binôme » – Karine Gonsse, Dgs à Marcoussis (Essonne)

Service public : « Avec le maire, je forme un binôme » - Karine Gonsse, Dgs à Marcoussis (Essonne) Pour Karine Gonsse, le service public a un coût que les impôts locaux, qui augmentent légèrement chaque année, doivent couvrir. C’est le prix à payer et à expliquer à la population pour le maintien d’un service public de qualité. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Comment caractériseriez-vous votre rôle de Dgs à Marcoussis ?

Je forme clairement un binôme avec le maire, Olivier Thomas. Et ce depuis 15 ans aujourd’hui. J’ai d’abord été Dga pendant cinq ans, puis Dgs depuis dix ans. On se connaît bien, on progresse ensemble, en s’appuyant sur un background politique commun. Dans cette commune de 8 300 habitants, il n’y a pas de directeur de cabinet. Mon rôle est donc aussi politique, au sens noble du terme. Que je sois de gauche ou de droite importe peu, l’essentiel est de partager une vision commune, basée sur des valeurs éthiques irréfragables.

Comment s’harmonise le binôme ?

Je connais ma place. Le maire ne se mêle pas de la vie des services. Nous avons des échanges parfois agités sur le sens politique à donner à notre action. Je lui dois la loyauté. Celle-ci ne doit jamais s’accommoder de demi-mesures. Si tel est le cas, il faut partir.

Comment cette philosophie ruisselle-t-elle jusqu’aux agents ?

Nous comptons 250 agents. C’est beaucoup pour une petite commune. Nous avons fait le choix du maintien de la qualité des services publics. Cela passe entre autres par des choix clairs, comme la suppression du financement d’une colonie qui ne concernait que 30 enfants pour renforcer notre école des arts sans numerus clausus et ses 1 000 usagers. Aucune inscription ne sera rejetée. C’est un vivier de créativité, qui permet d’enclencher sur des classes musicales aménagées, des pratiques d’orchestre avec des primo-instrumentistes. Nous voulons donner les clés aux enfants et aux adultes pour qu’ils deviennent des citoyens éclairés.

Le message est donc clair : dans votre esprit, moins d’argent public ne signifie pas moins de volontarisme politique…

Le philosophe italien Antonio Gramsci disait à peu près la chose suivante, qu’il faut préférer l’optimisme de la volonté au pessimisme de l’intelligence. Nous ne sommes pas loin d’être les champions du monde de la subvention, nous avons optimisé nos dépenses et développé nos compétences d’acheteurs, tout en augmentant progressivement chaque année les impôts. Nous faisons passer l’idée depuis des années que le service public a un coût au même titre que d’autres services privés. Chacun doit payer à la hauteur de ses moyens. Nous avons opté pour le taux de participation familiale au lieu du quotient familial et ses abrupts arbitrages de seuils. Le taux de participation se calcule sur la base d’un pourcentage. Par exemple, à la cantine, le prix du repas oscille pour les familles entre 50 centimes d’euros et 4 euros. Et la population l’admet sans problème.

 

Stéphane Menu

 

Le conseil de l’interviewée

« Ne jamais se perdre »

« Ne jamais se perdre. Rester sur la voie éthique que vous vous êtes tracée au début de votre carrière dans la fonction publique. Car sinon, vous n’apporterez pas grand-chose à ce métier, dont la seule justification est justement d’apporter aux autres  ».