« Certains métiers ne peuvent se faire toute une vie » – Jean-Pierre Moretti, président du CDG de Loir-et-Cher

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Comment éviter aux agents d’être confrontés à des situations où seul le curatif leur permet de soulager leurs souffrances ?

 

Avec les réformes territoriales, les réorganisations de services, les contraintes budgétaires, les collectivités territoriales sont entrées dans une période de grands changements et à cela s’ajoutent pour les ressources humaines la prise en compte de l’allongement de la durée de vie au travail, l’usure professionnelle physique et psychologique, le vieillissement des agents ainsi que les situations d’inaptitude. Les collectivités employeurs à travers les élus, les managers et les responsables ressources humaines sont fréquemment confrontées à des situations individuelles difficiles, lorsque les exigences du poste de travail ne sont plus compatibles avec la santé physique ou psychique de l’agent.

Choisis par passion ou parce qu’ils permettent de mettre en pratique une technicité, certains métiers ne peuvent être exercés sur toute la durée d’une carrière. Des postures pénibles ou répétées, des contraintes physiques ou psychiques ne permettent pas d’atteindre l’âge de la retraite sans souffrance. Il convient alors d’anticiper ces facteurs de risques tout en permettant à l’agent d’envisager d’autres métiers au sein de la collectivité ou dans une autre.

 

Quel rôle joue le Centre de Gestion pour alerter les encadrants et les agents ?

 

Le CDG se veut être un centre de ressources et d’expertise pour les élus et les encadrants. Le Pôle Santé au Travail du Centre de Gestion, par son service de médecine préventive, exercé au titre de sa mission facultative, est l’acteur de référence de la prévention au sein des collectivités et Etablissements Publics territoriaux. Il a également pour mission d’aider les agents à préserver leur santé et leur sécurité. Selon la taille et les moyens des collectivités, des leviers peuvent être activés et permettent d’agir et de prévenir certaines problématiques auxquelles elles sont confrontées.

Médecine préventive, accompagnement psychologique, prévention des risques professionnels, conseil en protection sociale et indisponibilité physique, conseil et accompagnement dans l’emploi, contrat groupe d’assurance des risques statutaires sont des missions proposées par le Centre de Gestion pour répondre aux besoins des collectivités qui font face à des exigences réglementaires et de continuité du service public de plus en plus fortes. La prévention résulte de la mobilisation conjuguée de tous les acteurs concernés : autorité territoriale, encadrants, agents, équipe pluridisciplinaire, assistants de prévention, membres des CHSCT (Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail), partenaires, organismes de formation…

 

Quel regard portez-vous sur l’absentéisme ?

 

Aujourd’hui, l’absentéisme n’est pas lié à une multiplication des absences mais à un allongement de la durée des arrêts et il apparaît clairement générateur de trois « maux » tant sur le plan humain que sur le plan financier : interruption (coût et remplacement) ; perturbation (du service public) ; surcharge (au profit des agents en poste). Il faut donc agir conjointement sur : le management et la motivation, la gestion des métiers et des compétences, la prévention des inaptitudes, le maintien dans l’emploi et l’aide au reclassement professionnel ou encore la maîtrise de l’employabilité des agents à tous les âges.

Stéphane Menu

 

 

Le conseil de l’interviewé

« Mobilisation générale sur l’absentéisme »

Tous les acteurs doivent se mobiliser pour anticiper et contenir ces risques qui fragilisent les agents et les structures employeurs.

Les discriminations à l’embauche reculent dans le public et le privé

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Une nouvelle étude sur les discriminations dans les secteurs public et privé, basée sur le testing à grande échelle

Dans la foulée d’un premier rapport commandé il y a deux ans par le précédent gouvernement, l’économiste et universitaire Yannick L’Horty vient de publier, avec plusieurs chercheurs du CNRS, une nouvelle étude sur les discriminations dans l’accès à l’emploi public et privé. Elle est basée sur plusieurs critères : origine, sexe, adresse et orientation sexuelle des candidats. Cette étude a bénéficié du soutien de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) dans le cadre du projet « Discriminations dans l’accès à l’emploi public ».

 

Ce travail, dont les résultats ont été publiés en août dernier, s’est appuyé sur une campagne de testing à grande échelle. Elle a été menée entre septembre 2017 et mars 2018 à partir de cinq CV fictifs. Ils ont chacun été adressés en réponse à 653 offres d’emploi émanant d’employeurs privés et publics (trois versants de la fonction publique), soit 3265 candidatures. « Pour la première fois avec cette nouvelle campagne de testing qui fait suite à celle de 2015-2016, on peut étudier l’évolution des discriminations dans le temps, confie Yannick L’Horty. En outre, on a élargi cette fois-ci le spectre des discriminations à l’orientation sexuelle. »

 

Candidatures d’aides-soignantes et de responsables administratifs au crible

Le testing a porté sur deux professions en tension où recruteurs publics et privés sont en concurrence : les responsables administratifs de catégorie A et les aides-soignantes de catégorie C. Afin de traquer toute pratique discriminatoire, l’équipe de chercheurs avait pris soin de glisser une particularité dans les profils par ailleurs en tous points identiques des cinq candidats imaginaires. Il s’agissait du genre, de l’origine ethnique (patronyme maghrébin), du lieu de résidence (quartier prioritaire de la ville) ainsi que de l’orientation sexuelle (mention d’une collaboration à l’organisation des Gays Games).

 

« Contrairement à la campagne de testing réalisée en 2015-2016, nous détectons globalement moins de discrimination dans cette nouvelle campagne. Il y a encore des écarts de traitements entre les candidats à l’emploi mais ils sont moins importants et beaucoup plus localisés », soulignent les auteurs du rapport après avoir analysé les réponses reçues par les candidats. Cette relative amélioration aurait deux explications selon les chercheurs : « la reprise de l’emploi dans un contexte macroéconomique devenu plus favorable » et « la conséquence des actions publiques en faveur de la lutte contre les discriminations qui se sont développées sur la période, dans le sillage de la loi égalité et citoyenneté et avec la diffusion des procédures de labellisation auprès de nombreux ministères et acteurs publics ».

 

Selon les chercheurs, ces discriminations concernent désormais uniquement l’origine des candidats et non leur lieu de résidence. Elles affectent principalement les aides-soignantes dans la fonction publique hospitalière et les recrutements de responsables administratifs dans la fonction publique territoriale.

 

Orientation sexuelle des demandeurs d’emploi

Concernant les pratiques discriminatoires basées sur l’orientation sexuelle des demandeurs d’emploi, les chercheurs notent également quelques évolutions positives. Si l’enquête réalisée en 2017-2018 met en évidence « des différences de traitement défavorables aux candidats homosexuels dans le processus de sélection des candidatures », elle démontre aussi que « ces différences ne se traduisent pas dans un écart significatif de taux de réponse à l’encontre des candidats présumés homosexuels ».

Emmanuelle Quémard

 

Autre article du Mag d’Etoile à lire sur le sujet :  « Discrimination dans la fonction publique : cadre juridique, préventions, gestion des litiges… »

L’ANDRHDT face à la révolution de l’emploi à vie ! – Congrès des 20 et 21 septembre 2018 à Nantes

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Un programme ambitieux – articulé autour de 4 ateliers – et un objectif clair

Quatre ateliers pour décrypter, comprendre et proposer des pistes face à ce choc du temps que vivent les personnels des collectivités locales et leurs DRH ont composé cette journée. Quatre ateliers construits autour de quatre questions : Comment maintenir une rentabilité et une motivation constante dans l’exécution de l’action publique?
Temps long contre temps court, vers une mutabilité statutaire ? Une usure programmée des agents : comment inventer une autre vie professionnelle ?
De l’emploi à vie à l’employabilité à vie, est-ce possible ?

 

L’ objectif attendu de chaque atelier était clairement posé. En partant du terrain, de la réalité de la vie professionnelle des agents, il s’agissait de modéliser des réflexions, de les unifier, de casser les certitudes afin d’élaborer des solutions inédites, iconoclastes et des conduites partagées à tenir à l’avenir.

 

NB : retrouvez tout de suite les 4 ateliers en vidéo sur le mag Etoile :

Comment maintenir rentabilité et motivation dans l’exécution de l’action publique ?

Temps long contre temps court, vers une mutabilité statutaire ?

Une usure programmée des agents : comment inventer une autre vie professionnelle ?

De l’emploi à vie à l’employabilité à vie, est-ce possible ?

 

Des pistes de réflexions et d’actions inédites, voir iconoclastes

Au terme de ces quatre ateliers, huit propositions – parmi toutes celles élaborées – ont été retenues par les participants :

 

Rentabilité :
En finir avec l’hypocrisie autour de ce mot. La nécessaire rentabilité des services publics est bien réelle, environnementale, sociale et financière. Mais elle doit être animée par l’intérêt des usagers et le respect des agents.

 

Employabilité :
Reconnaître et valoriser les parcours d ’employabilité, tous employeurs (public, privé, associatif, étranger ), tous environnements, et même dans des métiers différents… Et rendre ainsi l’agent plus autonome et plus acteur de sa vie professionnelle .

 

Territoires :
Construire une GPEC-T, c’est-à-dire au niveau du territoire. Créer, à l’échelle des bassins d’emplois, l’équivalent d’un « MEDEF » local, véritable outil en faveur du recrutement, du reclassement et de la mobilité sous toutes ses formes. Concevoir sur ces territoires des missions «mixtes» publics- privées, permettant aux secteurs public, privé et associatif de mutualiser des postes.

 

Entrée – sortie :
Décloisonner, lutter contre les silos, les esprits de chapelle. Promouvoir un recrutement plus flexible intégrant contrat et recrutements sur titres, des filières plus réduites, faciliter une reconversion accompagnée, valoriser les départs volontaires.

 

Formation :
Se reconnaitre dépositaire transitoire des compétences des agents, construire des formations passerelles, professionnalisantes et qualifiantes, prenant appui sur les compétences, et si besoin mixtes », public- privé . Passer d’une « formation consommateur « avec une offre pléthorique et difficilement lisible à une formation plus ciblée, adaptée aux besoins de demain des collectivités et aux carrières plus transversales des agents mêlant apprentissage et alternance et adapter nos institutions en conséquence.

 

Mobilité :
Accompagner, anticiper et coacher, sans attendre l’usure jusqu’à l’épuisement. Anticiper, promouvoir un dispositif de reclassement des agents en pleine capacité de leurs moyens, des insertions transitoires, un accompagnement à la rupture de poste et à l’entrée dans un nouveau métier. Réfléchir et/ou imposer une mobilité tous les 5 ou 10 ans selon les métiers .

 

Partenariats :
Multiplier les partenariats entre collectivités, avec l’Etat, l’hôpital, le privé, afin de mutualiser toutes les étapes de la carrière :  concours, équivalences recrutement, mobilité.

 

Management :
Passer d’une culture de la technicité à une culture du management, avec des véritables formations au management, des encadrants, et un véritable courage managérial dans les recrutements ou les mobilités internes. Appliquer ce même courage managérial quand il s’ agit de sanctionner, comme de valoriser.

 

La seconde partie du Congrès fût consacrée à une veille juridique détaillée au cours de laquelle ont été passés au tamis l’ensemble des textes depuis 2017, toute la jurisprudence, et une analyse prospective des textes à venir. Deux journées riches de contenu, de réflexions conduites collectivement, de partage d’expériences et de propositions innovantes .

Pour aller plus loin : https://andrhdt.net/

Hugues Perinel

 

Autres articles du Mag d’Etoile à lire sur le sujet :  « Patrick Coroyer est le nouveau président de l’ANDRHDT ».

L’absentéisme gagne du terrain dans les collectivités

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En 2017, le taux d’absentéisme des personnels territoriaux s’est élevé à 8,34%. Soit une légère progression (+ 0,14%) par rapport à l’année précédente. Une hausse qui marque néanmoins un ralentissement de la courbe des absences, qui avait crû de 0,35 points entre 2015 et 2016. Telles sont les principales conclusions de l’étude sur l’absentéisme publiée le 14 septembre 2018 par l’Association des DRH des grandes collectivités (ADRHGCT) en partenariat avec la start-up Havasu.

Cette troisième édition compile des données recueillies auprès de 184 communes, départements, EPCI, CCAS et régions, représentant plus de 348 000 personnels de collectivités territoriales. Elle permet d’analyser assez finement un phénomène que l’ADRHGCT qualifie de « complexe et multifactoriel » et qui selon elle, « ne peut pas se résumer aux seuls comportements des agents ». « Sur le plan méthodologique, nous sommes satisfaits, déclare Johan Theuret, président de l’ADRHGCT. Chaque année, le nombre de participants augmente et nous parvenons avec cette 3e édition à un panel bien représentatif concernant les différentes strates de collectivités et leur répartition sur le territoire. »

Lien entre absentéisme, métiers, et catégories (A, B et C)

Si elle ne prend pas en compte l’impact de la journée de carence, rétablie à partir du 1er janvier 2018, l’étude montre le lien très étroit existant entre l’absentéisme et les métiers exercés par les agents et les différentes catégories. Ainsi, il apparaît que les personnels de catégorie C sont ceux qui s’absentent le plus (10,2%). Un taux deux fois et demi plus élevé que chez les agents de catégorie A, et deux fois plus important qu’au sein de la catégorie B. Ce sont également les filières caractérisées par une forte proportion de métiers pénibles qui comptent les taux d’absence les plus élevés. Les filières médico-sociale et sociale (10,4%) et technique (8,9%) devançant nettement les filières animation (7,5%), administrative (6,5%), culturelle (5,6%) et sportive (4,9%). « Il est intéressant pour chaque collectivité d’avoir une cartographie de son absentéisme et de pouvoir en affiner les causes », remarque le président de l’ADRHGCT.

Nombre moyen d’arrêts de travail par agent en baisse

Autre enseignement du baromètre ADRHGCT – Havasu : l’absentéisme des agents communaux est celui qui a le plus augmenté en un an (8,8% contre 8,5%) devant celui des personnels départementaux (7,3% contre 7,2%). Alors même que le pourcentage d’absences reste stable dans les EPCI et diminue dans les CCAS (11,3% contre 12,1%). En prenant en compte l’ensemble de la fonction publique territoriale, il ressort que six agents sur dix ont eu au moins un jour d’absence dans l’année. Ce chiffre stable dans la durée. Chaque agent communal s’absente environ deux fois par an en moyenne. La fréquence d’absence moyenne est stable entre 2016 et 2017 (en baisse dans les CCAS à 1,7 arrêt par an). La durée moyenne de l’absentéisme est particulièrement élevée dans les CCAS où l’on observe 25 jours d’arrêt par an (22 jours en 2016) alors qu’elle est de 22 jours dans les départements, 20 jours dans les communes et 18 jours dans les intercommunalités.

Nécessité des plans de prévention de l’absentéisme

Le benchmark 2017 montre par ailleurs que les arrêts de travail pour maladie ordinaire (plus de la moitié du volume total des absences) constituent le premier motif d’absentéisme. Les accidents du travail et maladies professionnelles motivent eux 16% des arrêts. « Les différences identifiées entre les types de collectivités et entre les métiers rappellent la nécessité pour les employeurs locaux de connaître les caractéristiques de l’absentéisme, et de mettre en place de réelles politiques de prévention, souligne Johan Theuret. Souvent, les politiques de prévention sont conduites au fil de l’eau. » L’étude démontre que l’amélioration des conditions de travail et la formation (santé et sécurité au travail et gestes et postures) restent comme en 2016 les leviers les plus utilisés pour prévenir l’absentéisme devant la contre visite médicale systématique, l’incitation financière et les services aux salariés.

Emmanuelle Quémard

Autres articles du Mag d’Etoile à lire sur le sujet :

Absentéisme et prévention : le CDG69 met en place un service de médecine innovant 

Absentéisme : un territorial sur deux s’est arrêté au moins une fois en 2017

 

Égalité professionnelle femmes-hommes dans la fonction publique : des progrès à tout petits pas

Égalité professionnelle femmes-hommes dans la fonction publique : des progrès à tout petits pas. Decryptage du rapport de la DGAFP (La direction générale de l'administration et de la fonction publique). Article Etoile mag actualités

En progrès, mais doit mieux faire. Telle est en substance la conclusion que l’on peut tirer de la lecture du rapport 2017 sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique. Publiée fin août, la quatrième édition de ce document dresse un état des lieux des inégalités constatées entre les agents des deux sexes au sein des trois versants de la fonction publique. L’analyse des différents items passés au crible des statisticiens de la DGAFP montre que malgré les efforts entrepris depuis 2013, on est encore loin d’une véritable égalité professionnelle.

De bonnes nouvelles – en matière d’égalité professionnelle – identifiées chez les employeurs publics

Le rapport contient néanmoins quelques bonnes nouvelles. A commencer par le comportement plus vertueux constaté chez les employeurs publics par rapport aux patrons du secteur privé. Un exemple en matière de rémunération. L’écart femmes-hommes est moins élevé dans la fonction publique que dans la sphère privée : 13,1 % contre 18,5 % en 2015 (dernière année connue). Le volontarisme des employeurs publics n’explique cependant pas à lui seul cette situation. Le recrutement par voie de concours, la gestion des carrières impliquant l’intervention de commissions paritaires, l’absence d’individualisation des rémunérations constituent des facteurs « amortisseurs » aux écarts. A noter qu’au sein même de la fonction publique, ce sont les collectivités qui réduisent le plus les distorsions de rémunération (9,3 % contre 14,4 % pour l’Etat et 21,4 % dans les hôpitaux).

Mais des écarts de rémunérations toujours visibles

Reste que si la comparaison avec le privé semble à première vue flatteuse, la fonction publique ne peut se prévaloir d’exemplarité en matière d’égalité professionnelle. Un exemple dans le domaine de la gestion des carrières. Le rapport de la DGAFP montre que si progrès il y a, ils se font à tout petits pas. Ainsi depuis 2012, le bilan du dispositif des nominations équilibrées sur les emplois supérieurs et dirigeants de la fonction publique traduit une progression limitée à 1% par an de la proportion de primo nominations de femmes sur un poste vacant. Malgré cette progression, la proportion de femmes nommées n’était que de 35 % en 2016. Autant dire que près des deux tiers des nominations concernent toujours des hommes…

On retrouve cette tendance en matière de salaires, un domaine où l’écart entre les salaires nets mensuels moyens est défavorable aux femmes dès le début de leur carrière. Pour les agents de l’Etat de catégorie A, par exemple, cet écart est particulièrement parlant. Les fonctionnaires masculins de moins de 30 ans gagnent en moyenne 125 euros de plus (6,5%) que leurs collègues féminines. Et passé l’âge de 40 ans, la différence salariale atteint près de 500 euros (18 %) !

Au moment où le gouvernement vient de rouvrir le dossier de l’égalité professionnelle en lançant un cycle de négociations tripartites entre l’Etat, les employeurs des trois versants de la fonction publique et les syndicats de fonctionnaires, le rapport 2017 de la DGAFP tombe à pic pour mesurer le chemin qu’il reste à accomplir.

La dématérialisation révolutionne les organisations internes des communes – Francisque Vigouroux, maire d’Igny (91), référent numérique de l’APVF

« La dématérialisation révolutionne nos organisations internes » C’est une révolution majeure. La dématérialisation des actes administratifs dans les communes est en marche. Signature électronique, fiches de paie, obligation de passer à Comedec (Ndlr, Communication électronique des données de l’état civil) en 2018… Comment les petites communes intègrent-elles ce changement ? Le point avec Francisque Vigouroux, maire d’Igny (Essonne) et en charge du dossier à l’APVF (Association des petites villes de France). A lire sur Etoile Mag Actualités.

Comment les petites communes se sont-elles adaptées aux obligations de dématérialisation ?

Elles se sont mises à la dématérialisation. Nous rencontrons les mêmes difficultés que dans les grandes collectivités. L’idée est de savoir comment aborder cette transformation majeure et ce que l’on est en mesure de faire. Certaines communes ont voulu faire tout d’un seul coup. Or, parfois, il faut savoir y aller avec discernement.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette conduite du changement à effectuer ?

Derrière le mot « dématérialisation », on ne doit pas sous-estimer la nécessité d’une nouvelle organisation des ressources humaines, un nouveau périmètre de certains métiers. Il est donc impératif d’accompagner cette conduite du changement. La dématérialisation redessine le fonctionnement de l’organigramme. Dit autrement, c’est la chaîne du management qui s’en trouve modifiée avec des process plus horizontaux. Au temps du format papier, le circuit des validations était souvent fléché en mode vertical. Aujourd’hui, certains chefs de service peuvent se sentir « squizzés ». Cette nouvelle circulation de la validation doit être bien définie en interne.

Comment mettre en place cette dématérialisation concrètement ?

Il faut partir de l’existant. Faire un état des lieux des procédures en cours, sans jugement. Il faut également avoir en tête que la dématérialisation n’est pas un but en soi mais un moyen pour des objectifs. Mais également être clair sur les buts à atteindre en sachant que ces nouveaux outils impactent le directeur comme l’assistante, ainsi que les agents opérationnels. Il s’agit aussi parfois de modifier certaines fiches de poste. Par exemple, au service du courrier, un agent gérait mécaniquement l’entrée des plis de la poste et les enregistrait ou pas. Avec la dématérialisation, son temps de travail est modifié et son métier valorisé mais différent. Il faut rappeler que la dématérialisation présente trois avantages : la traçabilité, la sécurité et la rapidité des tâches. Certains agents peuvent ressentir une « pression-machine », comme une forme de flicage alors qu’il s’agit de sécuriser les flux. C’est une aide pour tous.

Est-ce que cela coûte cher aux communes ?

Oui. Les éditeurs de logiciels occupent le marché et ont tendance à augmenter leurs tarifs, sans compter le passage en mode SaaS (1), les formations, les montées en version… La difficulté est que ce coût affecte directement les budgets de fonctionnement des collectivités. En effet, on loue un service alors qu’auparavant, nous achetions des licences. Il faut essayer de trouver un autre modèle, plus collaboratif, pour sortir de cette dépendance. Car nous ne pourrons plus suivre ces charges exponentielles indéfiniment.

Stéphane Menu

(1) Le mode SaaS (Software as a Service) est un concept assez récent qui offre la possibilité aux entreprises et collectivités de s’abonner à un logiciel à distance au lieu de les acheter.

Le conseil de l’interviewé

« Travailler ensemble dans le cadre intercommunal »

Pour les petites communes, il faut d’abord définir les priorités et les besoins. Il faut ensuite faire le tour des moyens humains et financiers et avoir une réflexion stratégique concernant la bonne échelle opérationnelle. Cela signifie que les collectivités font toutes les mêmes métiers, parfois avec des logiciels métiers identiques. Il ne faut pas hésiter à se regrouper et travailler ensemble, par exemple dans le cadre intercommunal. Car la dématérialisation n’est qu’une brique d’un processus plus large pour bâtir une stratégie numérique locale.

10 MOOCS pour bien commencer l’année

10 MOOCS pour bien commencer l’année Profitez de l’énergie de la rentrée pour vous former ! Francophonie, méthodes agiles, orthographe, innovation publique… Voici une sélection de 10 cours en ligne à commencer en septembre. A lire sur Etoile Mag Actualités

Les MOOCS sont des cours en ligne gratuits, proposant des vidéos, textes et activités. Leur avantage : en deux à trois heures par semaine, ils permettent d’acquérir des compétences sur une multitude de sujets… Tout en restant chez soi !

Pour commencer : le MOOC pour apprendre à apprendre

Faire un plan d’apprentissage, se fixer des objectifs, s’évaluer… Si vous avez un projet de changement de carrière, d’auto-formation ou d’examen, ce MOOC est pour vous.
Apprenez à apprendre – MOOC d’Openclassroom – permanent

Améliorer ses écrits : orthographe, style et syntaxe

Qui n’a jamais fait une faute de français dans un mail d’une seule ligne ? En cette rentrée, deux MOOCS proposent d’y remédier : l’un est consacré aux règles basiques d’orthographe, tandis que le second explore avec humour les fautes de syntaxe.
Renforcer ses compétences orthographiques – MOOC de l’Université de Caen Normandie – début : 26 septembre
Fautomaton – À la chasse aux fautoz ! – MOOC de l’Université Libre de Bruxelles – début : 17 septembre

Management : les méthodes agiles

Un chef de projet décortique les fameuses « méthodes agiles » : concept, mise en œuvre, mais aussi notions liées comme le modèle de Tuckman, les personas, le burndown chart…
Initiez-vous à la gestion de projet agile – MOOC d’Openclassroom – permanent

Comment faire un laboratoire d’innovation publique ?

Directement adressé aux agents territoriaux, ce MOOC propose des outils théoriques et pratiques pour monter un laboratoire d’innovation publique.

Comment faire un laboratoire d’innovation publique ? – MOOC de l’Université Sorbonne Paris Cité – début : 6 septembre

Comprendre les ressources humaines

Une trentaine de notions de ressources humaines sont explorées dans ce MOOC : recrutement, formation, e-réputation, marque employeur, motivation…
Les mots de la GRH : fondamentaux – MOOC du Cnam – début : 17 septembre

Culture générale : qu’est-ce que la francophonie ?

Des experts proposent un voyage au cœur de la francophonie et ses enjeux politiques : histoire, géographie, politique…
La Francophonie : essence culturelle, nécessité politique 2018 – MOOC de l’Université Jean Moulin Lyon 3 – début : 26 septembre

Les mutations territoriales : comprendre et agir

Des experts et cadres de la fonction publique analysent les mutations des territoires, et proposent d’échanger sur des projets concrets.
Mutations territoriales : 6 séances pour comprendre et agir – MOOC du CNFPT – début : 24 septembre

Quelle éducation pour demain ?

Des spécialistes, universitaires et experts du champ éducatif réfléchissent aux politiques d’éducation du futur.

Accompagner les transitions éducatives – MOOC de l’Université Sorbonne Paris Cité – début le 24 septembre 2018

Comprendre et mettre en œuvre les Objectifs de Développement Durable

Ce MOOC présente les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), ainsi que des outils et des retours d’expérience. L’objectif : savoir mettre en œuvre les ODD dans l’action locale au quotidien.
Objectifs de Développement Durable – MOOC de l’UVED – début : 3 septembre

Julie Desbiolles

« Notre objectif n’est pas de faire acheter plus mais mieux » – Wilfried Boudas, directeur des achats à l’UGAP

Achat public « Notre objectif n’est pas de faire acheter plus mais mieux » Wilfried Boudas, directeur des achats à l’UGAP. Dans un contexte financier plus contraint, les collectivités territoriales font évoluer leurs pratiques en matière d’achat public. Entretien avec Wilfried Boudas, directeur des achats à l’UGAP. A lire sur Etoile Mag Actualités.

Comment l’UGAP tente-t-elle d’optimiser l’achat public ?

Le code des marchés publics est très vertueux. D’une certaine manière, le privé s’en est inspiré, ces dernières années, en adoptant plusieurs des meilleures pratiques de l’ achat public : identification du marché amont des fournisseurs, comparaison des produits et des prix… Quant à la négociation, propre au privé, elle n’est pas une fin en soi ; la rédaction d’un cahier des charges fonctionnel et adapté au besoin la remplace avec aisance dans le secteur public qui, à de rares exceptions près, comme le secteur de la sécurité ou pour certains Epic (Ndlr, RATP, SNCF, etc.), a recours à des appels d’offres sans possibilité de négocier l’achat.

Les entreprises trouvent encore les appels d’offre trop complexes. Comprenez-vous ce ressenti ?

Un tel cahier des charges constitue aussi une sécurité. Bien sûr, personne ne peut se satisfaire d’une paperasserie trop dense, qui peut démotiver. Mais cette exigence est la garantie d’un examen juste des candidatures aux appels d’offre, pour éloigner notamment les dérives clientélistes.

Comment les collectivités territoriales font-elles face aujourd’hui à la baisse des dotations financières ?

Elles sont concrètement dans l’anticipation de leurs besoins en matière d’achat. Contrairement à la réactivité pratiquée par le secteur privé, contraint de partir souvent bille en tête pour devancer les concurrents, les choses sont plus sécurisées dans le secteur public, parce que les rédactions systématiques de cahiers des charges induisent cette anticipation. L’UGAP, ce sont 3,2 milliards d’euros d’achats publics chaque année, avec en moyenne plus de 80 gros dossiers de consultation annuels et 670 fournisseurs recensés. Dans le contexte actuel, les collectivités ont tendance à travailler plus en direct avec nous. Notre objectif n’est pas de faire acheter plus mais mieux, notamment pour instaurer une relation de confiance dans la durée.

Stéphane Menu

Carrières ATSEM et agents de la filière animation : des pistes concrètes de redynamisation

Carrières ATSEM et agents de la filière animation : des pistes concrètes de redynamisation. Le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale vient d'adopter un rapport complémentaire en autosaisine ouvrant la voie à la redynamisation, tant attendue, des carrières des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles et des agents de la filière animation. A lire sur Etoile Mag Actualites.

A priori, il s’agit d’un rapport comme tant d’autres. Mais par sa portée administrative et son ambition sociale, le texte adopté le 4 juillet 2018 par le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) envoie -bien au-delà de la seule FPT- un signal fort sur la remise en marche de l’ascenseur social dans les filières les moins valorisées de l’emploi public. Adopté à l’unanimité des suffrages exprimés, le document du CSFPT porte sur les modalités de recrutement et de formation des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) et des agents de la filière animation. Deux métiers qui n’offraient jusqu’ici que très peu de perspectives d’évolution professionnelle aux agents concernés.

En effet, même si ces personnels jouent un rôle de plus en plus important depuis la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires de 2013, ils restent confrontés à des problèmes de progression de carrière et de débouchés. Une situation qui rend ces métiers peu attractifs et pose bien des difficultés aux managers des services RH.

Un taux de féminisation de 71% au sein de la filière animation

Dans la foulée des deux précédents rapports adoptés en mai 2016 (sur la filière animation) et en février 2017 (sur les ATSEM) le texte voté par le CSFPT dresse un état des lieux des modalités de recrutement (concours, examens professionnels, recrutements directs…) des ATSEM et des agents de la filière animation. Il fait, d’autre part, le point sur la formation professionnelle de ces agents territoriaux.

Parmi les propositions formulées par le Conseil sup’, on retiendra notamment la création d’un cadre d’emplois de catégorie A d’attaché d’animation. Les agents pourraient ainsi accéder aux trois grades d’attaché d’animation. Promotion interne, concours externe ouvert aux candidats titulaires d’un titre ou diplôme du domaine de l’animation homologué au moins au niveau II. Les concours interne sont ouverts aux fonctionnaires et agents publics justifiant d’une certaine ancienneté, et troisième concours. Une mesure qui selon le rapporteur du texte, Didier Pirot (FO, serait susceptible de dynamiser les carrières au sein d’une filière qui compte plus de 81 000 agents (60% de titulaires) et qui se caractérise par la jeunesse de ses effectifs et son important taux de féminisation (71%).

Augmenter la fréquence des concours pour les ATSEM

Concernant les ATSEM, le CSFPT propose de remettre à plat les procédures de recrutement. Augmentation de la fréquence des concours et en inversement de la proportion des postes à pourvoir. Actuellement ils sont réservés pour 60% aux candidatures externes contre 30% pour les candidatures internes. Le nombre de postes ouverts au 3e concours demeurant inchangé.

Par ailleurs, le rapport souligne que l’accès des ATSEM au cadre d’emploi des agents de maîtrise et à la catégorie B « reste à ce jour un chantier à mener ». Parmi les autres chantiers que le rapport propose d’ouvrir, ceux de la formation professionnalisante et des « faisant fonction » sont une priorité. Le CSFPT préconise notamment de donner aux ATSEM la possibilité de s’absenter des écoles pendant le temps scolaire. L’objectif : suivre des formations en étant temporairement remplacés par d’autres agents mis à la disposition des collectivités par les centres de gestion.

Emmanuelle Quémard

Concours d’accès à la territoriale : les DRH des grandes collectivités proposent des pistes de modernisation

En plein débat sur l’assouplissement du statut et les conditions d’accès à la fonction publique, l’Association des DRH des grandes collectivités vient de publier une série de propositions afin d'attirer de nouvelles compétences et de nouveaux profils au sein de la territoriale. Etoile Mag Actualités

S’appuyant sur une récente étude confiée à quatre élèves administrateurs territoriaux de l’INET, l’Association des DRH des grandes collectivités territoriales (ADRHGCT) rappelle en préambule son attachement au principe du concours qui reste, selon elle, «une garantie de procédure dénuée de favoritisme». Les DRH des grandes collectivités préconisent néanmoins de moderniser l’organisation des concours d’accès à la fonction publique territoriale. «Revoir les modalités d’organisation et le contenu de certains concours, voire leur suppression, est indispensable », estime l’association professionnelle qui propose notamment de simplifier l’accès au 2e grade des catégories C de la filière technique. Il s’agirait dans ce cas de ne conserver que l’examen d’avancement où un entretien basé sur la validation des acquis professionnels remplacerait l’épreuve pratique.

Démocratiser l’accès aux préparations aux concours externes

D’autres pistes sont envisagées par les DRH des grandes collectivités. Premièrement, le recrutement sur titres, voire le recours au contrat pour les métiers donnant accès à une profession réglementée.  Également, la suppression du concours d’accès aux postes d’enseignement artistique. Ou bien encore, l’extension des compétences de la « cellule pédagogique nationale » aux concours organisés par les centres de gestion.
Afin d’assurer une plus grande diversité des profils au sein de la FPT, les DRH proposent aussi de généraliser les formations sur les risques de discrimination, et de démocratiser l’accès aux préparations aux concours externes de la fonction publique territoriale. En particulier, en rendant accessibles les préparations aux concours A et A+ du réseau INSET-INET sur la base de critères sociaux. L’association préconise, par ailleurs, de favoriser le recrutement d’apprentis dans les collectivités.

Un recours aux contractuels assoupli mais maîtrisé

Concernant le recours aux contractuels, -qui a fait l’objet cet été d’un vif débat entre le gouvernement et les associations professionnelles de dirigeants territoriaux ainsi qu’au Parlement via le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel-, les DRH plaident en faveur d’un assouplissement de la réglementation actuelle. Ils souhaitent notamment que les collectivités puissent recruter des contractuels pour une durée de 2 ans (renouvelable une fois) afin de leur permettre de s’inscrire à au moins une session de concours. L’association est, en outre, favorable au recrutement en CDD de 3 ans (renouvelable une fois) d’agents de la catégorie B qui pourraient bénéficier d’un CDI si à l’issue des appels à candidatures, aucun fonctionnaire n’a pu être trouvé pour pourvoir le poste permanent vacant.

Des contrats de mission pour les métiers en tension

Pour les métiers en tension, les DRH suggèrent de mettre en place des contrats de mission, d’une durée de 3 à 6 ans, attachés à des activités spécifiques. Ils se prononcent également en faveur de l’embauche de contractuels pour les emplois répondant à des besoins irréguliers mais récurrents et pour ceux nécessitant de faibles quotités horaires. Enfin, l’association souhaite responsabiliser les employeurs vis-à-vis de ces emplois précaires en instaurant une obligation de « rapport annuel sur la situation des emplois non-permanents ».

Emmanuelle Quémard