« L’apprentissage, un levier de gestion prévisionnelle de l’emploi »

Vous souhaitez développer le recours à l’apprentissage pour recruter dans votre collectivité. Pourquoi ?

La ville d’Aix en Provence a recours à l’apprentissage depuis plus de 15 ans et a régulièrement augmenté le nombre d’apprentis pour en accueillir une trentaine chaque année. Les métiers vont du CAP mécanicien, espaces verts, aide scolaire, à BAC Pro comptabilité, secrétariat, ou Licence ressources humaines et encore Master contrôle de gestion. Accueillir des apprentis permet de valoriser le maître d’apprentissage via le transfert de savoirs, le tutorat et la bonification indiciaire de 20 points majorés ; ce savoir-faire est reconnu pour le tuteur. L’apprenti a véritablement la possibilité d’acquérir une expérience professionnelle significative.

Nous considérons aussi que les apprentis constituent un vivier de recrutement. D’ailleurs, nous recrutons 35 % de nos apprentis à la fin de leur cursus. Par ailleurs, nous essayons de développer la gestion prévisionnelle des départs en créant un apprentissage dans un service où le tuteur aura la possibilité de partir à la retraite en ayant transmis ses savoirs. Nous envisageons de permettre à des préretraités de participer au recrutement des apprentis. Ainsi, dans le cadre d’une cessation progressive d’activité par exemple, étalée sur une durée de deux ans, le mécanisme pourrait devenir vertueux en obligeant l’agent à signer un contrat tripartite avec l’employeur et la caisse de retraite fixant une date de départ certaine de liquidation de la retraite contre le recrutement obligatoire d’un apprenti par l’employeur. Ces dispositifs de tuilage (apprentissage et tutorat) restent les démarches les plus utilisées par les collectivités dans le knowledge management pour faciliter le transfert des savoirs.

Quels sont les obstacles qui contraignent une telle démarche ?

Les obstacles sont les filières d’apprentissage peu connues des étudiants et des employeurs. Ces filières sont régulièrement modifiées et donc peu lisibles en terme de parcours étudiant. Certains métiers publics sont ignorés dans l’apprentissage : l’état civil, la gestion des titres sécurisés …

La constitution du contrat est fastidieuse et au moindre problème c’est le juge des prud’hommes qui est compétent car c’est un contrat de droit privé même pour les collectivités territoriales. En cas de problème, il est difficile de rompre la relation de travail dans des délais raisonnables.

Pourquoi l’apprentissage est-il si peu développé dans les collectivités et de façon plus générale dans les entreprises ?

Le dispositif nécessite de connaître les règles du code du travail pour des professionnels qui utilisent habituellement des textes du statut public. Il existe peu de communication autour de ces filières. Certaines formations sont chères également et constituent un frein au développement de l’apprentissage.

Stéphane Menu

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