Lancée à grand renfort de communication ministérielle en octobre 2017, l’opération « Action publique 2022 » vise à transformer et moderniser les services publics et l’administration sans perdre de vue la maîtrise des dépenses publiques. La gestion des ressources humaines et le management des agents des trois fonctions publiques sont au cœur de cette dynamique.
Associant ministères, syndicats, agents et usagers-citoyens, la démarche n’est pas neuve mais le gouvernement Philippe en espère de profondes évolutions. Après une phase de diagnostic, qui doit s’achever en mars prochain, le Président de la République et son Premier ministre rendront des arbitrages dans la foulée avant la mise en œuvre des réformes d’ici à la fin du quinquennat.
40 000 visites et 3200 contributions
Un des piliers de cette concertation et de ce travail de co-construction de l’action publique de demain repose sur le Forum de l’action publique en direction des agents et des usagers. La déclinaison numérique de ce Forum, au travers d’une plateforme de consultation en ligne, vient de faire l’objet d’un premier bilan d’étape. Si la participation (40 000 visites) et les contributions (3200) sont jugées insuffisantes par les syndicats, une première analyse réalisée par la DGAFP sous l’égide du ministère de l’action et des comptes publics permet toutefois de dégager deux grandes tendances : les questions d’ouverture et d’attractivité de la fonction publique et les problématiques touchant aux parcours professionnels des agents. Pas moins de 605 des 3200 contributions font ainsi émerger les attentes des agents en matière de reconnaissance des compétences acquises au cours de leur carrière, de valorisation de la mobilité, notamment interministérielle et inter-fonction publique, d’équité et de transparence en matière de promotion.
Ateliers de co-construction
Concernant la thématique « attention aux agents, à la qualité de vie au travail et à l’innovation », approfondie notamment lors d’ateliers à Dijon et Montpellier, les agents ont, par ailleurs, exprimé les souhaits suivants : des modalités de travail plus participatives; une réappropriation de la reconnaissance de l’investissement individuel et collectif des agents par les managers de proximité; la nécessité de veiller à l’équité en matière de régime indemnitaire, de promotion, de mobilité, en particulier au sein des collectifs de travail interministériel et le souhait d’une appropriation plus générale du télétravail par les agents et les managers.
En outre, une série d’ateliers et d’évènements régionaux RH à destination des agents publics sont déclinés en régions. Chaque atelier réunit des agents toutes catégories et fonctions publiques confondues et des élèves des écoles de service public. Appelés « sprints créatifs », ils sont destinés à faire éclore collectivement des projets. « Mesurer la reconnaissance et donner du sens », travailler en équipe de façon horizontale afin de trouver une solution à un problème donné, partager ses expériences avec ses pairs…, figurent parmi les exemples qui ont déjà pris corps. Le lendemain de chaque atelier, un « évènement régional RH » est organisé avec une restitution des travaux de l’atelier et des débats où participent des acteurs publics locaux, des universitaires et des DRH du privé.
Certaines voix, parmi les représentants des associations professionnelles de territoriaux et les syndicats, ont toutefois exprimé leur déception face au manque de considération pour le monde territorial dans le cadre d’Action Publique 2022. Fabien Tastet, président de l’Association des administrateurs territoriaux de France, confiait récemment : « avec le Forum de l’action publique, c’est l’Etat qui se parle à lui-même et c’est inquiétant. De même, lors de la mise en place du Comité CAP22, le président de la République a privilégié des hauts fonctionnaires d’Etat et je le regrette ».
Emmanuelle Quémard

