Dans un murmure contrastant avec la liesse ambiante, l’esclave placé derrière le général romain victorieux était là pour rappeler au héros du jour que le temps fane jusqu’à devenir poussière les plus belles couronnes de laurier. Un sacré rappel à l’humilité – qui plus est assené par le serviteur assujetti. À voir certains managers, gonflés de leur importance, on en vient à regretter ces époques antiques. Trop d’entre eux, en effet, confondent visiblement vanité et fierté, au grand dam de leurs équipes.
La différence ? Elle a fort brillamment été cernée par le Comte Raczynski, homme d’État polonais : la première n’est que volonté de paraître, quand la seconde consiste tout bonnement à savoir ce que l’on vaut…
Une émotion universelle tout ce qu’il y a de plus bénéfique, et que le « vrai leader » aura justement à cœur de susciter aussi chez ses collaborateurs, en donnant du sens au travail et de la reconnaissance à celui qui l’accomplit. Car « si rien de grand ne s’est fait sans passion » comme le soutient Hegel, que pourrait-il se réaliser sans la fierté de se sentir utile et identifié pour son individualité, dans ce que l’on produit. Un peu comme si chaque jour, dans le fracas du quotidien, le manager chuchotait avec bienveillance, à l’oreille de son collaborateur, cette évidence trop fréquemment piétinée : « tu es un Homme, tu es un Homme… ».
Laurence Denès

