Baby-foot, salle de sieste, embauche d’un Chief Happiness Officer… Depuis quelques années, les organisations publiques comme privées rivalisent d’imagination pour apporter amusement et détente sur le lieu de travail ; avec en fond, l’idée qu’un travailleur heureux est un travailleur productif. Mais la notion de bonheur au travail ne va pas forcément de soi !
Travail et bonheur, un paradoxe ?
Le mot « travail » viendrait du latin « trepalium », qui désigne un instrument de torture : voilà qui annonce la difficulté à faire coexister bonheur et travail. Chez les philosophes grecs, c’est dans l’oisiveté que réside le bonheur, souligne une chronique de France Culture. De son côté, un article de Larousse rappelle que la tradition judéo-chrétienne célèbre le travail… S’il est difficile : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Pourtant, aujourd’hui, le travail tend à ne plus être seulement un « gagne-pain » : une enquête de Luc Rouban, directeur de recherches CNRS-Cevipof montre que « l’utilité sociale [du] travail, suivie par l’intérêt des tâches accomplies » dépasse la rémunération comme facteur de motivation chez les agents publics.
Le bonheur aux philosophes, le bien-être aux DRH
Johan Theuret, président de l’association des DRH des grandes collectivités, tranche : pour lui, le bonheur n’est pas l’affaire des DRH. « Le bonheur, c’est un état global, qui repose sur d’autres facteurs que le travail », estime-t-il. Avant d’ajouter : « Par contre, la responsabilité de l’employeur, c’est de travailler sur le bien-être au travail ». Un changement de vocabulaire qui propulse au cœur du métier de DRH, avec des indicateurs et des leviers concrets. « On peut travailler sur ce qui améliore l’environnement : la relation avec la hiérarchie, faire du management bienveillant, s’assurer que les valeurs agents sont conformes aux valeurs portées par l’administration… », énumère-t-il. Pour lui, il faut donc remettre les choses leur place : des couleurs au mur, du yoga et un baby-foot, pourquoi pas… Tant qu’ils ne jouent pas le rôle de vernis pour cacher l’absence d’investissement dans le bien-être des travailleurs.
Julie Desbiolles

