C’est en 1992 que le dispositif de l’apprentissage a été mis en place à titre expérimental dans la fonction publique ; il a ensuite été pérennisé en 1997. Les premiers pas de l’apprentissage dans la sphère publique ont été plutôt timides. Pendant plus de quinze ans, les jeunes de 16 à 25 ans, qui souhaitaient acquérir des compétences professionnelles par l’exercice d’un métier tout en percevant une rémunération, étaient essentiellement accueillis au sein des collectivités territoriales.
Les services de l’Etat et les hôpitaux publics semblaient bouder ce type de formation « in situ » permettant à l’apprenti de voir son parcours initiatique sanctionné par un diplôme au terme de son contrat. Une frilosité d’autant plus dommageable qu’elle privait un grand nombre d’employeurs publics de la possibilité de mieux faire connaître les métiers d’intérêt général et de valoriser les compétences des agents impliqués dans le dispositif de l’apprentissage.
Protocole d’accompagnement financier de l’apprentissage
En 2014, le gouvernement en place décidait de renverser la vapeur en prenant une série de mesures destinées à booster l’apprentissage dans les administrations de l’Etat. L’objectif de recruter 10 000 apprentis en 2017 était fixé à l’ensemble des ministères et de leurs opérateurs. Pour leur permettre de tenir cet engagement, le gouvernement mettait en place un protocole d’accompagnement financier. Effectivement, il était basé sur la prise en charge partielle des coûts de rémunération et de formation des apprentis. Il acceptait, par ailleurs, que les contrats d’apprentissage soient établis hors schéma d’emplois ; ainsi, ils n’obéreraient pas les marges de recrutement des employeurs publics.
Cette mobilisation de l’Etat en faveur de l’apprentissage a-t-elle porté ses fruits ? L’analyse des statistiques publiée récemment dans le rapport annuel 2018 sur l’état de la fonction publique permet de répondre affirmativement à cette question. En 2017, la Bourse interministérielle de l’emploi public (BIEP) a publié 2 197 offres d’apprentissage, 1,4 million de consultations ont été recensées et plus de 8000 CV ont été déposés.
La fonction publique hospitalière à la traîne
Dans le détail, le nombre de contrats d’apprentissage signés au sein de l’État a augmenté de 1400 % depuis 2014 ! Pour l’année scolaire 2017‑2018, ce sont 9481 apprentis qui ont été admis dans les services et les opérateurs de l’Etat ; alors que, sur cette même période, le nombre de contrats signés dans le secteur privé est resté relativement stable. Les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur sont les recruteurs les plus importants d’apprentis. En effet, ils accueillent 53 % des apprentis de la fonction publique de l’État. Suivent les ministères des Armées (14 %) et de l’Intérieur (12 %).
On notera enfin que la fonction publique territoriale continue à faire la course en tête en matière d’apprentissage. En 2016, 53 % des nouveaux apprentis accueillis dans le secteur public l’étaient dans les collectivités contre 43 % dans la fonction publique de l’État et 4 % dans la fonction publique hospitalière.
Emmanuelle Quémard

