Vous avez pris vos nouvelles fonctions le 1er octobre. Votre parcours témoigne qu’entre la fonction publique d’Etat, la Territoriale et le privé, les enjambements peuvent être bénéfiques…
C’est même un projet de vie professionnelle pour moi. J’ai adoré être, juste avant Régions de France, directeur de la délégation Hauts-de-France Pas de Calais du CNFPT. Je me suis énormément investi en tant que prof d’université en économie. Je ne garde que de bons souvenirs de mon passage en Région Paca ou à la mairie de Montpellier. Le confort eut été pour moi de rester prof mais j’ai décidé d’entrer dans la Territoriale parce que j’étais convaincu qu’il s’agissait de la bonne échelle pour agir concrètement. Et je ne le regrette pas…
Ce discours est rarement tenu par les hauts fonctionnaires de l’Etat…
C’est non seulement dommage au regard de l’évidente augmentation du niveau de qualification des fonctionnaires territoriaux mais ça l’est également du fait qu’aucune collectivité ne doit prendre le dessus sur une autre. Lors du dernier congrès de Régions de France, l’ADF (Départements) et l’AMF (communes) ont laissé avec Régions de France l’appel de Marseille pour réclamer une meilleure prise en considération de ces trois échelons, qui fonctionnent harmonieusement sur les territoires où l’Etat leur fait confiance. Il faut retrouver ces valeurs inhérentes au mouvement émancipateur de la décentralisation voulue par Gaston Defferre.
Quelles étaient ces valeurs de la décentralisation ?
Gaston Defferre a envisagé la décentralisation pour des rapports équilibrés entre les territoires et l’administration centrale. Chaque collectivité doit trouver son autonomie, c’est le sens de la décentralisation et le seul moyen de la faire vivre. Il existe une contradiction entre le discours de campagne d’Emmanuel Macron, désireux de faire confiance aux collectivités, de leur laisser la main sur certains dossiers, et cette gestion très verticalisée de l’Etat, le retrait de la compétence apprentissage aux Régions sans la moindre concertation en est l’illustration.
L’exemple de la Conférence des Territoires en est un autre, avec un Etat qui arrive en tribune avec des projets déjà ficelés. Mais je ne désespère pas. Je pense qu’il est toujours possible de renouer les fils du dialogue car l’Etat sait au fond de lui-même que la décentralisation, c’est la modernité démocratique. Regardez le rôle que jouent, et vont de plus en plus jouer, les collectivités dans la transition écologique… C’est une évidence qui mérite pourtant d’être rabâchée : le terrain est le point d’ancrage des réalités que vivent nos concitoyens…
Stéphane Menu
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Le conseil de l’interviewé « J’aime la mobilité, entre fonctions publiques, entre privé et public. J’ai été auprès de l’agence d’architecture de Jean Nouvel, par exemple. Sortir des sentiers battus est un enrichissement permanent ». |

