Sans que cela n’ait rien pour la réconforter, rappelons que Claudine n’est pas seule à perdre ainsi haleine… Avec un taux d’absentéisme de 10 % et des accidents du travail deux fois supérieurs à ceux rencontrée dans le BTP*, les établissements d’accueil des personnes âgées dépendantes font partie de ces secteurs jamais aussi bien dits en tension que quand leurs agents craquent.
Certes, pénurie de personnels et intensification des exigences font du quotidien un sprint permanent qui laisse forcément suffoquant. Quand les services sont en peine de bras, ceux qui les rendent se retrouvent forcément en peine d’air. Mais à coups de vision de plus en plus gestionnaire, on a surtout fini par brouiller celle, lumineuse, des métiers de soins, les raisons mêmes – intrinsèques – de cet engagement formidable qui les portent. Et, tandis que l’asphyxie des moyens étouffe à petit feu l’aspiration de chacun, on laisse tout bonnement ainsi le sens expirer sous la cadence.
Or, faut-il le redire : à ce triste jeu, les plus vulnérables sont les plus impliqués dans l’exercice de leur métier, devenus incapables de reconnaître ce qu’ils sont dans ce qu’ils font. Mais, après tout, il est vrai que ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier…
Laurence Denès
* Selon la mission d’enquête parlementaire flash menée sur le manque d’effectifs dans les EHPAD
